La République est faite pour rassembler, pas pour diviser

Ce mercredi soir, à Paris, se tient un grand raout « pour la République » et « contre l’islamisme » avec tout ce que la classe médiatique et politique comprend d’islamophobes et d’antirépublicains.
Une vingtaine de personnalités proposent de se réunir à Paris, ce mercredi, sur un thème unique : « Pour la République… La France contre l’islamisme ». Parmi eux, quatre ministres et anciens ministres : Bruno Retailleau, Manuel Valls, Noëlle Lenoir et Jean-Michel Blanquer. De la droite, du centre et de la gauche – ou réputée telle… avec le soutien actif de la galaxie du milliardaire Stérin et d’une part de la fachosphère.
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L’opération fait de la lutte contre l’islamisme le cœur du combat républicain et présente Bruno Retailleau comme son chef de file par excellence, le seul à pouvoir rivaliser avec l’extrême droite sur son propre terrain. Les autres sont des supplétifs ou des idiots utiles, au mieux voués à tempérer l’ardeur du patron de l’intérieur, en fait chargés de lui donner l’onction républicaine et laïque d’un centre plus ou moins teinté de gauche ou de droite.
Samedi dernier, la gauche défilait à la fois contre le racisme et contre l’extrême droite. Mercredi, le conglomérat « anti-islamiste » stigmatise un racisme unique et ne dit rien de l’extrême droite. Et pour cause : le cri de « l’islamisme, voilà l’ennemi ! » est désormais la passerelle entre l’extrême droite, la droite, le centre et une partie de la gauche.
La peur de l’autre, l’obsession du « grand remplacement » et l’angoisse « de ne plus être chez soi » se fondent dans la désignation du bouc émissaire idéal qui, juif hier, est aujourd’hui celui qui puise sa foi dans le livre sacré de l’islam.
Intrinsèque à l’esprit républicain, la laïcité n’est pas antireligieuse dans son essence : elle sépare la religion et l’État, pour éviter qu’un des deux ne domine l’autre. À la limite, des républicains authentiques peuvent dire leur inquiétude à l’égard des fanatismes religieux ou des tentations théocratiques. Mais ils ne devraient surtout pas nourrir la suspicion sur une religion particulière.
Il est vrai que nous nous sommes habitués depuis 1992 à l’idée selon laquelle le « choc des civilisations » met désormais face à face un Occident en déclin démographique et un islam expansif démographiquement et doctrinalement. La peur de l’autre, l’obsession du « grand remplacement » et l’angoisse « de ne plus être chez soi » se fondent dans la désignation du bouc émissaire idéal qui, juif hier, est aujourd’hui celui qui puise sa foi dans le livre sacré de l’islam.
Mais à ce jeu-là, on ne rassemble pas la France : on la divise. Certains laissent entendre que le carburant de l’antisémitisme se trouve dans la politique génocidaire menée par l’État hébreu en Palestine. D’autres expliquent que le fanatisme meurtrier d’une frange du monde musulman est la cause de l’islamophobie. Or l’antisémitisme et l’islamophobie se nourrissent de leurs propres fantasmes et les prétextes pour les nourrir ne sont ni des causes ni des excuses. Refuser l’islamophobie n’est pas approuver l’islamisme ; condamner l’antisémitisme n’est pas cautionner un sionisme d’extermination tel que le pratique un Netanyahou. Mais survaloriser un racisme, c’est relativiser la nocivité de tous les autres et la responsabilité des idées et les forces qui s’en repaissent.
À jouer l’un contre l’autre, on laisse la main à l’extrême droite. Elle a pris quelques décennies d’avance et peut englober toutes les haines dans les vieilles idéologies de stigmatisation de la race. Elle peut surtout rattacher le tout à un projet global de repli nationaliste et de rejet de l’autre.
« La haine des Juifs vient essentiellement du monde arabo-musulman », a osé dire le ministre Manuel Valls. Comme tous les racismes, l’islamophobie est une abomination. On la combat : comme tous les autres.
Selon Roger Martelli il faut désapprouver l’islamisme tout en s’interdisant de le combattre. incohérent. C’est l’islamisme qui est le danger, qui ronge la cohésion nationale et sape les bases de la démocratie et de l’Etat de droit. A dessein. Il ne faut pas se tromper d’ennemi.
Des exemples concrets de comment l’islamisme menace la France ? Puis, s’il vous plait, des exemples concrets de ce qui est fait actuellement (ou proposé de faire) pour lutter contre ?
Puisqu’il s’agit de défendre la République, le premier souci est qu’elle reste ce qu’elle est et ne devienne pas une république avec un adjectif, quel qu’il soit. Ici, il s’agit d’empêcher par des mesures légales, qu’un jour notre pays soit une république islamique. C’est salutaire, à moins d’estimer que ce serait une bonne chose.
L’islamisme est une réalité en tant que comportement collectif. Il suffit d’avoir des yeux pour le voir. Je vous invite à vous reporter à cette réalité.
Un exemple des problèmes que cela pose : les interdits alimentaires en milieu scolaire. Doit-on adapter les menus aux enfants qui refusent certains aliments au motif que leur religion leur interdit d’en consommer ? Si oui, on introduit le fait religieux dans l’organisation scolaire. Est-ce conforme à la laïcité ? Si non, on exclut une partie des enfants scolarisés d’un service que l’école doit proposer à tous. Est-ce équitable ? On le voit le problème est insoluble. Déjà les enfants, spontanément, dans les cantines scolaires, se répartissent entre tables où l’on mange de tout et tables où certains aliments sont proscrits.
Article premier de la constitution : « La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. » On enlève les adjectifs ?
» À la limite, des républicains authentiques peuvent dire leur inquiétude à l’égard des fanatismes religieux ou des tentations théocratiques. »
Fanatisme religieux et tentation théocratique me paraissent des versions du fascisme. Je n’ai pas de limite contre et ce n’est pas de l’inquiétude que je ressens mais un rejet. La laïcité est aussi un combat rationaliste, qui, pour autant ne doit pas tomber dans la stigmatisation des religions. La laïcité c’est aussi comprendre le fait religieux. Le rationalisme ne s’interdit aucun domaine ! Le rassemblement de Paris n’est pas un rassemblement « laïc », c’est un rassemblement nationaliste.