La gauche unie, la droite éparpillée, le RN contrarié

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La gauche n’aura pas à se déchirer sur le vote de la loi d’abrogation de la réforme des retraites proposée par le Rassemblement national dans le cadre de sa niche, discutée ce jeudi.

Après que le texte a été détricoté en commission des affaires sociales par le Nouveau Front populaire, notamment en mettant l’accent sur les recettes afférentes, c’est la présidente de l’Assemblée Yaël Braun-Pivet qui lui a mis le coup de grâce en convoquant l’article 40 pour refuser au groupe de Marine Le Pen qu’il remette les dispositions supprimées en commission pour le débat dans l’hémicycle. On n’assistera donc pas au vote en ordre dispersé des insoumis, des verts et du Parti communiste (le Parti socialiste avait pris la décision de ne pas le voter) qui tergiversaient dur en interne quant à leur position sur le texte : voter ou ne pas voter une proposition de loi du RN, telle était la question.


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Là où la gauche n’a pas eu à montrer sa division, le « socle commun » risque quant à lui de se déliter une nouvelle fois sur deux autres propositions de la niche RN : un texte pour rétablir les peines-planchers et un autre pour tenter d’accélérer l’expulsion des étrangers délinquants. Le premier est une mouture à peine revisitée d’une mesure de Nicolas Sarkozy – qui a déjà fait la preuve de son inutilité, plusieurs études mettant en avant son « faible effet dissuasif ». La deuxième affiche une volonté de fermeté mais qui butte toujours sur la volonté des pays d’origine à octroyer des laisser-passer consulaires aux personnes expulsables. Si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a affirmé sur Public Sénat ce matin que la position de l’exécutif était un rejet des deux textes, il est fort à parier que certains LR, voire quelques macronistes, le voteront. En matière de cohésion de la coalition au pouvoir, une fois encore, on repassera.

Pour autant, le RN continue de se positionner en faiseur de rois : pas revenchard, le parti a d’ores et déjà annoncé ne pas s’interdire de voter la proposition de loi d’abrogation de la réforme des retraites version NFP qui sera discutée dans la niche LFI le 28 novembre prochain. Parallèlement, l’extrême droite démontre aussi la perméabilité des droites sur les sujets dits régaliens comme l’immigration ou la justice. Mais rendons à César ce qui appartient à César : c’est la gauche qui tire son épingle du jeu dans la séquence budgétaire du moment à l’Assemblée nationale car ce sont ses amendements que l’on discute le plus, ce sont ses directions qui sont votées, c’est elle qui trouve des majorités, notamment en s’appuyant sur le MoDem, LIOT et même parfois quelques macronistes, c’est elle aussi qui fait montre de la plus forte opposition sur les mesures les plus antisociales portées par le gouvernement comme la hausse du ticket modérateur, l’attaque en règle contre les fonctionnaires sur leur soi-disant absentéisme ou le manque d’ambition écologique. 

Point par point, la gauche bataille bien. Reste à savoir si le projet porté – mais surtout si le projet compris par les Français qui sous-tend ces combats – peut être aussi le plus désirable. Souvent dernièrement, si la gauche lutte vaillamment, elle finit par se faire damer le pion au niveau institutionnel (hier l’adoption de la réforme des retraites malgré la mobilisation populaire, demain l’adoption d’un budget de droite via 49.3 malgré l’énergie déployée par les députés NFP) et l’extrême droite d’en retirer, hélas, trois fois hélas, les bénéfices. On ne le redira jamais assez : ce qui se passe au Palais Bourbon est crucial mais ne peut constituer l’alpha et l’oméga de ce que la gauche a à proposer aux Français.

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