Gaza : l’insoutenable « en même temps » de la France

gaza en même temps

Comment peut-on prétendre souhaiter la création d’un État palestinien tout en soutenant un gouvernement qui met tout en oeuvre pour rayer de la carte les territoires palestiniens ?

Avec Stéphane Séjourné au ministère des Affaires étrangères, on est loin de la hauteur de vue de Dominique de Villepin en 2003, lorsque la France disait non à la guerre en Irak, mais avouez que pour un macroniste, le minimum syndical est assuré. Le problème avec eux, c’est que dès que l’on gratte un peu la peinture, on se rend compte du vide abyssal qui règne dans leurs esprits, mais aussi du double-jeu mortifère auquel ils se prêtent.

Il y a comme quelque chose de pourri sur la scène internationale, notamment du côté du monde occidental. Le 26 janvier dernier, saisie par l’Afrique du Sud, la Cour internationale de justice – la plus haute instance judiciaire de l’ONU – a ordonné à Israël de « prévenir et punir » l’incitation au génocide. Une décision qui a provoqué un tollé à Tel Aviv et une réaction internationale qui ressemble fortement à des représailles : les grandes puissances occidentales, notamment les États-Unis, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, le Canada, le Japon ou encore l’Australie annoncent qu’elles ne financeront plus l’agence onusienne d’aide humanitaire aux réfugiés palestiniens (l’UNRWA) – une agence créée en 1949 et qu’Israël cherche à décrédibiliser depuis. Autant dire que sans ces pays, l’UNRWA disparaîtra.

Pourquoi donc l’Occident lâche-t-il l’UNRWA soudainement ? Parce qu’une dizaine des 13 000 employés de l’agence sont suspectés de complicité avec le Hamas et son attaque terroriste du 7 octobre.

Et la France ?

Cette voix si discordante dans le concert des nations n’est plus qu’une chèvre qui bêle dans le sens du vent. La France semble fière d’avoir déployé son « navire-hôpital » pendant deux mois au large de Gaza et ainsi soigné 120 personnes. Une goutte d’amertume dans un océan de larmes. Rappelons que depuis le 7 octobre, plus de 10 000 enfants ont été tués par Israël à Gaza. Par contre, pas question de mettre un terme à l’envoi d’armes à destination d’Israël. Avouez que pour un des premiers trafiquants d’armes au monde, ça serait un comble. Et qu’importe si ces armes finissent, selon le New York Times, bien souvent dans les mains du Hamas.

Quant à l’UNRWA, se félicitant qu’« au vu de la situation humanitaire catastrophique à Gaza, la France a fait le choix d’accroître considérablement son soutien humanitaire aux populations civiles de Gaza », la diplomatie française annonce qu’elle « n’a pas prévu de nouveau versement à l’UNRWA au premier trimestre 2024 et décidera le moment venu de la conduite à tenir en lien avec les Nations unies et les principaux donateurs. » L’art de ne parler pour ne rien dire. Mais les faits sont têtus.

Car pendant que l’Occident lâche son financement d’aide humanitaire – aide qu’Israël refuse de voir arriver jusqu’aux Palestiniens –, les Gazaouis meurent, sous les bombes, de faim, de soif, de maladie, et, s’ils survivent, sont contraints à l’exil. À l’heure où l’Onu craint un génocide, les principales puissances poussent un peu plus les Palestiniens au bord du précipice.

En Israël, c’est la fête pour la reconquête de Gaza

Finalement, il n’y a que le pouvoir israélien qui regarde et dit la vérité en face : Gaza est et sera à Israël. Il suffit de les écouter. Quand bien même Benyamin Netanyahu joue la petite musique du « droit à se défendre », de la « destruction du Hamas » et de la libération des otages, le reste de son gouvernement et de sa majorité est clair : tout ceci, ce ne sont que des étapes – pas nécessairement obligatoires à en croire les protestations des familles des otages –, vers la réinstallation de colons à Gaza.

Écoutez le président israélien Isaac Herzog dire que « c’est une nation entière qui est responsable [du 7 octobre]. Cette rhétorique selon laquelle les civils n’étaient pas conscients, pas impliqués, n’est absolument pas vraie. Ils auraient pu se soulever, ils auraient pu se battre contre ce régime diabolique [du Hamas] ». Écoutez le ministre de la Défense Yoav Gallant assurer que « nous allons tout éliminer et ils le regretteront ». Voyez ce week-end, il y avait même une conférence pour l’annexion de Gaza et la réinstallation des colonies juives, conférence à laquelle ont assisté 12 ministres et 15 élus de la coalition Netanyahu. Ils ont dit ce qu’ils disent depuis toujours : il n’y aura pas deux États, il n’y aura pas de Palestiniens, Israël vaincra. Et ils ont dansé. Et ils ont fait la fête.

Benyamin Netanyahou, lui, n’en finit plus d’ouvrir des boîtes de Pandore. Sa lutte pour le pouvoir lui a fait commettre toutes les fautes imaginables : corruption, politiques liberticides, pacte avec l’extrême droite, favorisation du Hamas, etc. L’œuvre de Benyamin Netanyahou aura été celle de la guerre, avec le 7 octobre en apogée. Aujourd’hui plus impopulaire que jamais et à la merci de la justice, le Premier ministre s’enferme dans sa fuite en avant. « Au lieu de renforcer le statut d’Israël au sein de la communauté internationale, comme il l’avait promis dans son premier livre, Une place parmi les nations, Netanyahu l’a élevé au statut d’État criminel et meurtrier », écrivait Aluf Benn, rédacteur en chef d’Haaretz, ce 28 janvier.

Mais rassurez-vous, des mots de Stéphane Séjourné, « il faudra un État pour les Palestiniens. Pas une occupation sans fin. » Le jour où il n’y aura plus de Palestiniens à Gaza, que dira alors l’Occident pour ne pas respecter ses propres chartes internationales ?

7 commentaires

  1. lasbleiz le 29 janvier 2024 à 17:37

    Merci. Je trouvais Regards à la peine sur Gaza et était déçu. au moins là,vous dîtes clairement ce qu’il faut dire.

  2. HLB le 30 janvier 2024 à 11:41

    Séjourné et toute sa clique Renaissance/LR sont pour « la création d’un état palestinien », tout en soutenant l’extermination en cours, contre le peuple palestinien !
    Peut-être ces grands humanistes font ils allusion à un état composé uniquement d’un immense cimetière? ça rappelle les grandes envolées des colons européens, à propos des Indiens d’Amérique du nord, qu’ils massacraient: « y’a pas de meilleur Indien qu’un Indien mort  »
    ça doit être le nouveau credo de la Macronie, à propos de la situation là-bas. Ben oui, on ne va quand même pas se fâcher avec Israël/USA, incarnations de la Démocratie. Si, si, on nous le serine en boucle, et ceux qui ne sont pas d’accord sont des antisémites….

    • Talou le 2 février 2024 à 21:08

      merci!

  3. Talou le 2 février 2024 à 21:12

    ce gvmt est à vomir; bientôt 30000 morts …et quand bien même il n’y en aurait « que » mille!
    tuer les jeunes, les civils, les femmes et les enfants, qu’est ce que c’est si ce n’est un génocide?
    Comme écrit plus haut: « La décision de la France est une immense honte et une complicité tacite de la stratégie israélienne a Gaza. »

  4. Cyrano 78 le 5 février 2024 à 16:16

    Le génocide palestinien n’existe PAS !!!
    La preuve
    https://sos-racisme.org/

    SOS Racisme n’est pas au courant que Netanyahou et son gouvernement RACISTE font un génocide !!!
    SOS Racisme « l’antiracisme  » des Tartuffe et des soutiens du génocide !!
    La gauche doit dénoncer ces hypocrites !!!

  5. Lilith le 11 février 2024 à 20:10

    Bien des commentaires sont assez surprenants. Beaucoup d’idéologie et très peu de faits.
    1. une attaque terroriste sans précédents tuant en quelques heures 1’200 personnes pour la plupart civiles, soldats pour la plupart non combattants ou simples policiers. Massacre ignoble: égorgement, viols, décapitations. 250 otages à rajouter à ce tableau de chasse. Si l’on inclut le nombre de morts des assaillants le bilan est supérieur à Pearl Harbor. On connait la suite, la guerre devient mondiale.
    2. ce massacre fait suite à des bombardements de populations civiles depuis la prise du pouvoir du Hamas à Gaza, soit 2006.
    3. Quand on parle d’une guerre, dans la mesure du possible, il faudrait trouver des éléments de comparaison. Plus près de nous, ce qui resemble le plus, la bataille de Mossoul. 2’000’000 d’habitants et selon les chiffres publiés par l’Irak, 40’000 morts. Il y avait 3’000 terroristes de l’EI et la guerre a duré 10 mois.
    4. Selon le Hamas (chiffres invérifiables, qui comprend le faux bombardement de l’hôpital Ahli Arab) 28’000 morts dont, selon l’armée israélienne > 12’000 terroristes, soit env 40%. Quelle guerre urbaine confirme un tel résultat, mais cela montre indiscutablement que l’armée israélienne a pris des mesures exceptionnelles.
    Bien sûr que je n’évoque pas la guerre de Tchétchénie avec un rapport morts militaires/civile est de l’ordre de 4% ni bien-sûr de la Syrie avec ses 500’000 morts. Pourtant aucune manifestation en occident pour dénoncer de vrais massacres. Cherchez l’erreur.

Laissez un commentaire