7 thèses sur la présidentielle de 2027

2027

Marine Le Pen Présidente ? La Macronie et la gauche éclatées ? Faire mieux… sans Mélenchon ? Mais alors, avec quelle gauche ? Tant de questions et déjà quelques réponses, en attendant la prochaine présidentielle.

L’élection présidentielle de 2027 se déroulera dans trois ans et demi. Normalement, c’est loin encore et pourtant l’impression qu’elle a déjà commencé repose sur des éléments solides. À l’ère de la tripartition du champ politique, la succession d’un Président arrivé au terme de ses deux mandats et la victoire possible de l’extrême droite feront de cette future échéance une élection à nulle autre pareille.

Si bien des éléments restent encore confus à cette étape, quelques constats fort et leurs conséquences politiques peuvent permettre de tracer une forme de feuille de route pour les mois et les années à venir.

Thèse n°1 : Marine présidente ?

Marine Le Pen est assurée d’être présente au second tour de l’élection présidentielle de 2027, ses chances de l’emporter au second tour sont réelles.

Le second quinquennat d’Emmanuel Macron, mort-né dès les législatives de juin 2022, et l’incapacité à obtenir une majorité parlementaire apparaît vide de sens. Dans ces conditions, la candidate du Rassemblement national devrait selon toutes les probabilités arriver en tête lors de cette échéance.

Thèse n°2 : quel adversaire pour Le Pen ?

Les conséquences de ce qui précède entraînent un changement de paradigme politique. En 2022, l’enjeu était de savoir qui de Jean-Luc Mélenchon ou de Marine Le Pen affronterait le Président sortant au second tour. En 2027, la question sera qui de la gauche ou du bloc central affrontera la candidate du RN.

Tous les verrous qui rendaient extrêmement difficiles une victoire électorale de l’extrême droite ont peu ou prou disparus. Au sein de l’Union européenne, pendant longtemps, les gouvernements dirigés par l’extrême droite (Pologne, Hongrie), ou avec participation gouvernementale comme en Lettonie, étaient cantonnés à d’anciens pays du bloc soviétique. En 2022, la victoire de Giorgia Meloni en Italie – pays fondateur de l’Europe –, sans compter la situation en Finlande et la Suède après les élections de 2023, modifient la donne.

En France même, l’émergence de Reconquête ne s’est pas faite au détriment du Rassemblement national mais apparaît comme un élément de décomposition/radicalisation de LR. Par ses outrances, Éric Zemmour a recentré Marine Le Pen tout en lui offrant un réservoir de voix pour le second tour.

Enfin, avec une certaine habileté, la direction du RN (bien aidé par le macronisme) a su desserrer l’étau de la diabolisation. Le RN est devenu un parti qui veut et peut gagner l’échéance majeure de la politique française.

Le débat de premier tour posera donc d’emblée la question de qui est le mieux à même d’empêcher une victoire de l’extrême-droite.

Thèse n°3 : quid du barrage ?

Renaissance a déjà entériné ce qui précède, le fondement rationnel à la politique de décrédibilisation systématique, souvent grossière, parfois hystérique des partis de gauche repose sur ce constat : il faudra être devant la gauche pour se qualifier au second tour.

La nouveauté, c’est que se qualifier pour le second tour face à l’extrême droite ne suffit plus à être élu. Le report des voix de gauche sur un candidat de droite modérée, indispensable pour l’emporter, n’est aujourd’hui en rien assuré. 

Deux éléments peuvent même être inquiétant pour le pôle central. 

  • Le premier, c’est qu’il a lui-même dynamité ce qui restait du « front républicain » lors des élections législatives de juin 2022. Alors même qu’il l’avait exigé à son profit lors du second tour de l’élection présidentielle en mai 2022, il a sciemment refusé d’y appeler six semaines plus tard par peur d’une victoire électorale de la Nupes. Gageons que ces faits ne seront pas totalement oubliés lors de la prochaine échéance majeure.
  • Plus inquiétant encore sera l’exaspération du monde du travail après 10 ans de gouvernement Macron. Déjà en 2022, les 25/60 ans, c’est-à-dire le cœur du salariat, avait majoritairement voté Marine Le Pen au second tour de la présidentielle. La réforme des retraites intervenue en 2023 n’a pu que fragiliser un peu plus l’assise du bloc central parmi les salariés. Reste l’inconnue de ce que sera la conjoncture économique dans l’année qui précédera l’élection de 2027, mais tous les journaux économiques indiquent une inversion de la courbe du chômage dans les semestres à venir invalidant la perspective du « plein emploi » promise par le gouvernement.

Thèse n°4 : faire mieux sans Mélenchon

Jean-Luc Mélenchon ne peut pas être élu président de la République. Il n’y a aucun doute que face à la candidate du RN, le triple candidat serait lourdement défait. Il a, depuis 2022, patiemment, construit sa propre détestation. Ce qui était un plafond de verre à briser est devenu un plafond en béton sur lequel il se fracasserait si jamais il se présentait à nouveau.

Bien sûr, il n’est pas l’unique responsable de cette situation. Pour reprendre une phrase de Stathis Kouvelakis : « Tout est fait pour délégitimer La France insoumise et l’amalgamer, avec tout le reste, dans la figure de l’ennemi intérieur » par le pouvoir en place et son armada d’éditorialistes en tout genre. Mais face au piège tendu par le pouvoir, Jean-Luc Mélenchon a-t-il chercher à déjouer le piège tendu ou au contraire a-t-il sauté dedans à pieds joints et même avec délectation ? La réponse est hélas connue.

Pire, depuis l’élection de 2022, Jean-Luc Mélenchon a bien souvent alimenté lui-même la chaudière à diabolisation. Du tweet initial désastreux et complotiste lors de l’affaire Quatennens, en passant par la gestion pas très VIème République des désaccords internes, le cours gauchiste et substitutiste pendant la réforme des retraites se fâchant à peu près avec toutes les organisations syndicales, et dernier avatar en date (pas pressé d’attendre le prochain), la calamiteuse position initiale sur le 7 octobre qui a rendu inaudible tout le reste.

Sans doute la direction de LFI s’imagine-t-elle reproduire le schéma de 2017 et 2022 : sur la base d’une certaine radicalité politique du pays, de son appareil militant et de ses succès passés, s’assurer d’être en tête à gauche, puis par effet vote utile, laminer tout le monde. Les deux dernières présidentielles ont montré l’efficience de ce déroulé et, à vrai dire, il fallait sacrément être attaché au PS, au PCF ou à EELV ou particulièrement hostile à Mélenchon pour ne pas voter pour lui.

Mais par sous-estimation du danger de l’extrême droite et prisonnière du schéma populiste dont il est douteux qu’il soit applicable hors de l’Amérique latine, LFI commet une lourde erreur – et c’est exactement l’inverse qui se produira en 2027. Assuré d’être battu par Marine Le Pen, le vote utile jouera cette fois-ci contre Jean-Luc Mélenchon. Hormis un noyau LFI acquis quoiqu’il arrive, personne à gauche ne voudra propulser au second tour un candidat qui assurerait une large victoire de Marine Le Pen. On peut même parier que l’électorat des « quartiers », que La France Insoumise pense très largement acquis à sa cause, serait le premier à faire défection. Par-dessus tout, cet électorat sait qu’il a plus qu’un autre à perdre à une victoire de l’extrême droite.

Une quatrième candidature Mélenchon serait un appel à voter Édouard Philippe.

Thèse n°5 : pression unitaire de part et d’autre

La tripartition installée depuis 2022 ordonnera le champ politique en 2027 et poussera à l’unité de chacun des deux pôles qui ne sont pas assurés de figurer au deuxième tour de l’élection présidentielle.

C’est vrai de la Macronie qui n’aura pas les moyens de tester deux candidatures différentes au premier tour. Reste à définir pour elle un mécanisme pour sélectionner cette candidature unique, ce ne sera pas simple. Il n’est pas sûr que la psychologie singulière du Président sera un atout pour y parvenir. Les grandes manœuvres devraient commencer à l’issue des élections européennes même s’il est possible que candidature s’impose par K.O. sondagier.

Pour la gauche, déjà absente du second tour en 2017 et en 2022, un troisième échec consécutif serait lourd de conséquences. La pression va donc aller croissante sur ceux qui pensent qu’ils peuvent s’affranchir de toute discussion unitaire, en particulier sur la partie de la LFI qui n’envisage qu’une candidature Mélenchon, et sur le PCF qui pense renaître avec Roussel.

Thèse n°6 : Les Républicains aux oubliettes

La droite parlementaire (on n’ose plus dire républicaine, tant c’est devenu problématique) devrait exploser coincée entre le bloc central et l’extrême-droite. 

Déjà laminée avec la candidature de Valérie Pécresse et ses 4,8%, LR, qui ne situe pas dans la tripartition du champ politique, n’est en réalité nulle part. Programme ultra-libéral en bandoulière d’une part, défense de la Sainte Église catholique apostolique et romaine d’autre part, c’est viser un espace politique et sociologique qui n’existe qu’à l’état de résidu dans la France de 2023.

Hormis les transfuges passés dans le camp de Macron (Le Maire, Darmanin …), la droite classique est maintenant éloignée des postes ministériels depuis la défaite de Sarkozy face à Hollande en 2012. En 2027, cela fera 15 ans, cela n’est jamais arrivé sous la Vème République et peut-être même, jamais arrivé du tout. L’impatience est grande. Au gré des évolutions politiques et des paris individuels de chacun, la logique devrait amener certains à rejoindre le candidat du pôle central, surtout si c’est Édouard Philippe, d’autres iront vers l’extrême droite Zemmour ou Le Pen selon l’importance qu’ils accordent aux « racines chrétiennes ».

Thèse n°7 : quelle gauche pour gagner ?

Une candidature de gauche ne peut fonctionner que si elle est susceptible de l’emporter au second tour, mais elle n’accédera à ce second tour que si elle est capable de mobiliser une fraction significative du salariat. Compte tenu de l’évolution de ce qu’est le travail aujourd’hui, de la mobilisation contre la réforme des retraites au premier semestre 2023, cela suppose d’assumer un certain degré d’affrontement avec ce qu’on pourrait appeler le « système libéral », faute de mieux. Concrètement, cela signifie que son point d’équilibre politique ne peut être que proche des campagnes Mélenchon de 2017 et 2022. Dit autrement, cela rend quasiment impossible un profil politique issu du Parti socialiste ou de Les Écologistes (ex-EELV).

C’est peu de dire que les conditions politiques ne sont pas encore réunies. L’obstacle Mélenchon qu’une arrière-garde conservatrice peut encore appeler de ses vœux, la mégalomanie d’un Roussel, les aspirations au retour de l’hégémonie PS que bien des socialistes gardent au fond du cœur, sont des difficultés qui sont loin d’être surmontées.

Le « peuple » de gauche n’a, au cours de ces vingt dernières années, connu que la traversée du désert et la trahison Hollande, son aspiration à gagner est intacte, son exaspération aussi. L’expérience de la Nupes a montré que la dynamique était attendue, espérée, possible. Tous ceux qui se mettront en travers par calculs politiciens ou gestion boutiquière risquent fort de s’en trouver balayé, mais sans doute faudra-t-il une force bousculante en partie extérieure au champ politique organisé pour y parvenir.

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25 commentaires

  1. Jean pierre Dropsit le 20 novembre 2023 à 17:50

    2027 est encore très loin !
    La gauche doit dépasser le plafond de verre des 30 %à la présidentielle !
    Donc faire recréer l’espoir en luttant avec des propositions alternatives !
    Si je me prête à ce jeu politicien de Mr Trubert ! Force est de constater qu’aujourd’hui une candidature unique de la gauche sans jean-luc mélenchon serait porté par fabien roussel !
    Pourquoi ne pas le dire ?
    Et en tant que communiste je pense que la gauche ne peut pas être majoritaire avec un seul candidat face à le Pen !
    Sans doute l’équation peut sembler compliqué mais pas de raccourci !

  2. Glycère BENOÎT le 20 novembre 2023 à 22:23

    Encore un fois, il n’y a pas de tripartition, mais une quadripartition : extrême-gauche, gauche, droite, extrême-droite. Le RN et Reconquête! sont d’extrême-droite comme LFI et le PCF sont d’extrême-gauche. Les analystes habituels de Regards n’arriveront à rien de tangible s’ils persévèrent à confondre les réalités et les phantasmes. La politique se fait sur des réalités. C’est la première chose qu’il faut y comprendre.

  3. LESAUVAGE le 21 novembre 2023 à 11:49

    Bonjour,
     »La mégalomanie de Roussel  » ?! : peut on m’expliquer ? Merci.

    • Jean pierre Dropsit le 21 novembre 2023 à 17:49

      Sur la mégalomanie de fabien !
      Mr trubert nous a offert son point de vue médical !
      Bref son analyse du début à la fin :c’est du n’importe quoi !

  4. Magnus le 21 novembre 2023 à 22:39

    « Une quatrième candidature Mélenchon serait un appel à voter Édouard Philippe » pour l’électorat des quartiers selon l’auteur de l’article.

    J’ai aussi des doutes concernant une quatrième candidature Mélenchon, après je crois surtout qu’il pourrait y avoir plus d’abstention. Après, suis pas devin, on peut aussi s’imaginer qu’il continue sa progression dans l’élection présidentielle.

    Quelqu’un comme Ruffin, par exemple, ne va guère faire aussi bien que Mélenchon en 2022. Il fait un peu trop MacGyver ou tintin. Peut rappeler Macron comme personne. Une certaine naïveté et une certaine déconnexion de ce que vit un grand nombre de personnes. Mélenchon a ses idées fixes aussi, bien entendu, mais il a néanmoins un appel qui va au-delà de l’appel de quelqu’un comme Ruffin.

    De plus, cette préoccupation présidentielle est néfaste : il faut le changement ici et maintenant. Ça ne viendra jamais d’un sauveur d’en haut, car il n’y aura pas de sauveur (faut apprendre de l’histoire à un moment).

    L’obsession avec ce jeu est malsain, pas de gauche. À un moment on verra bien qui le système permet d’être en position de force « à gauche », si c’est encore Mélenchon ou quelqu’un d’autre. D’ici là il faut agir pour le changement ici et maintenant, la seule chose crédible å faire. C’est un fait il me semble : Regards est plus dans le jeu du système que dans le changement véritable. Qui sait, on a peut-être plus raison d’écouter certains sans-abris que Regards… Difficile de voir la lumière venir du système… Par contre, facile de voir beaucoup de blablabla venir du système. Voilà l’état actuel du monde.

    • JB le 23 novembre 2023 à 06:25

      Il est nul votre article…
      Vous donnez juste un point de vue, comme si vous étiez au bistrot du coin…

      Qui, à gauche, peut aujourd’hui prétendre pouvoir battre le Pen ou un autre candidat de droite au second tour?
      Qui peut prétendre accéder au second tour, à part JLM pour l’instant? Personne
      Votre parti pris anti-JLM est grossier.

      Par ailleurs, le positionnement initial de LFI, sur le conflit en Palestine, était très bon.

      Ruffin est nul en ce moment et je ne vois pas comment il peut faire mieux.

      Il y a du temps d’ici 2027…
      Mais on a compris que vous militerez contre JLM

  5. gb26100 le 24 novembre 2023 à 08:13

    Réflexions intéressantes mais…L’hypothèse d’une alliance RN / LR n’est pas envisagée. Et si l’accord politique se faisait avant les élections ? Pour ma part, je pense qu’il y a mieux à faire que de préparer les futures échéances présidentielles. Le capitalisme avance comme un rouleau compresseur !

  6. Lucien Matron le 24 novembre 2023 à 18:22

    2027 est très loin encore et très proche.
    A ce jour, la seule candidature possible à gauche, pour espérer gagner serait une candidature LFI. Or plusieurs candidatures à gauche, semblent se dessiner. C’est à coup sûr une défaite. Ni les socialistes ( divisés par les courants et micro-partis), ni les écologistes, ni les communistes ne sont en capacité de gagner …La seule issue à gauche est l’union derrière un candidat LFI. Qui ? Personne ne peut le prédire à ce jour. Autrement dit, les partis de gauche et les écologistes ont d’ores et déjà programmé leur propre défaite et joue leur propre partition pour le coup d’après. Ils préfèrent perdre plutôt que de gagner dans une coalition dans laquelle ils seraient minoritaires. C’est triste.

    • gb26100 le 24 novembre 2023 à 19:17

      La gauche plafonne à 30 %. Parler de victoire, ce n’est pas sérieux. Ceux qui ont connu 1981 doivent savoir que le rapport de forces était bien différent. Un candidat issu de LFI ? surtout pas l’épouvantail JL Mélenchon.

  7. Lucien Matron le 25 novembre 2023 à 06:10

    Comme trop souvent, la personnalisation de l’élection est outrancière et caricaturale. Avec la médiatisation audiovisuelle, la prégnance des réseaux sociaux et leur déviance, les contenus et les programmes politiques passent à la trappe. Chacun peut en faire le constat avec les élections de clowns manipulateurs : Berlusconi, Johnson, Trump, Orban, Milei, etc….
    A titre personnel, JLM n’est pas ma tasse de thé, mais si on se donne la peine de lire tous les programmes ( quand ils existent autrement que sur des feuillets A4 recto verso), celui présenté par le candidat de LFI était très largement au-dessus de ses concurrents et pouvait recueillir l’adhésion d’un majorité de gauche.
    La grande question est celle du leadership. Lorsqu’il n’y a pas une volonté implacable de réussir à gauche, l’obsession farouche d’arriver en tête, la victoire n’est pas possible. Au petit jeu du chamboule-tout télévisuel, il est regrettable que dans chaque famille politique, lorsque ce n’est pas leur propre candidat personnel qui arrive en tête, certains placent aussitôt des bâtons dans les roues du tonton ou du cousin….
    Si de 39 à 45, il n’y avait pas eu une unité nationale autour de la France Libre, pour vaincre l’occupation nazie…Je vous laisse imaginer la suite ! Aujourd’hui, nous sommes dans une guerre idéologique, culturelle et médiatique contre tous les fanatismes. Le paysage politique, j’aurai tendance à dire, le spectacle politique est plus dominé par les questions secondaires de décor, de couleur de costumes, de jeux de scène sur les plateaux et devant les caméras que de profondeur, de pertinence et de vision politique. La Star Ac et les Séries , gagnent l’audimat sur la Grande Librairie ! Le réveil sera brutal.

  8. Glycère BENOÎT le 25 novembre 2023 à 09:56

    Le centre est un attracteur mou. Les batailles politiques s’y jouent. Les partis extrémistes, de gauche, LFI et le PCF, de droite, le RN et Reconquête!, vont y chercher les électeurs modérés qui constituent le vivier faiseur de majorités. Les partis déjà en eux-mêmes modérés dès leur origine ont une longueur d’avance qu’il s’agit de leur faire perdre. Qui, de l’extrême-gauche ou de l’extrême-droite, réussira le mieux ses opérations de recentrage ?

    Dans le carré électoral, le centre-gauche macroniste, qui a su s’allier avec un centre droit opportuniste, a de bons appuis. Aboutira-t-on, par floutage de la quadripartition actuelle, à une bipartition à l’américaine ? Le régime présidentiel qui prévaut outre atlantique y poussait. Un grand parti de gauche, les Démocrates, un grand parti de droite, les Républicains et c’est tout. Chez nous c’est un régime parlementaire, avec de surcroît un mode d’élection à deux tours qui favorise la profusion des partis. Nous verrons qui est le plus habile à attirer à soi les modérés.

  9. Lucien Matron le 25 novembre 2023 à 12:24

    Franchement, pour avoir passer un temps aux États Unis, et y avoir beaucoup d’amis, je ne vois pas en quoi le parti Démocrate est un «  grand Parti de gauche ». L’ échelle de valeurs des américains est totalement différente de celles des européens et des français.

    • Jean pierre Dropsit le 25 novembre 2023 à 13:37

      Les programmes ! Sans cooptation populaire ! Ça fait souvent pschitt !
      De plus je me reconnais pas sur lfi qui dit blanc sur le nucléaire et noir après !
      Quelle consultation populaire ?
      Sur une candidature lfi la plus crédible aujourd’hui ! C’est faux ! Sauf si c’est mélenchon aujourd’hui à l’instant T !
      Le dernier sondage met fabien roussel sans mélenchon en tête de la gauche et très loin pour l’instant d’être au 2 ème tour ! Sauf que fabien est cohérent en disant que la gauche est à 30 %actuellement et que la gauche est très souvent arrivée au pouvoir avec une pluralité de candidatures ! Là je te rejoins sur le fait qu’aujourd’hui la priorité n’est pas les pronostics sur 2027 mais bien comment être présent sur le terrain et construire une réelle alternative

    • Glycère BENOÎT le 25 novembre 2023 à 14:31

      Les notions de droite et de gauche ne sont pas définies par des contenus fixes et universels. Au vrai ce ne sont pas les contenus qui les définissent, car ils varient d’un pays à l’autre et d’une époque à l’autre. Ce ne sont que des repères au sein de l’assemblée représentative. Les contenus – idéologies, valeurs, programmes – ne remettent pas en cause les positionnements à gauche ou à droite.

      Le monde anglo-saxon est imperméable au socialisme. C’est ainsi. Pour autant il y existe une droite et une gauche, même si les valeurs de la gauche française, à part la plus modérée, sont assez éloignées de celles du parti Démocrate. Il se situerait ici, pour le dire vite, entre le Modem et LR. Le GOP lui serait un mixte de LR et du RN.

      Il y a d’un pays à l’autre des lignes politiques qui se recoupent, ce qui rend vains les amalgames qu’il est tentant de faire pour accabler l’adversaire. A l’évidence, le coup de Pinochet en 1973, c’est de droite. Cela ne veut pas dire qu’il faille conclure à une aversion générale à droite contre les libertés publiques. Il est non moins évident que le coup de Tiananmen en 1989, c’est de gauche. Là non plus, il ne faut pas en conclure que tous les gens de gauche l’approuvent nécessairement. On observera simplement le fait qu’il n’y a pas en France de parti pinochetiste alors qu’il y a un parti communiste.

      • Bertrand le 25 novembre 2023 à 14:44

        Avec LFI plus de perspectives à gauche

      • Jean pierre Dropsit le 25 novembre 2023 à 18:53

        Et oui en France il y a un parti communiste Français !
        Mon père ancien mineur ! ma mère née en Pologne arrivant en France à 4 ans ont toujours été au pcf !
        Communistes comme moi et fier de l’être

        • Glycère BENOÎT le 25 novembre 2023 à 20:40

          Fier ? Etre communiste est une opinion, ce n’est pas une vertu.

  10. trintignac le 25 novembre 2023 à 16:46

    D’accord avec certains des commentateurs précédents, faute de mieux, Mélenchon peut s’avérer encore incontournable à gauche. Ruffin est de plus en plus décevant, apparaissant de plus en plus lisse en voulant se recentrer, rompre avec le bruit et la fureur, il perd beaucoup de son originalité. Sur la question israélo-palestinienne sa position d’équilibriste marque son désir de se démarquer de Mélenchon et le place hors jeux dans un débat à gauche où une prise de position claire est attendue. Quant à Fabien Roussel, l’idiot utile de la droite, de la macronie et de l’extrême droite, son heure de gloire médiatique va s’éteindre rapidement. Cet homme là n’a aucune envergure politique et fait totalement illusion. C’est un clown tout simplement, utilisé à dessein par le clan au pouvoir pour tuer l’offensive LFI.

  11. Jean pierre Dropsit le 26 novembre 2023 à 09:46

    Effectivement
    C’est pas le mot approprié !
    Je sur réagissais sur le parallèle avec pinochet
    Chez moi la droite appelle à voter communiste et vice versa pour battre le rn
    Au 2 ème tour

    • Glycère BENOÎT le 26 novembre 2023 à 19:39

      Pourquoi-pas ? C’est un choix politique, conséquence d’une position de principe : l’extrême-gauche c’est bien par rapport à l’extrême-droite, qui est un mal absolu. Mieux vaut alors faire élire le seul fréquentable. Cette position peut être questionnée. L’inverse aussi : puisque la gauche n’appelle jamais à voter à droite pour battre le PCF au second tour, il faut appliquer la réciprocité.

      In fine c’est le peuple français qui apportera la réponse à cette question. Il ne va pas sous-réagir.

    • HLB le 28 novembre 2023 à 17:10

      Pitié, ne remuez pas le couteau dans la plaie, à propos de ce front « républicain » lamentable (les guillemets s’imposent !). ça nous a ramené Macron 1, puis Macron 2, le masochisme n’ayant pas de limite !
      Et en 2027, quoi ? La gauche hors FI appellera à voter Edouard Philippe, l’éborgneur de Gilets jaunes ? Ou Wauquier, pas encore officiellement déclaré, mais déjà dans les scandales ? Ou Zemmour, « pour faire barrage à MLP » ? Pendant combien de temps encore, cette gauche là, adoratrice de la 5ème République, continuera t’elle à se vautrer, pour garder sa (petite) place dans l’arc républicain, autoproclamé par la Macronie ?

  12. Cyrano 78 le 26 novembre 2023 à 18:20

    8 thèse

    L’extrême-droite a gagné en Hollande !! Encore une fois….
    Maintenant il existe une goche Nalleau qui assume de préférer le Pen à Mélenchon.
    En cas de deuxième tour Mélenchon-le Pen on aura de drôles de surprises
    Depuis 10 ans Regards tire à boulets rouges sur LFI en répètant en boucle :
    « LFI c’est foutue  »
    Roussel reste un ectoplasme à 2,7 %, Macron n’a pas le droit de présenter une 3 fois ; il ne reste plus que le Pen !!!

    • Jean pierre Dropsit le 28 novembre 2023 à 00:10

      Un peu de temps à perdre ce soir !
      J’ai relevé les dires contre fabien roussel !
      Mégalomanie ! Idiot utile ! Clown !
      Ectoplasme ! Etc !
      Bref aucun débat contradictoire si ce n’est essayer de démolir l’adversaire !
      Quant à moi j’espère ne pas tomber dans ces travers ridicules !

  13. Amongré le 27 novembre 2023 à 18:28

    Jean-François Trubert, vous n’évoquez pas l’éventualité, la possibilité souhaitable (selon moi) d’une primaire à gauche qui est pourtant la seule à pouvoir déjouer le nœud gordien…
    Hors d’une primaire, à laquelle ne serait pas forcément candidat Mélenchon, parce que cela ouvre la voie à d’autres, même venant de LFI (Ruffin, mais aussi, et plutôt, pour moi, Clémentine Autain – ”la plus intelligente d’entre nous” (et je ne dis pas cela parce qu’on est sur le site de Regards… mais parce que beaucoup de femmes, et pas que, y sont très sensibles – surtout pour affronter Marine LP), une primaire, disais-je, à laquelle pourront s’aligner (aux différents sens du terme) les Roussel, Faure et Jadot (dans l’ordre de leur insuffisance – quand ce n’est pas suffisance éhontée, pour le premier surtout). Primaire, donc, seule à même de remettre en route une dynamique aujourd’hui quasiment en déroute… Au titre au moins d’une hypothèse qu’on ne doit pas ignorer dans un tel article… Ou si, pourquoi ?
    Merci quand même pour l’effort d’anticipation, qui s’impose malgré toutes les incertitudes du monde !

  14. Amongré le 27 novembre 2023 à 18:43

    Pardon pour les fautes d’un commentaire parti un peu vite…
    Dénouer, bien sûr, pour déjouer.
    Hors d’une primaire […], peu de perspectives rassurantes à gauche.
    Ajout : l’hypothèse d’une telle primaire est certainement ténue. Mais si Mélenchon (dont on peut douter qu’il veuille à tout prix être candidat, une quatrième fois… le bonhomme est quand plus intelligent que ça – c’est peut-être pour ça qu’il “cultive sa détestation”, comme vous le dites un peu trop durement… en disant d’ailleurs presque aussitôt qu’il n’a pas été le premier à se lancer dans cette culture) –, si JLM s’y opposait très fermement en 2022, ce ne serait sans doute pas le cas de Ruffin et d’autres aujourd’hui, et donc si plusieurs “figures” se déclarent (comme Taubira, etc., en 2022), ça peut lancer des positionnements plus convaincants (au moins relativement). Non ?

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