Macron 2027 : une idée qui ne sort pas de nulle part

CC Sébastien Bergerat

Peut-on réellement tomber des nues en découvrant Richard Ferrand, ce dimanche, émettre l’hypothèse d’un troisième mandat d’Emmanuel Macron ? Non. Faut-il s’inquiéter ? Toujours.

L’article 6 de la Constitution française est limpide : « Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs. » Et il ne vous aura pas échappé qu’Emmanuel Macron a été élu en 2017 et 2022, rendant donc inconstitutionnelle toute candidature en 2027.

Et voilà que ce dimanche 18 juin, l’ancien président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand s’épanche dans les colonnes du Figaro, regrettant « tout ce qui bride la libre expression de la souveraineté populaire », tel que « la limitation du mandat présidentiel dans le temps, le non-cumul des mandats, etc… »

C’est le premier point ici qui nous intéresse – bien que cette remise en question du non-cumul des mandats demeure tout aussi inquiétante.

Richard Ferrand est toujours présenté comme « un proche du Président ». Après sa défaite aux élections législatives de 2022, celui-ci a été recasé au parti Renaissance en tant que président du bureau exécutif – sans parler de ses affaires judiciaires qui doivent lui occuper l’esprit. Et il lorgne désormais sur Matignon. Une donnée à garder à l’esprit au moment de décortiquer cette sortie médiatique…

Il n’aura pas fallu 24 heures à Richard Ferrand pour s’auto-commenter, via Twitter, assurant qu’il ne fait pas la « proposition stupide » de « modifier la constitution pour la présidentielle de 2027 », ajoutant ce commentaire à bon entendeur : « Panurgisme imbécile ».

De toute façon, le bougre n’est pas un précurseur en la matière. En novembre 2022, le chef du service politique de France Culture, Stéphane Robert, dévoilait déjà un « scénario qu’on peut aujourd’hui envisager et qui permettrait [à Emmanuel Macron], peut-être, de rester à l’Élysée au-delà de 2027 ». Un scénario qui émanerait de l’ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas. En décembre dernier, c’est l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin qui appelait à « permettre au président de la République d’assurer plus de deux mandats consécutifs ». Des perches lancées à l’aveugle dans le débat public. Ne sait-on jamais.

Reste que pour faire cela, il faut modifier la Constitution. Une pratique assez courante en France, mais qui nécessite l’approbation soit par référendum soit par le Congrès à la majorité des 3/5. Et cette histoire est loin d’être une promenade de santé.

Tout est dans le « consécutif »

Une autre hypothèse est évoquée dans la sphère politique : celle d’une « alternance » en 2027 avant un retour d’Emmanuel Macron en 2032 – ce qui n’est pas sans alimenter les parallèles avec Vladimir Poutine et Dmitri Medvedev. François Bayrou, sans surprise, s’est déjà porté candidat pour le rôle.

Et si l’actuel Président ne parvenait pas à faire gagner un des siens en 2027 face à Marine Le Pen, il pourrait revenir en grâce cinq ans plus tard, usant de l’argument implacable qui veut que seul Emmanuel Macron est en mesure de battre l’extrême droite, preuve en est ses deux victoires face à elle en 2017 et 2022. Un député de La France insoumise nous assurait il y a peu avoir eu cette intuition.

Mais tout ceci n’est que pure fiction. Pour l’instant.

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