TRIBUNE. Contre l’Union européenne capitaliste et austéritaire, rassembler la gauche de combat !
En préparation des élections européennes de 2024, le NPA s’adresse aux autres partis de gauche pour tabler sur un programme « contre l’Europe libérale et antidémocratique ».
Les crises sociales, écologiques, démocratiques se conjuguent et se renforcent, causant toujours plus de précarité et de désespoir. Partout en Europe, nous sommes des millions à nous soulever contre des politiques autoritaires, violentes et injustes. Mais sans perspectives collectives et émancipatrices, c’est l’extrême droite, de plus en plus menaçante, qui marque des points. Nous n’avons plus le temps d’attendre ! Celles et ceux qui luttent et résistent, doivent regrouper leurs forces, leurs énergies et construire ensemble une proposition politique unitaire à la hauteur des urgences.
En France, les élections européennes sont le prochain rendez-vous électoral. Tout porte à croire que la Nupes partira en ordre dispersé. C’est logique tant les projets de ses différentes composantes sont divergents. D’un côté, le PS ou EELV ont participé depuis des décennies à construire une Union européenne au service des capitalistes. De l’autre, des courants antilibéraux ou anticapitalistes sont prêts à désobéir aux traités de l’Union pour mettre en place des politiques de rupture avec la gestion capitaliste de la société. Nous nous adressons à ces derniers pour une campagne commune au printemps prochain, et notamment à La France insoumise, si nous arrivons à réunir les conditions programmatiques et sans nier les désaccords stratégiques entre nos organisations.
Car avant le casting, le programme est déterminant. Un programme pour en finir avec les politiques européennes qui détruisent les services publics, organisent le dumping social, saccagent l’environnement et font la guerre aux migrantEs.
Contre l’Europe libérale et antidémocratique, défendre les solidarités
Après le Brexit, le Covid et sous la pression de la guerre en Europe de l’Est, l’Union européenne vit une crise historique, économique, sociale et politique. La fin de l’inflation, comme l’espoir d’une reprise de la croissance, ne sont que des fables répétées par des gouvernements qui refusent de s’attaquer aux profits des grandes entreprises. En réalité, pour eux, l’heure est à nouveau à la cure d’austérité européenne : retour du pacte de stabilité, relèvements des taux des banques centrales, ajustements structurels et pression par le chômage.
Face à cela, nous mettons en débat quelques mesures d’urgence. Il faut annuler la dette, réquisitionner les banques. Nous portons les revendications d’un SMIC européen indexé sur les prix, d’une hausse coordonnée des salaires pour bloquer la concurrence entre les travailleurEs dans l’Union européenne. Nous voulons une Europe ouverte qui accueille dignement les réfugiéEs, plutôt que de les condamner à la mort dans la Méditerranée ou le désert Saharien, une Europe qui garantisse les droits des femmes et des LGBTQI.
L’Union européenne porte une forte responsabilité dans l’accélération de la crise écologique. Elle promeut une agriculture industrielle destructrice et s’accroche aux énergies fossiles et au nucléaire. La planification écologique à l’échelle européenne est vitale pour affronter la crise climatique, tout en protégeant les conditions de vie des populations. Nous défendons un service public européen des transports et de l’énergie qui portera l’extension de la gratuité pour les populations, associé à un plan de sortie des énergies fossiles et nucléaire. Nous voulons une agriculture paysanne, biologique qui nourrisse sainement, rémunère correctement les paysanNEs et maintienne nos campagnes vivantes.
Cela impose une rupture avec l’Europe libérale et antidémocratique, pour une Europe de la solidarité, des peuples, basée sur les choix démocratiques de ces derniers.
L’Europe doit soutenir le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, et celles et ceux qui luttent contre les occupations coloniales (Palestine, Ukraine…). Elle doit s’engager dans la refonte drastique des relations économiques, financières et militaires organisées aux profits des grandes puissances et qui continuent d’écraser les pays du Sud et leurs populations.
Porter les combats écosocialistes au parlement européen
Face aux crises, c’est l’extrême droite qui progresse chaque jour un peu plus. Elle a déjà gagné des positions qui étaient inimaginables jusque-là. Elle dirige ou participe aux gouvernements de plusieurs pays (Italie, Danemark, Hongrie…). En France, la politique actuelle menée par Macron, Darmanin et Cie lui ouvre la voie.
Ce n’est pas une fatalité ! En regroupant toutes celles et tous ceux qui se battent au quotidien, nous pouvons rendre crédible une alternative écosocialiste, en France et dans le reste de l’Europe. Les forces sociales concernées, nous les connaissons. Nous nous sommes retrouvéEs côte à côte dans les mobilisations de ces dernières années : contre les réformes des retraites, dans le mouvement des Gilets jaunes, dans les mobilisations féministes, environnementales ou contre le racisme et les violences policières.
Révolutionnaires, nous nous réjouissons de ces mobilisations et de celles à venir. Nous pensons que l’auto-organisation et le rapport de force dans la rue restent l’essentiel pour rompre avec le système capitaliste. Mais ces luttes et ces combats doivent aussi entrer massivement au parlement européen. C’est pourquoi nous proposons à toutes les forces politiques qui s’opposent aux ravages de l’Europe capitaliste et qui se situent sur le terrain de l’émancipation de nous rencontrer pour discuter les contours d’une campagne commune aux élections européennes de 2024.
Christine Poupin et Pauline Salingue, porte-paroles du NPA
Roseline Vachetta, ancienne députée européenne
Philippe Poutou et Olivier Besancenot, anciens candidats à l’élection présidentielle