LA LETTRE DU 27 MARS
Attal : « Regardez, là-bas, un chômeur ! »
Dès ce soir, Gabriel Attal va annoncer une nouvelle réforme de l’indemnisation chômage. La troisième depuis l’élection de Macron en 2017. Comme pour la réforme des retraites, le gouvernement fait varier ses arguments avec le même objectif : réduire les dépenses sociales ; mettre à bas le régime paritaire.
Au journal de TF1, alors même que les discussions entre syndicats et patronat se poursuivent, le Premier ministre devrait annoncer une nouvelle réduction des droits des chômeurs : réduction du montant, réduction de la durée d’indemnisation, augmentation des durées de cotisation pour acquérir des droits, suppression de l’ASE pour les seniors en fin de droit avant la retraite, etc. Tout pourrait y passer. Le gouvernement vertical d’Emmanuel Macron ne cesse d’enjamber les syndicats. Il veut que les dépenses sociales dépendent du budget, donc de l’État, et non des cotisations – et donc de la négociation1.
Coté arguments, il y a la reprise des idées qui traînent à l’extrême droite : trop à ceux qui ne se lèvent pas de leur canapé. On rappelle qu’aujourd’hui, seuls 36% des chômeurs inscrits à France Travail touchent des indemnités pour lesquelles ils ont cotisés. Parmi les indemnisés, la moitié travaille tous les mois. Pendant ce temps, le RN, toujours à l’affût, se fait désormais le défenseur des chômeurs.
Le gouvernement s’enferre dans ses convictions surannées : pour faire face à la dette, il faut prendre dans le budget des dépenses sociales (retraites, santé, chômage, famille). Le gouvernement le faisait déjà ; il l’assume torse bombé désormais. Enfin, il renie ses propres arguments : la dernière réforme des allocations chômage devait être « contra-cyclique » : baisser les protections quand l’emploi repart ; les augmenter quand le chômage repart. Rien de cela aujourd’hui. Le chômage repart à la hausse.
Ce mercredi matin, l’éditorialiste politique de France Inter, Yaël Goosz, rappelait un proverbe des Shadoks : « Pour faire le moins de mécontent possible, il faut taper toujours sur les mêmes ». Les chômeurs en font partie.
Catherine Tricot
INDISCRET DU JOUR
Autain pense 2027
L’info sera restée confidentielle un mois durant. Fin février, Clémentine Autain a rassemblé ses partisans avec la présidentielle de 2027 en tête, révèle Politico. La députée « a expliqué pourquoi elle avait pris sa décision et pourquoi elle pensait être une solution pour rassembler la gauche », indique un des participants, parmi lesquels toute la frange insoumise déçue de la Mélenchonie. Une information qui risque de faire jaser, d’autant qu’elle sort quelques heures après que Christiane Taubira ait fait savoir sa préférence pour l’élue de Seine-Saint-Denis, confer Libération.
CECI EST UN HOMMAGE
Claude Alphandéry, la der
Résistant, figure majeure de l’économie solidaire, Claude Alphandéry est mort ce mardi à l’âge de 101 ans. Sur son lit d’hôpital, il livrait, début mars, cette tribune au Nouvel Obs. Extraits :
« C’est l’ancien résistant que je suis qui vous parle. Que ce soit en Ukraine en Palestine et en Israël aujourd’hui, que ce soit demain lors des élections américaines et européennes, et après-demain lors des élections françaises, partout, l’arrivée au pouvoir de régimes autoritaires et populistes est une menace vitale pour l’Etat de droit, pour les libertés publiques, pour la paix, et nous entraîne vers une nouvelle nuit tragique contre laquelle j’ai tant lutté.
Mon tout dernier appel, avec les forces qui me restent, c’est de vous inciter à tout mettre en œuvre pour que ce qui a motivé ma vie, le combat contre le fascisme, contre la barbarie et pour les droits humains, soit à nouveau mobilisé dans une grande alliance humaniste des forces de vie.
Agissez comme si vous ne pouviez pas échouer. »
ON VOUS RECOMMANDE
- Le documentaire « La France de l’entre-deux-guerres » sur France 5
- Toujours sur France 5, il ne reste plus que deux jours pour voir le film « Indigènes » !
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- Voir aussi la tribune des cinq principaux responsables syndicaux : « Il faut cesser la stigmatisation populiste des chômeurs », Le Monde, 18 mars 2024. ↩︎