À gauche aussi… halte au feu !
Un fossé désastreux se creuse au sein de la gauche. Les anciens alliés au sein de la Nupes lâchent sans retenue leurs coups les uns contre les autres.
Ce week-end, l’offensive iranienne sur Israël a été l’occasion de violentes attaques et insultes réciproques, et sans rationalité, sur les réseaux sociaux. Parce que la campagne des européennes est lancée et qu’elle préfigure la présidentielle, on excite les oppositions, on s’invective entre militants de gauche et on se traite de fasciste d’un genre ou d’un autre…
Alors qu’au fond, tout le monde sait bien que plusieurs forces guerrières menacent au Proche et Moyen-Orient. Personne à gauche ne soutient les Ayatollahs ni le gouvernement israélien d’extrême droite. L’Iran cherche à conserver son influence dans la région et auprès de populations qui, par ailleurs, souffrent de ce régime. Le pouvoir à Tel Aviv croit que la guerre et la soumission des Palestiniens est une solution. Le Hamas, nourri au désespoir et à la haine, a agi contre les lois humaines et isolé les Palestiniens. Ces constats sont largement communs. Des analyses plus précises justifient des différences de vue. Mais elles ne valent pas de s’insulter publiquement.
Parce que sinon, que penser ? Cet accord de la Nupes qui devait permettre à la gauche de gouverner ensemble, ce n’était que feintes et simagrées ? Cet accord répondait à une aspiration profonde des gens de gauche. Mais ce ne pouvait être qu’un point de départ pour surmonter les profondes divergences du passé. Il fallait travailler à reconstruire ce qui s’est gravement divisé depuis 40 ans. La réconciliation ne peut être le fait d’un accord entre chefs de partis, en quelques jours.
Comment surmonter les terribles factures qui se sont égrenées depuis 1983 et le « tournant de la rigueur », les privatisations de Jospin, le oui des uns, le non des autres au Traité européen, la déchéance de nationalité et la politique de Hollande et Valls ? Ces différences ont un sens. Elles peuvent en partie se surmonter, parfois se circonscrire, s’accepter dans une relation de conflit dynamique. Or, le hashtag #PlusJamaisPS a ressurgi sur X (ex-Twitter).
Les élections européennes s’annoncent comme un règlement de compte à grande échelle entre le peuple et le Président. Il pourrait subir une défaite cuisante. Problème : c’est l’extrême droite qui capitalise sur cette colère. Pour aborder 2027, il restera quelques mois pour trouver une base d’accord pour éviter une catastrophe. Ni le contournement des débats, ni la loi du plus fort et celle du fait accompli n’amèneront de solutions.