LA LETTRE DU 15 AVRIL

arie

À gauche aussi… halte au feu !

Un fossé désastreux se creuse au sein de la gauche. Les anciens alliés au sein de la Nupes lâchent sans retenue leurs coups les uns contre les autres.

Ce week-end, l’offensive iranienne sur Israël a été l’occasion de violentes attaques et insultes réciproques, et sans rationalité, sur les réseaux sociaux. Parce que la campagne des européennes est lancée et qu’elle préfigure la présidentielle, on excite les oppositions, on s’invective entre militants de gauche et on se traite de fasciste d’un genre ou d’un autre…

Alors qu’au fond, tout le monde sait bien que plusieurs forces guerrières menacent au Proche et Moyen-Orient. Personne à gauche ne soutient les Ayatollahs ni le gouvernement israélien d’extrême droite. L’Iran cherche à conserver son influence dans la région et auprès de populations qui, par ailleurs, souffrent de ce régime. Le pouvoir à Tel Aviv croit que la guerre et la soumission des Palestiniens est une solution. Le Hamas, nourri au désespoir et à la haine, a agi contre les lois humaines et isolé les Palestiniens. Ces constats sont largement communs. Des analyses plus précises justifient des différences de vue. Mais elles ne valent pas de s’insulter publiquement. 

Parce que sinon, que penser ? Cet accord de la Nupes qui devait permettre à la gauche de gouverner ensemble, ce n’était que feintes et simagrées ? Cet accord répondait à une aspiration profonde des gens de gauche. Mais ce ne pouvait être qu’un point de départ pour surmonter les profondes divergences du passé. Il fallait travailler à reconstruire ce qui s’est gravement divisé depuis 40 ans. La réconciliation ne peut être le fait d’un accord entre chefs de partis, en quelques jours. 

Comment surmonter les terribles factures qui se sont égrenées depuis 1983 et le « tournant de la rigueur », les privatisations de Jospin, le oui des uns, le non des autres au Traité européen, la déchéance de nationalité et la politique de Hollande et Valls ? Ces différences ont un sens. Elles peuvent en partie se surmonter, parfois se circonscrire, s’accepter dans une relation de conflit dynamique. Or, le hashtag #PlusJamaisPS a ressurgi sur X (ex-Twitter).

Les élections européennes s’annoncent comme un règlement de compte à grande échelle entre le peuple et le Président. Il pourrait subir une défaite cuisante. Problème : c’est l’extrême droite qui capitalise sur cette colère. Pour aborder 2027, il restera quelques mois pour trouver une base d’accord pour éviter une catastrophe. Ni le contournement des débats, ni la loi du plus fort et celle du fait accompli n’amèneront de solutions.

Catherine Tricot

EGO DU JOUR

Les rois de la com’ frappent encore

La Macronie ne vit que des apparences. Gabriel Attal, depuis qu’il est à Matignon, a mis en place des questions au gouvernement où il est le seul interlocuteur des parlementaires. Le ministre de tout (et donc de rien). À l’Élysée, lors des conférences de presse en sortie de conseil des ministres, on ne filme plus les journalistes. Plus de questions, plus de problèmes ? Des « libertés » au sommet de l’État qui donnent des ailes. C’est à celui qui dira la plus grosse connerie pour passer à la télé. Au point que, « après une série de couacs, Attal resserre le contrôle sur la communication des ministres ».

L.L.C.

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3 commentaires

  1. Magnus le 15 avril 2024 à 15:44

    « Ces différences ont un sens. Elles peuvent en partie se surmonter, parfois se circonscrire, s’accepter dans une relation de conflit dynamique. Or, le hashtag #PlusJamaisPS a ressurgi sur X (ex-Twitter). »

    Encore un article de regards qui se fait l’avocat d’un retour du PS au pouvoir. Seul hic : le PS est déjà au pouvoir. Macron est dans la continuation. Glucksman est un Macron bis.

    Je ne serais pas étonné si on est arrivé au point où les gens ne vont plus se faire avoir par le PS et le jeu déconnecté des appareils.

    Je comprends aussi qu’il y a des gens qui veulent toujours se faire avoir et trouve un espoir dans un score à deux chiffres de glucksmann.

    Mais la gauche n’arrive au pouvoir qu’en mobilisant la jeunesse. Et ce n’est pas le ps ou gluxksman -macron bis – qui vont faire sortir la jeunesse en masse en 2027.

  2. Jean pierre Dropsit le 15 avril 2024 à 21:37

    Ça va être compliqué !
    Le plus jamais du ps vient souvent d’anciens membres du ps !
    Jean Luc Melenchon après avoir été à l’oci a été dans le staff dirigeant du ps !
    A lfi ! Beaucoup rêvent de l’après Jean Luc Melenchon en donnant des gages de bonne foi en votant Manon aubry !
    Le pcf pour ma part a une position plus équilibrée mais voter communiste ça fait ringard pour certains !
    La gauche est plurielle et c’est pas en effaçant les identités qu’elle se rassemblera !

    • Magnus le 16 avril 2024 à 12:46

      « La gauche est plurielle et c’est pas en effaçant les identités qu’elle se rassemblera ! »

      En même temps veut-on revenir à la « gauche » où des racistes, homophobes, sexistes etc. votaient pour « la gauche » ? Il faut le dire : dans la « gauche » de Mitterrand il y avait pas mal de personnes qui votaient pour une politique qu’ils pensaient profiter à eux, tout en étant pour une forme de suprématie blanche, la continuation de l’exploitation de l’Afrique « pour le bien de la France », etc.
      Je ne dis pas qu’il faut une intransigeance à la Robespierre ou Mao, MAIS à force de mettre trop de l’eau dans le vin on finit par renforcer ce qu’on prétend combattre.

      Il faut voir un peu comment l’extrême droite monte en force…

      La politique de « gauche » à l’ancienne est désormais révolue. Il faut ouvrir les yeux à notre époque contemporaine. Pour moi les livres « radical » et « pollution » de connan m’ont aidé avec ça.

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