LA LETTRE DU 16 AVRIL

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Européennes : bilan d’étape

Que nous disent les sondages des élections européennes du mois de juin ? Roger Martelli analyse cet amas de données pour vous.

À moins de deux mois du scrutin européen, la participation s’annonce faible, une fois de plus. À ce jour, moins de 45% des interrogés disent qu’ils iront voter, les écarts les plus importants séparant les classes d’âge – pour Ipsos par exemple, la participation irait d’un quart pour les plus jeunes à 70% pour les plus âgés.

La participation varie sensiblement selon les électorats. Les moins enclins à se déplacer en juin seraient les proches de LFI, des Verts et des Républicains ; les plus mobilisés seraient, selon l’Ifop, les proches du RN, de la majorité présidentielle et du PS.

La gauche semblerait être à un niveau légèrement inférieur à celui de 2019, à gauche de l’effondrement annoncé du vote écologiste. À ce jour, c’est la liste de Raphaël Glucksmann qui pourrait en bénéficier plus ou moins nettement. Si l’on en croit les sondages actuels, Manon Aubry ne recueillerait qu’un tiers des électeurs JLM de 2022 et n’attirerait qu’une part modeste des autres électorats. Si elle bénéficie d’un attrait non négligeable du côté des plus jeunes (mais ils sont moins nombreux et moins enclins à voter), le dynamisme militant des insoumis ne semble guère mordre au-delà des déjà convaincus.

Glucksmann attire une part non négligeable de l’électorat Mélenchon de 2022 et mord sur les électeurs de Jadot et de Macron. Il est pour l’instant porté par la dynamique de « vote utile » à gauche, qui a fait la bonne fortune de Mélenchon en 2017 et 2022. Il n’en reste pas moins que, à ce jour, la proportion des votes dits « définitifs » est plus forte du côté de la majorité et du RN que de celui de la gauche.

La faible participation potentielle rend certes aléatoire le jeu classique de la prévision et relativise la sûreté des mouvements enregistrés par les sondages. Mais si l’on s’en tient au moment immédiat, il semble avéré que l’alliance du PS et de Place publique a bénéficié davantage du net recul écologiste que La France insoumise. Quant au RN et aux tenants de la majorité présidentielle, ils peuvent lorgner sur le pactole des 60% d’électeurs LR qui affirment pouvoir changer de choix.

Il n’en reste pas moins, malheureusement, que la dynamique la plus forte reste du côté de l’extrême droite et du RN en particulier. Ce qui frappe n’est pas seulement le niveau suggéré par les sondages : il se trouve aussi dans l’équilibre de ses zones d’influence. Le RN est certes sur-représenté dans les catégories populaires, dans les revenus et les formations modestes et les zones extra-métropolitaines, mais il n’est pas laminé dans les autres catégories.

Il n’y a aucune raison de baisser les bras. La gauche reste dans ses basses eaux, mais n’a pas accentué son décrochage enregistré ces derniers scrutins. Son équilibre interne n’est pas celui des présidentielles précédentes, mais il reste proche de celui déjà enregistré en 2019 (voir tableau ci-dessous). Elle a peu de chance, en l’état, de passer devant l’extrême droite. Mais, si elle parvient à valoriser sa diversité sans creuser inutilement ses clivages, elle peut s’en sortir honorablement et envisager avec plus de confiance les mois et les années redoutables qui vont suivre.

Sondages – semaine du 8 au 12 avril
InstitutPCFLFIPSEELVENSLRRNEXT GAU+PC+LFIPS-EELV-PRGGAUCHEDROITEEXT DROITE
Ifop (moyenne rolling)2,97,812618,48,231,611,918,830,628,439,1
Ipsos37137166,53211,52132,524,540,5
YouGov2512619729919282740
Harris Interactive39126177301318,531,52637
Ifop37,5116,5197,5321218,430,428,339,5
Moyenne hebdomadaire2,87,312,06,317,97,230,911,519,130,626,839,2
Résultats 20192,56,36,213,522,48,523,39,619,732,535,228,7
Différence0,31,05,8-7,2-4,5-1,27,61,9-0,5-1,9-8,410,5
Le tableau récapitule les sondages de la semaine. Pour l’IFOP, c’est la moyenne des cinq sondages quotidiens qui est proposée.
Les totalisations concernent la gauche dans son ensemble (extrême gauche comprise), le total des macronistes et de la droite classique et l’ensemble obtenu par les listes d’extrême droite. Pour la gauche, on distingue l’ensemble constitué par l’extrême gauche, le PCF et LFI d’un côté, le total des autres formations de gauche de l’autre côté.
Les données sont comparées aux résultats des européennes de 2019.

Roger Martelli

PORC DU JOUR

#MeTooHopital

Après le cinéma, c’est à l’hôpital que les langues se délient et qu’il faut que les oreilles se tendent. Tout est parti de l’infectiologue Karine Lacombe qui accuse l’urgentiste Patrick Pelloux de harcèlement moral et sexuel. Et cela s’est transformé en un dévoilement de l’enfer de l’hôpital où le sexisme le plus inadmissible semble faire partie d’une culture immuable. « Grivoiseries », selon ses thuriféraires. Dans ce monde à la hiérarchie stricte où la maladie et la mort hantent les couloirs, il est grand temps de réfléchir aux voies et moyens pour amorcer une transformation émancipatrice de l’hôpital.

P.P.V

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1 commentaire

  1. Magnus le 16 avril 2024 à 12:55

    Franchement, martelli aurait simplement pu republier un de ces anciens articles… « Il faut faire comme à l’ancienne », « il faut diluer le vin avec de l’eau », « vive le retour de la gauche plurielle ». On connaît la chanson…

    Sur les jeunes : « ils ne votent pas, c’est de la peine perdue ».

    Mais oui tout était mieux avant… Juste : comment se fait-il alors que cela a donné la montée de l’extrême-droite ? Peut-être que trop d’eau dans le vin finit par décrédibiliser complètement ?

    On sait bien que les élections européennes ne comptent pas pour grand chose, voir c’est le cas plus que jamais.

    « Regards » c’est en pluriel – alors que la rédaction de Regards a un message très singulier.

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