Trump élu : le danger des conclusions hâtives
La victoire du milliardaire américain ne serait que la défaite des Démocrates, trop mous, trop modérés. D’aucuns affirment qu’avec une gauche « radicale », le résultat aurait été différent. Facile et confortable pensée.
Donald Trump l’a emporté sur Kamala Harris. Sa victoire n’atterre pas que les démocrates américains. On sait en effet qu’il n’est qu’une pièce d’un vaste mouvement planétaire qui, fasciste, quasi-fasciste ou fascistoïde, entend tourner définitivement la page d’une histoire démocratique qu’avaient inaugurée le siècle des Lumières et l’ère des révolutions.
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Comment arrêter la machine infernale ? À gauche, deux pistes antagoniques nous sont proposées : atténuer la charge subversive de l’égalité pour gagner les indécis ou, au contraire, affirmer la nécessité de ruptures radicales pour répondre au ressentiment des laissés-pour-compte de nos sociétés. La première réponse est à repousser : dès l’instant où des logiques dominantes d’exploitation, de domination et d’aliénation sont à la racine de nos maux, rien n’est plus réaliste que de les dépasser radicalement. Le problème est que l’invocation de la radicalité ne suffit pas. Au fond, si les capitulations libérales de la social-démocratie ont nourri les désillusions et les ressentiments populaires, les gauches d’alternative n’ont nulle part fait durablement la démonstration de leur utilité.
Pour éloigner les propensions destructrices, il n’y a certes pas d’autre solution que d’adosser la colère à une espérance collective qui l’écarte du ressentiment. Dans des sociétés qui semblent aujourd’hui sans passé et sans futur, les combats humanistes ont donc besoin de s’appuyer sur un autre avenir possible, qui donne à la critique salutaire l’horizon d’une proposition globale. Cette proposition peut utilement prendre la force d’un programme. Toutefois, au moment où plus grand monde ne croit aux promesses et aux programmes, le catalogue des propositions ne mobilisera pas sans le souffle d’une vision d’ensemble, d’un grand récit qui redonne du sens là où il n’y en a plus.
Une alternative ne vaut que si elle parvient in fine à s’adosser à une majorité. Une gauche d’alternative et une gauche rassemblée. Tout est dans le « et ».
À quoi bon toutefois un récit si, dans une société disloquée socialement, politiquement et symboliquement, on ne sait pas comment passer d’un puzzle inquiet de différences et d’antagonismes à une société apaisée et rassemblée ? Affirmer de la radicalité est donc nécessaire, pour dire comment s’y prendre pour traiter des maux sociaux à leur racine. Ce n’est socialement utile que si cette radicalité dit en même temps comment on peut faire que l’aspiration à la rupture franche devienne le vecteur de larges majorités.
Des propositions, un projet, une stratégie de long terme… En bref, il faut opposer aux extrêmes droites une gauche bien à gauche et pas une gauche en demi-teintes. Elle ne se constituera pas si n’existe pas en son sein une gauche d’alternative. À condition que celle-ci n’oublie jamais qu’elle n’est pas à elle seule le sel de la terre et qu’une alternative ne vaut que si elle parvient in fine à s’adosser à une majorité. Une gauche d’alternative et une gauche rassemblée. Tout est dans le « et ».
« Une gauche d’alternative et une gauche rassemblée. Tout est dans le « et » ».
Constat facile, M. Martelli. On est bien d’accord que la gauche d’alternative, c’est LFI, même si ça vous écorche la bouche de le reconnaître. Supposons que LFI mette de l’eau dans son vin pour favoriser l’unité (au passage, c’est LFI qui a créé l’unité permettant au parti dit socialiste de se relever à l’Assemblée nationale), êtes-vous convaincu que le parti socialiste, constitué pour la moitié de ses représentants de nostalgiques de la période Hollande, Cazeneuve, Valls, Cambadélis et autres malfaisants qui ont engendré Macron et son monde, sera d’accord pour une rupture avec la logique libérale ?
Je pose la question dans mon précédent commentaire parce que j’ai l’impression que Regards, d’une manière générale, met davantage en cause LFI (parce qu’on parle trop fort dans ce parti ?) que le parti qui a engendré Macron et son monde.
Il n’y a pas de mouvement fasciste, quasi fasciste ou fascistoïde. Cette rhétorique est une facilité, comme de vouloir miser sur extrême-gauche pour combattre l’extrême-droite. Les forces de gauche s’unissent, les forces de droite s’unissent également pour se combattre les unes les autres. Pour autant ce n’est ni la guerre civile ni la fracturation du pays : ces combats sont seulement politiques et ont lieu dans le cadre du régime parlementaire. Aux Etats-Unis, c’est dans le cadre du régime présidentiel. De chaque côté de l’Atlantique, c’est toujours la démocratie. Quel que soit le gagnant de la course à la Maison-Blanche, ce n’est pas le fascisme, même si un homme aussi antipathique que possible est élu.
Il faut se garder des conclusions hâtives, mais il faut réagir sans tarder. En Europe, c »est la guerre, sur le front de l’Est. Les velléités isolationnistes de Trump doivent être prises au sérieux. Il faut dès maintenant envisager d’aider l’Ukraine par nos propres moyens. Des moyens financiers, diplomatiques, politiques et militaires.
De quelle démocratie parlez-vous concernant les États-Unis ? Il n’y a formellement que 2 partis qui peuvent concourir. Qui plus est deux partis qui défendent le système capitaliste. Qu’est-ce qu’un troll de droite comme vous vient défendre ici ?
Il n’y a pas de troll ici. Ni troll de droite ni troll de gauche. La libre expression des opinions est un des fondements de la démocratie. Etes-vous contre ? Dites-le clairement, vous le laissez entendre.
Le capitalisme n’est ni un système ni un régime. Les deux partis américains, le Parti républicain pour la droite et le Parti démocrate pour la gauche défendent tous deux le régime présidentiel et la structure fédérale de leur pays. Les Américains sont chez eux. Ce régime semble leur convenir. Libre à chacun, de l’extérieur, de le juger défavorablement. Pour autant ce régime n’est pas une dictature. Le bipartisme est la conséquence du scrutin uninominal à un tour. Deux partis, qui occupent le pouvoir alternativement pour une durée très limitée, fixée par la constitution, c’est mieux qu’un seul ayant le pouvoir indéfiniment, comme dans la régime socialiste.
C’est la Gauche bien à Gauche qu’il nous faut faire vivre et grandir ….C’est plus que fatiguant de nous voir contrés systématiquement par une soi disante gauche du centre droit qui roule ouvertement pour rejoindre les Macronistes et retrouver son faste d’antan à la sauce Holland.
« La victoire du milliardaire américain ne serait que la défaite des Démocrates, trop mous, trop modérés. D’aucuns affirment qu’avec une gauche « radicale », le résultat aurait été différent. Facile et confortable pensée. » : Mais QUI dit ça ? QUI pense comme ça ? QUI, en dehors des cercles d’initiés qui pensent que le monde tourne autour de leurs minuscules nombrils ?
Je vous renvoie à Julie Roginsky, stratège du parti Démocrate qui, lucide, déclare que son parti se montre depuis trop longtemps incapable de parler aux « gens normaux » (beurk) et qu’il a perdu tout « sens commun » (pouah). Je vous donne un exemple si vous voulez retranscrire ça à la France, pour les gens normaux, le sens commun consiste à considérer Adama Traore pour ce qu’il était : une crapule issu d’une famille de crapule, qui a vécu et a fini comme vivent et finissent les crapules. Si vous pensez que c’est une pauvre victime, bravo, vous avez perdu le sens commun, vous ne pouvez plus vous faire comprendre des gens normaux, et vous garantissez la victoire du futur Trump français. Mais allez-y, continuez à jouer aux c0ns, ce ne sera jamais de votre faute de toutes façons.