Ruffin 2027 : le sondage qui fait le buzz

Le député picard serait le seul candidat de gauche à pouvoir atteindre le second tour et défier Marine Le Pen à l’élection présidentielle.

Cluster 17 vient de publier un sondage présidentiel qui n’est pas passé inaperçu. À la différence des précédents, il évoque l’hypothèse d’un seul candidat Nupes en testant les deux noms de Mélenchon et de Ruffin. Toutes les autres enquêtes suggéraient que la gauche ne passerait pas la barre du premier tour et que seuls Édouard Philippe et Gabriel Attal étaient en mesure de disputer la victoire à Marine Le Pen au second. Celui de Cluster 17 indique que François Ruffin, avec 31%, atteindrait le second tour où il ferait jeu égal avec Marine Le Pen. En revanche, Jean-Luc Mélenchon ferait certes un peu mieux que dans les sondages précédents (18%), mais serait largement distancé (35%) dans l’hypothèse d’un tête-à-tête avec la candidate du RN.

Pas plus que les précédents, le sondage rendu public hier ne peut être tenu pour une prédiction de vote.  Mais la lecture globale des enquêtes dessine quelques lignes de force utiles pour une réflexion prospective à gauche.

1. Ce sondage ne contredit pas l’image d’une gauche politique toujours dans ses basses eaux (moins d’un tiers des suffrages). La politique institutionnelle a été tirée vers la droite – ce qui ne veut pas dire que la société est passée à droite. Face à une droite classique déboussolée et à une dynamique d’extrême droite inquiétante, la gauche peut tirer son épingle du jeu, dès l’instant où elle se rassemble et où elle se retrouve autour d’une candidature propulsive pour le plus grand nombre. Avec sa personnalité et une gauche unie, François Ruffin fait mieux que la gauche éparpillée… ou rassemblée derrière Jean-Luc Mélenchon.

2. Rassemblée, la gauche peut franchir l’obstacle du premier tour. Encore faut-il que la candidature retenue soit la plus attractive à gauche et apparaisse comme la mieux capable d’attirer au-delà dans un second tour. Il ne suffit donc pas qu’une personnalité agrège dans son espace de prédilection ; encore doit-elle être la moins répulsive possible en dehors. On sait depuis longtemps que le handicap de Jean-Luc Mélenchon tient à ce que son dynamisme, son expérience et son talent sont contredits absolument par la répulsivité que suscite son goût du clivage, y compris au sein de la gauche.

3. La gauche politique est à son niveau faible parce que, sur la longue durée, elle a accumulé des échecs historiques, sur sa gauche comme sur sa droite. Elle s’est confortée sur son flan gauche depuis 2012. Mais la dynamique de la période récente s’est trouvée du côté de l’extrême droite plus que de la gauche. Par son ancrage solide dans le socle de ses valeurs émancipatrices, la gauche de gauche a contré les dérives du social-libéralisme. Elle n’a pas pour autant reformulé de façon assez forte le projet qui donne sens et force à ses propositions. C’est à cette tâche qu’elle doit s’atteler, tout en mettant en avant les figures qui incarnent le mieux sa visée.

4. Il ne manque pas potentiellement de femmes et d’hommes capables de porter un tel projet, capables d’attirer sans repousser, capables de valoriser leur ancrage à gauche sans rebuter quiconque ne pense pas exactement comme eux. François Ruffin fait partie de ce vivier. C’est sans nul doute une opportunité, qui devra se partager avec d’autres, sous une forme ou sous une autre, pour faire authentiquement mouvement collectif.

Voilà bien longtemps que la gauche n’avait pas connu de perspective gagnante dans un second tour présidentiel. Elle peut donc mettre fin à la désespérance ! Si et seulement si…