Comment être socialiste et de gauche ?

zd

Les socialistes sont peu audibles et restent contestés à gauche. La phase ultime de leur congrès leur redonnera-t-elle une place ? Pas certain.

Dans moins de trois semaines aura lieu à Nancy le congrès du Parti socialiste. Ce mardi, ses militants ont voté dans les sections en glissant un bulletin dans une urne. Comme il y a trois ans, la motion portée par Olivier Faure et celle avancée par Nicolas Mayer-Rossignol arrivent au coude à coude, autour de 40%. Boris Vallaud ne pourra maintenir sa motion.


TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER

👉 C’EST ICI ET C’EST GRATUIT


Ce premier vote n’a guère fait évènement, bien moins que celui des LR, pourtant devenu un micro parti. Que nous dit ce relatif désintérêt médiatique ? D’abord que la gauche peine à marquer le débat public. Désormais, on n’entend plus que la course aux idées rances. Ensuite que le PS est lui aussi devenu un petit parti. Moins de 30 000 votants. Il est à l’image de la crise générale des partis qui affecte la gauche et la droite. Seuls les mouvements aux contours flous et aux fonctionnements indéterminés restent un peu épargnés par cette crise de l’organisation partisane. Et encore. On s’interroge beaucoup sur l’avenir du macronisme. La vie de LFI n’est pas sans poser questions. 

Les partis sont repliés comme jamais sur la vie de l’Assemblée et tendus vers la seule conquête d’un pouvoir politique qui, chaque jour, semble en peine de comprendre et de peser sur le cours des choses. Pourtant, même de façon désolante, le trumpisme enseigne que la politique peut, même si la seule volonté ne remplace pas la société. Et c’est tant mieux. En dehors de LFI et du RN, qui affirme encore une authentique ambition politique ? Pour ces deux courants, leur force ne tient pas à la quantité de leurs propositions, ni à leur qualité, mais à la cohérence et la force de leur projet. 

On serait en peine de le relever du côté des socialistes. Conscient que « le socialisme est orphelin d’une idée forte », Boris Vallaud propose de « démarchandiser la vie » car, « le tout-marché dissout la société, capte le temps, les liens, l’espace public, les ressources naturelles ». Les deux autres leaders socialistes proposent un processus politique « un laboratoire des territoires » autour des pratiques des élus locaux pour Nicolas Mayer-Rossignol ; « une plateforme commune de la gauche » non mélenchoniste chez Olivier Faure. Il est frappant que les questions de contenus et celle de la dynamique politique soient ainsi dissociés. Tous les courants sont unis pour rompre avec LFI. Qui peut croire que faire reculer le tout-marché ou généraliser les expérimentations locales peut se faire sans les militants engagés dans de multiples combats et qui votent LFI ? La force, voire la crédibilité, d’une proposition tient dans l’articulation du projet traduit dans un programme avec une stratégie politique cohérente. S’il manque un maillon, cela semble creux ou insincère.

Il y a peu, les socialistes étaient rejetés des manifestations. On leur faisait reproche d’avoir lourdement trahi leur promesse et d’avoir engendré le macronisme auquel nombre d’anciens dirigeants et ministres s’étaient ralliés. On soutiendra ici que ce ne fut pas un accident de l’histoire. Faute d’un solide projet alternatif au social-libéralisme inégalitaire et autoritaire, au productivisme destructeur et au passé colonial qui continuent de les hanter (Mitterrand, le dernier empereur, par Pascal Blanchard), les socialistes ne pouvaient que glisser et tomber dans cette impasse. Ils savent qu’ils doivent en sortir. Un projet alternatif reste à élaborer. Il ne pourra faire l’impasse sur les luttes et rapports de force à construire : cela suppose une nouvelle approche de l’engagement et de la mobilisation de la société. Les socialistes n’ont toujours pas fait ce travail.

Il n’y a pas qu’une façon d’être de gauche, surtout en ces temps de nécessaire refondation des projets politiques. Les socialistes n’ont pas reconstruit la leur. 

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

7 commentaires

  1. Berthelot Jacques le 29 mai 2025 à 17:15

    Dans l’état actuel des choses on peut se poser la question : le PS est -il dans la gauche.

    Les faits sont là , le PS en refusant de censurer le gouvernement Bayrou s’est rapproché du centre droit.

    De plus il était bien loin de la gauche en nous faisant avaler la fable du conclave qui allait permettre (grâce à lui ) de revenir sur les 64 ans.

    Tant que le PS ne rompra pas clairement avec le gouvernement , il sera difficile de lui faire confiance et de le considérer de gauche.

    Le fond de commerce du PS c’est de cracher sur LFI , et pendant ce temps là le RN est là épargné, et LR noue des alliances avec reconquète , mais pour le PS ce n’est pas important : le danger majeur c’est LFI , c’est pitoyable.

  2. Lucien Matron le 29 mai 2025 à 18:04

    Comme toutes les autres organisations politiques, le PS est à la peine car ne proposant rien d’autre que le « front républicain » contre le RN. Comme les autres, il est très peu visible dans les conflits sociaux locaux, urbains, environnementaux ou sociétaux. Les relais indispensables dans les organisations syndicales, le monde associatif, éducatif , sportif et culturel ne sont plus assurés entraînant, de ce fait, une distance plus grande par rapport aux préoccupations les plus urgentes de la population. Cette distanciation au réel, ne permet donc pas d’élaborer un projet lisible et crédible. Du coup, tous les partis de gauche essaient de «  sauver les meubles » dans les élections locales qui faisaient leur force il y a encore quelques années. Par ailleurs, la médiatisation , les chaînes d’infos, les réseaux sociaux entraînent une personnalisation à outrance de la vie politique. On parle de Macron, de Faure, de Gluksmann, de Roussel, de Mélenchon, d’Attal, de Ciotti, de Bardella , de Le Pen comme d’un casting de personnalités politiques. Les débats de personnes sont plus mis en avant que les débats d’idées, et ont pour effet une mise en sourdine des organisations et de leur programme quand il existe. Toute la vie politique tourne autour de l’image, de la personnalisation et de la peopolisation des responsables politiques. La planète flambe, les océans sont pollués, les guerres se développent sur tous les continents, et les médias s’enflamment sur la «  gifle » de Brigitte, la casquette de Trump, le pull-over de Zelenski ou les provocations de Dati…Il est temps de se ressaisir.

  3. Mano le 29 mai 2025 à 18:17

     » Comment être socialiste et de gauche ?
    la réponse est facile : d’abord exclure LFI de la gauche, et ensuite l’être en paroles et en promesses , MAIS impossible dans la réalité

  4. Hervé le 31 mai 2025 à 00:51

     » Tournant de la rigueur, TCE, quinquennat Hollande : « La gauche contemporaine a subi ses trois ‘piteuses’  » :
    Par Francis Daspe :  » https://www.marianne.net/agora/tribunes-libres/tournant-de-la-rigueur-tce-quinquennat-hollande-la-gauche-contemporaine-a-subi-ses-trois-piteuses

  5. Hervé le 1 juin 2025 à 03:27
  6. Mackno le 1 juin 2025 à 14:28

    Je partage ce constat d’absence total d’idées au PS.
    Il faudrait qu’ils arrêtent de taper en permanence sur lFI et se concentrent sur le travail de contenu programmatique.
    Une fois ce travail effectué, on verra bien, selon leurs propositions, si ils restent de gauche ou non.
    Personnellement, je n’ai aucun espoir de ce côté là.

  7. carlos_H le 13 juin 2025 à 11:40

    Enfin une question qu’elle est bonne!!! 🙂

Laissez un commentaire