Que cherche Fabien Roussel ?

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Comment recouvrer l’électorat populaire ? Une bonne question qui mérite mieux que des mauvaises réponses.

François Ruffin a redit avec fracas (et pas mal de maladresses) ses désaccords avec La France insoumise. Il force le débat sur ce qui est devenu incontournable : comment la gauche a largement perdu pied dans le monde populaire (certes pas tout le monde populaire) et comment peut-elle y revenir alors que le RN s’y est lové ?


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La question est principalement adressée à LFI et au Parti socialiste. On en connaît les termes. Pour la première, le reproche est d’avoir abandonné les anciens territoires ouvriers et leurs habitants. Pour le PS d’avoir désespéré le monde populaire avec le quinquennat Hollande. Les communistes ne sont pas non plus épargnés par la question existentielle. 

Face à la division politique à gauche et à la fracturation du monde populaire, Fabien Roussel, invité ce lundi de la matinale de France Inter, s’est voulu rassembleur tout en réaffirmant les marqueurs de son parti, le PCF. Pourtant, derrière des mots de conciliation et de respect, il a repris des termes très clivants, y compris au sein de son parti et de son électorat, sur les enjeux cruciaux des revenus et de la sécurité.

Combien de temps faudra-t-il au PCF pour retrouver ce qui historiquement fut son combat : celui de la dignité pour tous ?

La politique est affaire de contenus indissociables des mots et des symboles qui lui donnent corps. Fabien Roussel le sait fort bien. Il entend marquer les esprits et affirmer sa différence. Hier, il avait ciselé ses formules : « Nous sommes le parti du travail […] Nous sommes pour la gauche du travail contre la gauche du RSA ». Le travail et non plus les travailleurs. Le travail opposé aux prestations sociales. Impensable.

Sur les questions de sécurité après avoir affirmé que « ça devrait transcender toutes les forces politiques », il parle avec empathie des élus communistes qui « ont investi dans une police municipale armée, dans la vidéo surveillance ».

Dans le détail, quand on l’écoute bien, le PCF reste en ligne avec les revendications sociales d’augmentation des salaires, de défense des services publics, des valeurs de la République. Mais ce que Roussel envoie comme signal heurte ces idées. Ce discours bloque toute écoute et finalement tout débat.

Il y a 40 ans, le PCF voulait s’opposer à la ségrégation spatiale et au ghetto immigré. Il utilisa un bulldozer pour détruire un lieu qui devait accueillir des immigrés maliens à Vitry. Quelle que soit la pertinence de la question, ce sont ces actes brutaux contre un foyer d’accueil pour migrants qui sont restés. Le PCF a mis plus de trente ans à remonter la pente. Il a fallu l’engagement d’élus communistes comme Jack Ralite et Patrick Braouezec aux côtés des sans-papiers, puis l’engagement de Marie-George Buffet et de Pierre Laurent en faveur des droits humains, pour qu’enfin le PCF sorte du très mauvais pas dans lequel il s’était mis. 

Sur les questions de sécurité, le problème est de même gravité. En 2021, Fabien Roussel a cru devoir participer à une manifestation aux côtés de syndicats de police d’extrême droite, dans une manifestation contre l’Assemblée nationale en présence du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. La présence de la CGT-Police avancée comme paravent n’y change rien. Cette grave faute politique – commise en compagnie d’Olivier Faure et de Yannick Jadot – lui annihile toujours l’écoute de nombreux militants. Combien de temps faudra-t-il au PCF pour revenir sur cette erreur qui l’entache auprès de larges parties de militants et d’habitants qui subissent des policiers fort peu républicains ? Cela constitue encore un préalable pour entendre et discuter le discours du PCF en faveur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, de la police de proximité, de moyens pour la justice. Roussel n’a pas l’air de voir le problème…

Roussel heurte et blesse sur la question « des allocs ». Là encore, combien de temps faudra-t-il au PCF pour retrouver ce qui historiquement fut son combat : celui de la dignité pour tous, c’est-à-dire des droits pour les travailleurs et des protections pour chacun ?

À gauche, LFI en désespère plus d’un.e. Le PCF est loin de leur remonter le moral.

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1 commentaire

  1. HLB le 17 septembre 2024 à 12:26

    « Que cherche Fabien Roussel ? » Pas trop difficile à deviner: à devenir un ministre, secrétaire d’Etat, sous-secrétaire d’Etat, conseiller…. dans un gouvernement de cohabitation, où il serait censé incarner une « sensibilité de gauche », comme les Cazeneuve, Delga.
    Sans doute au nom de la lutte contre le fascisme.
    Il a le temps, maintenant qu’il n’est plus député !
    Ce serait quand même injuste de voir cet homme ne pas être, à un moment, récompensé pour ses bons et loyaux services à la Macronie:
    -grand ami des chasseurs, les chouchous de la Macronie, connus pour leurs « idées » progressistes !
    -plus qu’indulgent avec Edouard Philippe, l’éborgneur de Gilets jaunes. Mais pas avec Ritchie Thibault, Gilet jaune, qui interpellait l’ex-premier ministre, et s’est fait virer par les nervis de Roussel (fête de l’Huma 2022 ou 2023)
    -suiveur comme son ombre du Prince-Président, lors de son passage en Corse, en hommage à Danièle Casanova. On aurait dit De Funès dans « le grand restaurant », avec le ministre français et le chef d’Etat étranger !
    -incapable de mettre un bulletin Mélenchon dans une urne, mais parmi les tout premiers, avec l’état-major LR, pour appeler (sans jamais consulter « la base » !) à voter Macron ou macroniste, au soir de tous les premiers tours.
    -comme ses ami(e)s du PS, opposé au processus de destitution de Macron, enclenché par la FI
    -toujours prompt à dézinguer la FI, mais rarement la Macronie.
    Je pense qu’il est mur pour être « ministrable » !

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