LA LETTRE DU 17 SEPTEMBRE

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Que cherche Fabien Roussel ?

Comment recouvrer l’électorat populaire ? Une bonne question qui mérite mieux que des mauvaises réponses.

François Ruffin a redit avec fracas (et pas mal de maladresses) ses désaccords avec La France insoumise. Il force le débat sur ce qui est devenu incontournable : comment la gauche a largement perdu pied dans le monde populaire (certes pas tout le monde populaire) et comment peut-elle y revenir alors que le RN s’y est lové ?

La question est principalement adressée à LFI et au Parti socialiste. On en connaît les termes. Pour la première, le reproche est d’avoir abandonné les anciens territoires ouvriers et leurs habitants. Pour le PS d’avoir désespéré le monde populaire avec le quinquennat Hollande. Les communistes ne sont pas non plus épargnés par la question existentielle. 

Face à la division politique à gauche et à la fracturation du monde populaire, Fabien Roussel, invité ce lundi de la matinale de France Inter, s’est voulu rassembleur tout en réaffirmant les marqueurs de son parti, le PCF. Pourtant, derrière des mots de conciliation et de respect, il a repris des termes très clivants, y compris au sein de son parti et de son électorat, sur les enjeux cruciaux des revenus et de la sécurité. 

La politique est affaire de contenus indissociables des mots et des symboles qui lui donnent corps. Fabien Roussel le sait fort bien. Il entend marquer les esprits et affirmer sa différence. Hier, il avait ciselé ses formules : « Nous sommes le parti du travail […] Nous sommes pour la gauche du travail contre la gauche du RSA ». Le travail et non plus les travailleurs. Le travail opposé aux prestations sociales. Impensable.

Sur les questions de sécurité après avoir affirmé que « ça devrait transcender toutes les forces politiques », il parle avec empathie des élus communistes qui « ont investi dans une police municipale armée, dans la vidéo surveillance ».

Dans le détail, quand on l’écoute bien, le PCF reste en ligne avec les revendications sociales d’augmentation des salaires, de défense des services publics, des valeurs de la République. Mais ce que Roussel envoie comme signal heurte ces idées. Ce discours bloque toute écoute et finalement tout débat.

Il y a 40 ans, le PCF voulait s’opposer à la ségrégation spatiale et au ghetto immigré. Il utilisa un bulldozer pour détruire un lieu qui devait accueillir des immigrés maliens à Vitry. Quelle que soit la pertinence de la question, ce sont ces actes brutaux contre un foyer d’accueil pour migrants qui sont restés. Le PCF a mis plus de trente ans à remonter la pente. Il a fallu l’engagement d’élus communistes comme Jack Ralite et Patrick Braouezec aux côtés des sans-papiers, puis l’engagement de Marie-George Buffet et de Pierre Laurent en faveur des droits humains, pour qu’enfin le PCF sorte du très mauvais pas dans lequel il s’était mis. 

Sur les questions de sécurité, le problème est de même gravité. En 2021, Fabien Roussel a cru devoir participer à une manifestation aux côtés de syndicats de police d’extrême droite, dans une manifestation contre l’Assemblée nationale en présence du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. La présence de la CGT-Police avancée comme paravent n’y change rien. Cette grave faute politique – commise en compagnie d’Olivier Faure et de Yannick Jadot – lui annihile toujours l’écoute de nombreux militants. Combien de temps faudra-t-il au PCF pour revenir sur cette erreur qui l’entache auprès de larges parties de militants et d’habitants qui subissent des policiers fort peu républicains ? Cela constitue encore un préalable pour entendre et discuter le discours du PCF en faveur de la Protection Judiciaire de la Jeunesse, de la police de proximité, de moyens pour la justice. Roussel n’a pas l’air de voir le problème…

Roussel heurte et blesse sur la question « des allocs ». Là encore, combien de temps faudra-t-il au PCF pour retrouver ce qui historiquement fut son combat : celui de la dignité pour tous, c’est-à-dire des droits pour les travailleurs et des protections pour chacun ?

À gauche, LFI en désespère plus d’un.e. Le PCF est loin de leur remonter le moral.

Catherine Tricot

MODÈLE DU JOUR

La Suède se vide et ils sont contents

Imaginez des élections législatives où la gauche arrive en tête mais où, finalement, plusieurs partis de droite s’unissent et forment un gouvernement grâce à l’aval de l’extrême droite. Vous n’êtes pas en France en 2024 mais en Suède, depuis 2022. Et ce petit monde est content parce que, « pour la première fois en cinquante ans, la Suède enregistre une émigration nette », lit-on dans Libé. Il y a davantage de gens qui quittent le pays qu’ils n’en arrivent. Pour en arriver là, il a fallu aux Suédois une politique bien dure en matière d’immigration et, désormais, ils envisagent carrément de faire un chèque aux étrangers pour partir. Le rêve suédois, c’est donc de payer pour voir le pays vieillir et péricliter. Et c’est l’immigration qui causerait la fin de la civilisation ? Même les gauches européennes se mettent à chanter ce refrain. Mdr.

L.L.C.

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« Peut-on destituer Emmanuel Macron ? » En avril 2023, on publiait cet article sur regards.fr… Et comme aujourd’hui une partie de la gauche fait semblant qu’une procédure telle pourrait aboutir – et qu’il ne faut surtout pas dire le contraire, ok les social-traîtres ? –, on vous le republie ! Spoiler : si vous pensez que Macron peut être destitué, vous allez être déçu.

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1 commentaire

  1. Delage le 17 septembre 2024 à 17:45

    Roussel déconne mais la conclusion de l’article c’est : À gauche, LFI en désespère plus d’un.e. Le PCF est loin de leur remonter le moral.
    Pour moi électrice de gauche c’est vous aussi catherine Tricot qui êtes désespérante.

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