Macron, Darmanin, Schiappa : les imposteurs de la lutte contre le terrorisme

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Mensonges, criminalisation de la gauche (tout en épargnant l’extrême droite) et contre-feux grossiers : une semaine comme une autre en Macronie.

Sommes-nous en guerre et, si oui, qui est l’ennemi de l’intérieur ? Car, à lire les déclarations suivantes, ça y ressemble.

  • « J’ai décidé d’engager la dissolution des Soulèvements de la terre », dixit Gérald Darmanin, le 28 mars dernier (dissolution permise par la loi Séparatisme censée lutter contre le terrorisme). Il envisage désormais de créer une « cellule anti-ZAD » à Beauvau, avec des « juristes spécialisés » – une justice d’exception pour opposants politiques ? Déjà en novembre 2022, le ministre de l’Intérieur évoquait « l’éco-terrorisme » à propos de la situation à Sainte-Soline…

 

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Tentations et impasses de la violence

 

  • Le 29 mars, Marianne et « L’œil du 20h » du JT de France 2 révèlent que Marlène Schiappa, lorsqu’elle était ministre déléguée à la Citoyenneté, a utilisé les 2,5 millions d’euros du Fonds Marianne – qu’elle a créé, suite à l’assassinat de Samuel Paty, pour lutter contre la radicalisation – de façon totalement opaque, sans qu’aucune contrepartie ne soit palpable. Mais ce qui est sûr, c’est que ses copains, comme Mohamed Sifaoui, ont pu en bénéficier allègrement.
  • « Des milliers de gens étaient venus simplement pour faire la guerre », dixit, à propos de Sainte-Soline, Emmanuel Macron le 30 mars.
  • « Il y a une complicité évidente entre des gens qui sont rentrés à l’Assemblée nationale et des mouvements d’extrême gauche qui terrorisent », dixit (ter) le ministre de l’Intérieur le 2 avril au micro d’Europe 1. Notez que Gérald Darmanin ne précise pas comment ces « gens » sont « rentrés » à l’Assemblée. Par effraction ? Par la force des armes ?

Ce vocabulaire martial, cette criminalisation des opposants politiques – des « adversaires » devenus « ennemis » –, posent avant toute chose le problème suivant : les terroristes, en France, on peut les tuer. Le préfet de police de Paris Laurent Nunez peut toujours marteler que « les manifestants ne subissent pas de violences », nous avons toujours, depuis les affrontements de Sainte-Soline il y a dix jours, une personne dans le coma avec pronostic vital engagé.

Car de tout cela, pas question d’en débattre. Pas plus que de la doctrine du « maintien de l’ordre », des arrestations arbitraires, des interdictions de manifester… Il n’y a rien à débattre, car le ministre de l’Intérieur nie tout sur tout, ment comme un arracheur de dents et, c’est un comble, dénonce à tout-va les fake news dont les forces de l’ordre seraient les premières victimes. Un style qui n’est pas sans rappeler celui de Frédérique Vidal. Ce 29 mars, Le Monde révèle les mensonges de l’ex-ministre de l’Enseignement supérieur : prétendant lutter contre « l’islamo-gauchisme » à l’université, elle avait, début 2021, assuré lancer une enquête à ce sujet. Il n’en a jamais été rien. Le mensonge comme méthode politique…

Mais revenons en 2023. De son côté, Laurent Nunez peut se permettre, à la question d’un journaliste « Y a-t-il des dérapages ? », d’énoncer ce genre de phrase : « Absolument pas. D’abord, les quelques dérapages qu’il y a eu… parce qu’il y en a, c’est incontestable. » Personne n’y trouve rien à redire.

Parallèlement, des actes ont court dans le pays et personne au gouvernement ou à l’Élysée ne juge bon de faire le moindre commentaire. Comme le fait qu’une femme sera jugée en juin prochain pour « injure au président de la République » pour avoir qualifié Emmanuel Macron d’« ordure » sur Facebook. Elle risque jusqu’à 12 000 euros d’amende. Poursuivie pour l’exemple ?

Ou encore, comme le tweete Ellen Salvi, journaliste à Mediapart, qui déplore que « le maire de Saint-Brévin est menacé par l’extrême droite depuis des mois et vient d’être victime d’un incendie volontaire, des commandos baptisés « Waffen Assas » attaquent des étudiants et le RN peut toujours compter sur 88 élus à l’Assemblée nationale ». « Les nazis agissent en toute impunité comme des nazis en France, de manière décontractée et insouciante », tweete pour sa part le journaliste de Libération Sylvain Chazot. C’est toujours sur Twitter, puis via Libé, que l’on découvre le groupuscule « FR DETER », où des centaines de militants d’extrême droite lancent des appels aux meurtres, tiennent à jour des listes de personnes, diffusent des informations telles que des numéros de téléphone ou des adresses de personnalités publiques, et organisent des ratonnades comme on organiserait un match de foot. Mais le terrorisme d’extrême droite, ça n’intéresse pas Gérald Darmanin : ce mercredi, il se fera remplacer à l’Assemblée nationale pour débattre de ce sujet, lit-on encore dans Libé.

Non, plutôt que de se pencher sur ces dossiers, l’exécutif allume des contre-feux. Olivier Dussopt fait son coming-out dans Têtu, Emmanuel Macron donne une interview à Pif Gadget, Marlène Schiappa préfère, elle, le journal Playboy. Commentaire d’Élisabeth Borne : « Pas appropriée ».

Désolant pour la démocratie.

 

Loïc Le Clerc

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