Palestine : la Macronie dans la boue jusqu’au cou
Il aura fallu d’un symbole, un drapeau palestinien brandi dans l’hémicycle, pour que la présidente de l’Assemblée nationale se fâche très fort.
Depuis le 7 octobre – mais bien avant en réalité –, il est devenu impossible à certains de cacher leur position concernant le conflit israélo-palestinien : ils ont bel et bien choisi un camp et ce n’est pas celui de la paix. Yaël Braun-Pivet, présidente macroniste de l’Assemblée nationale, en est la caricature la plus aboutie.
Hier, mardi 28 mai, en plein milieu des questions au gouvernement, le député LFI Sébastien Delogu brandit un drapeau palestinien. La réaction est immédiate : suspension de séance, convocation du bureau, sanction. La sanction la plus élevée : censure avec exclusion temporaire de 15 jours. Soit autant que lorsque le député RN Grégoire de Fournas avait invité Martens Bilongo, député LFI de son état et noir de peau, à « retourner en Afrique ».
36 000 morts, dont 14 000 enfants. Le massacre de Rafah en boucle sur les réseaux sociaux. Mais rien ne saurait émouvoir Yaël Braun-Pivet.
Yaël Braun-Pivet aime l’ordre et les insoumis sont indisciplinés – contrairement à ses best friends du RN. Yaël Braun-Pivet soutient « inconditionnellement » Israël dans sa guerre contre le peuple palestinien et les insoumis dénoncent le génocide à Gaza. Yaël Braun-Pivet aime les sanctions et manie le deux poids deux mesures comme personne (si ce n’est le droit international à l’égard d’Israël, la boucle est bouclée).
La fange, la fange, la fange
On ne sait quelle mouche a piqué Yaël Braun-Pivet, mais le geste de Sébastien Delogu ne lui a pas plu. Peut-être aurait-il dû le dire avec des fleurs ou… un salut nazi. Oui, parce qu’à l’Assemblée, faire un salut nazi, c’est moins grave que de brandir un drapeau palestinien. Au contraire, même, ce qui est « nazi », c’est le drapeau palestinien, dixit la député Caroline Yadan. On en est là.
Le problème avec l’extrémisme, ce sont les permissions qu’il porte en lui. Ainsi, le choix de Yaël Braun-Pivet a des conséquences. Celui d’autoriser, encore, Meyer Habib d’agresser des gens. Il y avait eu Jérôme Guedj lors d’un rassemblement pro-israélien, puis le ministre de la Justice, c’est désormais David Guiraud qui en fait les frais. L’impunité en bandoulière et l’instrumentalisation de la lutte contre l’antisémitisme en bouclier.
En Italie, quasiment au même moment, des députés ont bu brandir des drapeaux palestiniens. Au pays de Meloni, ça n’a pas provoqué autant de drama. Yaël Braun-Pivet peut soutenir, « au nom de la représentation nationale », le gouvernement criminel israélien et mettre l’Assemblée aux couleurs d’Israël, refuser des minutes de silences pour les victimes de Benyamin Netanyahou, toujours pas autant de drama.
Imaginez un instant si la Macronie avait sanctionné des parlementaires (non-LFI) brandissant un drapeau ukrainien ou une banderole « La France tue au Yémen ». Imaginez…
Détail croquignolet : Yaël Braun-Pivet siège en arborant un pins représentant un drapeau israélien et un drapeau français. Mais un pins, ça n’a rien d’ostentatoire, c’est discret, c’est tolérable. Agiter un drapeau c’est ostentatoire, donc intolérable.
Nous apprécions l’absence de soutien de la goche mais qui s’en étonne ?
Après tout, ce n’est qu’un génocide, un détail de l’histoire !!!
D’un point de vue réglementaire ( règlement intérieur de l’Assemblée) Nationale), il est interdit de brandir des drapeaux, des banderoles où tout autre signe ostentatoire. Le député LFI n’a donc pas respecté le règlement et méritait une sanction ( rappel à l’ordre ou avertissement). De là, à recevoir la sanction maximum prévue dans ce cas là, il y a une marge énorme que la présidente pro-israélienne de l’AB a franchi sans mesure. Ce geste n’a pas été prémédité par le groupe LFI, il s’agit d’un geste individuel, d’un geste extrêmement fort dont la signification politique mérite une réflexion , celle sur la reconnaissance de l’Etat Palestinien. De ce point de vue, la position attentiste de Macron est significative de la pensée dominante qui consiste à se déclarer pour deux états sans jamais faire les gestes qui permettraient d’ouvrir le chemin vers la libération des otages, vers un cessez le feu, vers le retrait des troupes israéliennes, vers la décolonisation, vers la Paix. Il y a donc bien deux poids, deux mesures dans la politique étrangère de la France, qui de ce fait, se rend complice de politiques inacceptables.
que ce passerait-il si une bombe H tombait « accidentellement » sur Jérusalem ? (ou Washington D.C.)
Ce n’est qu’une question ! Sans plus !