Palestine : et Macron fit quelque chose

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Lundi soir à la tribune des Nations unies, la France, par la voix de son président, a reconnu l’État Palestinien. En attendant que les Français organisent enfin une manifestation digne de ce nom.

Cette reconnaissance de l’État de Palestine, Emmanuel Macron l’a fondée sur l’histoire, celle qui en 1947 disait le droit des peuples juif et palestinien à un État et à l’autodétermination. Cette « promesse d’un État arabe, elle, reste à ce jour inachevé ». Le président français a su trouver les mots pour parler du peuple palestinien lui-même. « Cette reconnaissance est une manière d’affirmer que le peuple Palestinien n’est pas un peuple en trop. Qu’il est au contraire ce peuple qui ne dit jamais adieu à rien pour parler comme Mahmoud Darwich. Un peuple fort de son histoire, de son enracinement, de sa dignité. »


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Ce discours, il le prononçait dans un moment dramatique pour les Palestiniens, celui d’un génocide en cours assorti d’une offensive israélienne pour empêcher jamais l’établissement de leur État : « Le temps de la paix est venu car nous sommes à quelques instants de ne plus pouvoir la saisir […] Nous savons le danger des guerres sans fin. Nous savons que le droit, toujours doit l’emporter sur la force », a dit le chef de l’État.

Ce rappel de la promesse initiale est fondamental pour maintenir un possible futur. Le premier ministre canadien le disait en ces mots : « Alors que la politique déclarée du gouvernement israélien est qu’il n’y aura jamais d’État palestinien […] ce que nous essayons d’accomplir, c’est de garder cette question sur le devant de la scène ».

Il y a quelque chose de paradoxal dans la faible mobilisation de l’opinion publique française, dans sa division même. Dans ce pays qui a pratiqué un antisémitisme officiel et qui est rongé par cette honte indélébile, les accusations d’antisémitisme proférées à l’encontre des militants de la cause palestinienne ont été une tâche et un lourd empêchement.

Nul ne croit que les reconnaissances qui ont eu lieu ces jours, rompant avec la forte unité occidentale, est un aboutissement. Mais alors que la question palestinienne avait disparu de la scène internationale, ensevelie dans le silence et les accords d’Abraham, elle revient au premier plan. La mobilisation des opinions publiques – en particulier arabes – ont forcé leurs États à ne pas entériner ce qui aurait provoqué l’irréversible pour les Palestiniens.

Les opinions publiques européennes aussi se sont mobilisées par centaines de milliers à La Haye, en Espagne, à Londres, en Italie hier, forçant à poser la question des sanctions de l’UE à l’égard d’Israël. Elles sont enfin à l’agenda. Dans ces circonstances, il y a quelque chose de paradoxal dans la faible mobilisation de l’opinion publique française, dans sa division même.

Dans ce pays qui a pratiqué un antisémitisme officiel et qui est rongé par cette honte indélébile, les accusations d’antisémitisme proférées à l’encontre des militants de la cause palestinienne ont été une tâche et un lourd empêchement. Des manifestations ont été interdites pour ce motif. Ironie, c’est Emmanuel Macron lui-même qui doit se défendre et défendre notre pays d’antisémitisme face aux attaques du pouvoir israélien. L’essentialisation de nos concitoyens arabes ou musulmans, leur identification à des antisémites dormants ou militants, est un poison devenu banalité sur les plateaux télé. L’assimilation dégueulasse de La France insoumise à un antisémitisme électoraliste est l’argument brandi pour sa mise à l’écart, alors que le RN est lavé du passé… et du présent de ses élus et militants.

Tout ceci est vrai et a conduit à inhiber les soutiens aux Palestiniens. Mais les militants en France ne sont pas les seuls à avoir connu répression et accusations ignominieuses. En Angleterre, par exemple, une association propalestinienne a été dissoute et des centaines de ses soutiens arrêtés. En France, comme pour d’autres luttes, la division est venue d’insultes, de propos agressifs, blessants. La France insoumise a choisi de faire de ce combat, non un terrain de rassemblement, mais un objet de clivage avec le reste de la gauche. Hélas, cela a été facilité par les autres partis. Ceux qui ont appelé à interdire les manifestations – hein Carole, on n’oublie pas. Ceux qui ont déserté la rue, en particulier la direction communiste qui, historiquement, était aux premières loges des mobilisations. Un jour, on fera les comptes. En attendant, les maires en hissant le drapeau palestinien au fronton des mairies, les supporters du PSG avec leurs banderoles et leurs tifos, sauvent l’honneur. Merci à eux. Il est plus que temps pour la gauche politique de se ressaisir, là aussi.

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6 commentaires

  1. Ailouard Pierre le 23 septembre 2025 à 14:20

    Bonjour, sur la reconnaissance de l état palestinien et la manifestation digne de ce nom : bon diagnostic mais partiel qui esquive des clefs, dont la qualification du Hamas. Pour être fréquemment dans les Pyrénées Espagnoles ( eh, pardon, catalanes, aragonaises, basques) j ai vu comment 2 gauches, en deçà, contre celles au-delà des Pyrénées, avaient su, ou pas, unir le soutien à la Palestine. En France les gauches se sont noyées dans les querelles des anti sionismes variées ou non , de l anti hamas ou non, et cela au faux prétexte de l unité et de la souveraineté de la lutte propalestienne ( aux palestiniens de choisir). Faux culs et vrais culs de sacs. La positon espagnole, telle que je l ai vu, a mis en avant la protection des civils des deux côtés, contre les dirigeants extrémistes des 2 peuples palestiniens et israéliens. Ainsi elle unit. Les divisions, quoique bien réelles également côté espagnol, ont été marginalisées. Par ailleurs, je signe la déclaration de plus de 140 états à l ‘ONU du 12 ou 15 septembre 2025. Non évoquée par votre article , j en déduis que , au minimum, vous l esquivez. Pablo avait fleurté avec l idée d un seul état ( même sous forme interrogative). Fédérer, Rapprocher voir Unir est un combat ardu. Bon courage et merci pour votre travail très stimulant.

  2. Lucien Matron le 25 septembre 2025 à 12:57

    La reconnaissance de l’Etat Palestinien par la France et d’autres pays est une étape dans le processus qui peut conduire à la Paix. Mais ce n’est qu’une étape qui doit être complétée par des actions plus fortes et plus concrètes. Par exemple, sans délai, la France et l’Europe pourraient sécuriser la flottille humanitaire Global Sumud qui navigue en direction de Gaza et qui a subi de multiples attaques de toute nature de la part d’Israël dans les eaux internationales. Par exemple, la France et l’Europe pourraient prendre des décisions fortes concernant les actifs et les échanges avec Israël comme cela a été fait avec la Russie…Le gouvernement extrémiste israélien par sa guerre totalitaire et génocidaire ne viendra pas à bout du terrorisme , le Hamas par ses actes terroristes ne viendra à bout de la guerre..Il appartient au peuple israélien et au peuple palestinien de lutter pour se débarrasser des dirigeants extrémistes respectifs, la communauté internationale doit accompagner et soutenir les éléments politiques palestiniens et israéliens qui veulent cesser les combats sanglants et stériles et assurer un chemin vers la Paix.

    • Piboudy le 29 septembre 2025 à 10:04

      Je ne crois pas du tout aux sanctions, peu à la protection de la flottille et je suis d’accord avec la fin de votre message (à partir de « Le gouvernement extémiste… »).

  3. Piboudy le 29 septembre 2025 à 10:01

    Bonjour,
    ne rêvez pas, il n’y aura jamais de paix entre les gouvernements israéliens et les palestiniens.
    Les gouvernements israéliens sont inconditionnellement soutenus par les USA et on a bien vu ces derniers temps l’incapacité du monde à résister aux USA.
    Ce qui se prépare à l’Est, avec la Russie, la Chine, la Corée du Nord et d’autres, n’est qu’une autre force impérialiste qui ne fera rien dans ce conflit qui ne les intéressent pas. Il leur suffira de blinder la Turquie et l’Iran pour être tranquilles de ce côté-là.
    Signés par le gouvernement israélien qui a été le plus proche de la paix, les accords d’Oslo sont clairs : l’OLP reconnaît le droit à Israël de vivre en paix et en sécurité. Israël reconnaît l’OLP comme représentant des palestiniens. Pas plus, pas moins. Donc, l’état d’Israël ne reconnaît pas le droit des palestiniens à vivre en paix et en sécurité.
    Les pays occidentaux (hors USA) ne feront jamais plus que ce qu’ils font aujourd’hui même s’ils font semblant de monter sur leurs grand chevaux.
    L’Espagne et l’Italie ont envoyé des bateaux de guerre pour protéger la flottille uniquement parce qu’ils y a des espagnols et des italiens à bord. Mais iront-ils jusqu’au bout ? Et quand la flottille entrera dans les eaux de Gaza, que feront-ils ?
    Sans chauvinisme, on peut peut-être imaginer que si la France s’y mettait, cela aurait peut-être une certaine influence… pour la sécurité de la flottille. Mais ils ne le feront pas : Trump va taxer vin, alcools, Champagne et fois gras !
    Le peuple palestinien a deux ennemis : le gouvernement israélien et le Hamas.
    Le peuple israélien a deux ennemis : le gouvernement israélien et le Hamas.
    Tant que les deux peuples ne s’uniront pas pour mettre fin à la guerre, il n’y aura pas de paix pour les palestiniens.
    Cordialement.

  4. Piboudy le 29 septembre 2025 à 11:50

    Bonjour,
    vous dites « La France insoumise a choisi de faire de ce combat, non un terrain de rassemblement, mais un objet de clivage avec le reste de la gauche. »

    60 millions de morts palestiniens, ça fait clivage à gauche.

    La position de LFI fait clivage mais je ne pense pas que LFI l’ai prise pour cela. La seule chose que l’on peut leur reprocher c’est de n’avoir pas insisté, dès le début, sur l’atrocité des actes du Hamas, de ne pas le reconnaître « officiellement » comme une organisation terroriste. Pour moi, cet omission est une erreur politique.
    Et TOUS les autres se sont engouffrés dans cette brèche, de l’extrême-droite au PC (pas Révolution Permanente et je ne sais pas pour le NPA et LO).

    Les palestiniens vivent la violence d’Israël depuis la fin de la seconde guerre mondiale : 80 ans !!!!!
    Le monde entier en est responsable : la gestion occidentale et coloniale de la région, les groupes terroristes juifs d’où sont issus les premiers dirigeants d’Israël, ceux qui ont soutenu militairement Israël à ses débuts (dont la France et l’URSS), les USA avec leur soutien inconditionnel, les résolutions de l’ONU que l’on n’a pas fait appliquer, Netanyahu qui a misé sur le Hamas contre l’OLP, les pays arabes qui n’ont jamais fait que semblant de soutenir les palestiniens, etc.
    A Gaza, la densité de population est telle que si l’on mettait tous les français en Île-de-France, nous aurions encore plus de place que les habitants de Gaza !
    Que feriez-vous si un état étranger venait à prendre le contrôle de notre eau, de notre énergie, de nos transports et de notre droit de circulation et de travailler et ne nous les fournissait qu’au compte-goutte ?
    Quels moyens de luttes inventeriez-vous quand le monde entier se moque de votre existence ?
    C’est triste à dire mais oui, la violence n’appelle que la violence.

    Puis vous dites, « Hélas, cela a été facilité par les autres partis. Ceux qui ont appelé à interdire les manifestations – hein Carole, on n’oublie pas. Ceux qui ont déserté la rue, en particulier la direction communiste qui, historiquement, était aux premières loges des mobilisations. Un jour, on fera les comptes. »

    Je vous rappelle que vous avez dit par ailleurs qu’il fallait « mettre les rancunes à la rivière ».
    Alors, on fait quoi, là ? On demande des comptes ou on passe l’éponge ?
    Quand on accuse les gens d’antisémitisme parce qu’ils défendent la cause palestinienne, on demande des comptes ou on passe l’éponge ?
    Quand le PC se tait et défend plus un peuple luttant pour son indépendance, on demande des comptes ou on passe l’éponge ?

    60 millions de morts palestiniens, ça fait beaucoup de rancunes dans la rivière.

    Remarque :
    Il y en a marre de cette soit-disant gauche. Elle n’est que pure hypocrisie.
    Il faut qu’elle reste proprette, qu’elle ne choque personne. Parce qu’on ne sait jamais, sur un malentendu, on pourrait avoir une petite place au soleil.
    Alors, à chaque premier ministre, on va faire courbettes et révérences, en disant haut et fort qu’il allait voir ce qu’il allait voir !
    Et puis on ressort en disant que si jamais, ho la la, si jamais, on va peut être bien le censurer.
    Le PS, c’est ceux qui désignent Hamon ou Hidalgo et votent pour Macron !
    Je n’arrive pas à comprendre que PC, Ecolos, L’APRES, Debout!, etc. et Regards vous vous fassiez encore tous avoir par les sirènes du PS.
    Si la gauche veut gagner, il faut qu’elle le fasse sans le PS.
    Tant qu’il sera inclus dans une éventuelle alliance, même gagnante, nous resterons toujours dans la même merde qu’aujourd’hui.

    • Piboudy le 29 septembre 2025 à 23:51

      Il s’agit de 60 mille palestiniens et non 60 millions, je pense que vous aurez rectifié vous-mêmes.

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