En Australie, aux États-Unis ou encore en Italie, on renvoie les enfants à l’usine. Le tout sous couvert de progrès ! Emmanuel Macron n’inventerait rien…
Après nous avoir mis au travail forcé deux ans de plus pour lui permettre de faire des cadeaux à ses copains, Emmanuel Macron va-t-il faire travailler les enfants ? Ne poussez pas de cris d’orfraie, la question est des plus sérieuses. Ce n’est « pas simplement d’une réforme » mais « une cause nationale », jure le président de la République le 4 mai dernier – il y aurait presque de quoi être rassuré, quand on voit ce qui est advenu des précédentes « causes nationales »… Emmanuel Macron entend donc réformer le lycée professionnel. Pour cela, le Président envisage d’investir plus d’argent public dans les indemnités et les stages rémunérés, « parce que tout travail doit payer ». De plus, la durée des stages sera augmentée de 50%.
LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>> TRIBUNE. Non à l’instrumentalisation de l’enseignement professionnel
Aider les jeunes à trouver un emploi, a priori, l’idée est excellente. Mais vous commencez à parler couramment le macroniste : s’il pose souvent le bon constat sur une situation problématique, sa solution est plus problématique encore !
Car en lisant entre les lignes, on ne peut s’y tromper : Emmanuel Macron fait un nouveau chèque en blanc aux entreprises. Elles pourront désormais bénéficier d’une main d’œuvre jeune (malléable à souhait) et bon marché (c’est l’État qui régale). Ces jeunes, eux, seront « payés » entre 50 à 100 euros la semaine de stage. L’idée n’est plus de former des lycéens à un futur métier, mais de les jeter au plus vite sur le marché du travail. Littéralement : apprendre sur le tas, au frais du contribuable.
« Rappelons que les élèves en première année de voie professionnelle ont 15 ans… ce sont encore des enfants », écrit un collectif de personnalités dans une tribune publiée par Regards et Libération. Emmanuel Macron s’en moque.
Et devinez qui accuse les détracteurs de cette réforme de « condescendance » ? Olivier Dussopt. Ce n’est pas un hasard si le ministre du Travail se mêle de l’enseignement professionnel, comme l’écrit Mediapart : « L’Élysée a annoncé que la réforme se ferait « essentiellement par la voie réglementaire ». Le diable se cachant dans les détails, les organisations syndicales en ont déduit qu’une partie des annonces trouveraient leur traduction dans un véhicule législatif. Et les regards se tournent, déjà, vers un des textes portés prochainement par Olivier Dussopt. De quoi faire craindre une bascule, totale ou partielle, de l’enseignement professionnel sous la tutelle du ministère du travail. »
Australie, Italie, États-Unis : vive le capitalisme !
Faire (re)travailler les enfants, le phénomène est mondial. Nous parlons ici de ces endroits du monde où il était communément admis que les enfants vont à l’école et non à la mine. Or, la grande régression est en marche. En Australie, on n’hésite pas à faire travailler des enfants à l’usine pour faire face aux pénuries de main-d’œuvre. N’ont-ils pas l’air heureux ?
Jam factory in tiny town solves labour shortage by employing primary school kids https://t.co/mTsS02qGbT
— ABC News (@abcnews) April 7, 2023
Face à l’usage, le gouvernement fédéral australien envisage de fixer l’âge minimum pour travailler à 15 ans, ou 13 ans pour des « travaux considérés comme légers », peut-on lire sur France Culture.
En Italie, une ONG alerte sur ces 336 000 mineurs au travail. Dans la restauration, la vente, l’agriculture, près d’un mineur italien sur quinze travaille. Citée par France Culture, Annalisa Cozzocrea, la rédactrice en chef adjointe de La Stampa déplore une « classe politique [qui] ne devrait pas appeler des jeunes de 13 ans à travailler, elle devrait plutôt les aider ». Ça vous rappelle quelqu’un ?
Dernier exemple, aux États-Unis, on découvre que 250 000 mineurs non accompagnés sont entrés sur le sol américain ces deux dernières années. Des enfants qui n’ont d’autre choix que le travail pour survivre à l’illégalité. Et les législateurs viennent au secours des entreprises pour les protéger face à ce phénomène. Robert Reich, ancien secrétaire au Travail de Bill Clinton, prévoit une aggravation du phénomène dans les années à venir : « Après la pandémie, les employeurs ont du mal à trouver des travailleurs […] Plutôt que de les payer plus, ils exploitent les enfants. Et les législateurs des États qui dépendent de ces employeurs pour les dons de campagne politique sont disposés à les laisser faire ».
Capitalisme et corruption. Mais rassurez-vous, en France, c’est différent.
Vraiment ?