L’irresponsabilité de Macron n’est pas là où on la croit
En jouant la montre et en arguant sur l’ingouvernabilité du pays sans « compromis », le chef de l’État commet une double-faute.
La politique, c’est aussi, voire surtout, une affaire de dynamiques. Au lendemain des élections législatives, la dynamique était du côté de la gauche du fait que le Nouveau Front populaire était arrivé en tête en nombre de sièges obtenus. Les commentateurs comme les autres partis étaient prêts à le concéder, même du bout des lèvres. Un gouvernement porté par le NFP aurait pu être nommé, aurait commencé à travailler et on aurait vu sur pièce si des lois et des décrets progressistes auraient pu être votées ou signés.
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Seulement, l’histoire qu’a voulu écrire le président de la République est tout autre : effrayé sûrement par la potentialité d’un soutien populaire aux premières mesures portées par le NFP – qui, de fait, auraient pu emporter l’adhésion d’une majorité de députés –, Emmanuel Macron a préféré repousser aux calendes grecques la nomination d’un Premier ministre. Dès lors, il a contribué à enrayer la dynamique première de la gauche en installant l’idée que le pays était dans une impasse institutionnelle que seuls des compromis – avec sa formation politique, bien entendu – pouvaient dépasser.
En un sens, croire que le compromis est la seule solution qu’offre la situation politique actuelle, c’est nier la possibilité d’une dynamique susceptible d’emporter une adhésion massive de la part du peuple. C’est d’ailleurs ce qui a permis le vote à l’unanimité (moins une voix) de l’instauration obligatoire par la loi des congés payés en 1936 (mesure qui n’était pas initialement dans le programme du Front populaire mais portée par les grèves massives qui ont suivi son arrivée au pouvoir).
Que le Président laisse à la gauche la possibilité de tenter d’offrir une perspective aux Français, sans anticiper, car ce n’est pas son rôle, sur les potentiels votes de lois ou de motions de censure au Parlement.
Comme l’avait affirmé François Mitterrand en 1978 durant la campagne des élections législatives : le Président choisit qui il veut pour le poste de Premier ministre, sans « aucune obligation morale ni juridique de choisir le chef du parti arrivé en tête », ajoutant que « la politique, c’est autre chose ». C’est précisément cette « autre chose » qui est si mal compris par Emmanuel Macron : l’air du temps est à une rupture avec la politique qu’il a mené depuis sept ans. Ne pas le comprendre, c’est se condamner aux affres de la déconnexion croissante avec un peuple qui s’est pourtant massivement déplacé aux urnes en juin et juillet derniers.
Que le Président laisse à la gauche la possibilité de tenter d’offrir une perspective aux Français – ce qu’il n’arrive plus guère à faire –, sans anticiper, car ce n’est pas son rôle, sur les potentiels votes de lois ou de motions de censure au Parlement. Car la sagesse collective de notre représentation nationale vaut sûrement mieux que les errements malheureux de sa pratique délétère du pouvoir que tous, aujourd’hui, constatent.
Je crois aussi, comme Pablo Pillaud-Vivien, que « l’air du temps est à une rupture avec la politique (que Macron) a menée ».
La politique que veut poursuivre Macron ne correspond pas aux aspirations des Françaises et des Français, sans oublier les étrangers qui contribuent de manière décisive à l’économie du pays et à la vie quotidienne. Mais je ne suis pas d’accord avec l’idée qu’il ne comprend pas. A fond, peut lui importe. Macron n’est pas un démocrate et il n’est pas à l’écoute du peuple. Il veut simplement que se poursuive sa politique pro-business et pro-riches. Par conviction? Peut-être. Mais à mon avis, plutôt par défense de la caste pour laquelle il a de la sympathie.
Vous avez tout à fait raison. Les Macroniens , la droite et l’extrème droite ont clairement dit qu’ils ne voulaient pas du programme du NFP , tous unis pour s’y opposer.
Le Président » veut simplement que se poursuive sa politique pro-business et pro-riches » comme tous ses alliés.
Tout le comportement de Macron s’explique par les faits suivants :
_ Macron ne peut pas se représenter à la prochaine présidentielle (prévue, sauf démission de Macron, en 2027) mais seulement à l’élection suivante.
_ L’objectif de Macron c’est de faire en sorte que Le Pen soit élue présidente de la République et se mettre en position de » Macron le sauveur » pour pouvoir se faire élire une fois le mandat de Le Pen terminé.
Si on a en tête ce qui précède alors le comportement du mari de Brigitte Macron apparaît comme très rationnel de son point de vue.
Et une fois qu’on a dit ça ? On attend que Macron soit touchée par la Grâce ?
Vivement une 6ème république qui empêche cette dérive autoritaire du pouvoir…
Le pays a besoin d’un changement de politique, d’une rupture avec les politiques menées depuis les années Sarkozy, poursuivies par Hollande sur certains points, amplifiées à l’excès par Macron. C’est ce qu’ont exprimé les Français. Ils veulent des services publics bien présents sur le territoire, avec des moyens humains, de la proximité. Ils veulent un système éducatif permettant l’égalité des chances pour tous. Ils veulent un système de santé accessible et efficace.. Ils veulent des transports publics modernes et adaptés aux besoins. Ils veulent des salaires décents, etc….Pour satisfaire ces attentes fortes et légitimes, il n’y a pas d’autre solution que de revenir sur les dogmes patronaux, ultra-libéraux et financiers ( impossibilité d’augmenter le SMIC, réduction des dépenses publiques, allègement des normes et de la fiscalité pour les plus riches, etc…). De ce point de vue, le programme du NFP est porteur d’espoir car il intègre un changement d’orientation et de cap politique. Il est regrettable que certains, se réclamant de la gauche « responsable » passent plus de temps et plus d’énergie à combattre le NFP plutôt que de fédérer autour de lui et de le renforcer. Qu’ils ne se fassent aucune illusion : ceux qui sont Macron-compatibles, prêts à des majorités de compromis avec la droite, seront sévèrement battus lors des prochaines consultations.
» Ceux qui sont Macron-compatibles, prêts à des majorités de compromis avec la droite, seront sévèrement battus lors des prochaines consultations. »
Les futurs Le Drian, Castaner, Ferrand devraient méditer cette très juste réflexion.
L’irresponsabilité serait de nommer un gouvernement incapable de gouverner. S’il était dirigé par le NFP, nous serions dans ce cas.
Il est convenu d’attribuer au peuple une volonté politique comme s’il s’agissait de celle d’un seul homme. Que nous dit-il ? Qu’en donnant au NFP une supériorité numérique sur les autres blocs parlementaires, il le place en position de jouer un rôle. Qu’en interdisant à cette supériorité numérique d’atteindre le seuil qui lui eût permis de gouverner, il place ce rôle dans l’opposition. C’est le message que le Chef de l’Etat a entendu. Il nommera un Premier ministre en accord avec la volonté du peuple, qui rejette massivement l’extrême-gauche.