Les vieux vont mieux ? Faisons en sorte que ça ne continue pas !
Deuxième journée de solidarité, augmentation de la période de carence des arrêts-maladie et diminution des remboursements : notre chroniqueur Éric Le Bourg décrypte les propositions des sénateurs sur la partie santé du budget. Ou comment les nuls qui nous gouvernent ne sont pas seulement bêtes et méchants.
La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) vient de publier une étude sur la dépendance des personnes âgées. Le résultat essentiel, alors que l’espérance de vie des femmes stagne depuis des années (avec des oscillations les « bonnes » et « mauvaises » années) et qu’elle augmente encore pour les hommes, est que le pourcentage de personnes souffrant d’une dépendance, modérée ou sévère, a diminué de 2015 à 2022.
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Les auteurs de l’étude indiquent ainsi que les précédentes prévisions tablaient sur une augmentation du nombre de dépendants de 130 000 personnes entre ces deux dates, alors qu’il a diminué de 180 000, en somme une différence de 310 000 personnes par rapport à ce qui était prévu et qui va impliquer de réviser à la baisse l’impact de la dépendance pour les années qui viennent. Pour un des auteurs de l’étude, « l’amélioration des conditions de vie des seniors et de la prévention en santé permet de reculer l’apparition de la perte d’autonomie. La génération de seniors qui arrive à 75-80 ans a connu des conditions de vie meilleures que la génération qui a précédé. »
Les bonnes nouvelles ne sont pas si fréquentes et on comprendrait que le législateur veuille amplifier ces bons résultats en permettant à nos aînés présents et futurs de vivre au mieux. Doit-on interpréter en ce sens la proposition du Sénat d’instaurer une deuxième journée de solidarité impactant les salariés à raison de sept nouvelles heures de travail gratuit, mais on suppose, comme pour la journée de solidarité déjà instaurée, pas les professions libérales ? Hélas, comme, en même temps, certains préfèrent cette augmentation de la durée du travail à la hausse des impôts sur les plus riches, et qu’un ministre déclare que « toutes les propositions qui vont dans le sens de dire ‘Il faut travailler davantage’, on en prend acte », on en vient à se dire que la première motivation pour cette mesure a bien peu à voir avec les personnes âgées.
De plus, comment améliorer la santé publique et in fine celle de nos aînés en augmentant de un à trois jours la période de carence des arrêts-maladie dans la fonction publique, tout en diminuant de 100 à 90% le remboursement des arrêts pour les trois premiers mois d’un congé maladie ordinaire ? La conséquence est connue : les gens viendront travailler en étant malades, contamineront éventuellement les autres au travail et dans les transports, et coûteront plus cher si leur maladie s’aggrave du fait de ce présentéisme puisque, contrairement à la majorité des entreprises du secteur privé, les jours de carence ne seront pas pris en charge par l’employeur. Que dire aussi du projet de baisse du remboursement de la Sécurité sociale de 70 à 60% (ou 65% selon le dernier arbitrage), ce qui impliquerait d’augmenter les cotisations des mutuelles et baisserait donc les revenus ?
Nos élus et notre gouvernement s’inquiètent, dit-on, beaucoup pour les personnes âgées, mais ces mesures contenues dans le budget qui sera peut-être adopté ne semblent pas leur être destinées. Bien au contraire, les deux dernières risquent de dégrader la santé publique, ce qui aurait finalement des conséquences sur l’état de santé à un âge avancé et coûterait donc alors beaucoup plus cher. Au-delà de l’aspect humaniste qui, visiblement, leur chaut peu, il semblerait que nos Mozart de la finance ne savent même pas compter.
Il n’y aucune limite à la bêtise politique lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts d’une caste inféodée à la finance. Désormais, après le tandem Macron-Attal, l’attelage Macron-Barnier poursuit l’œuvre de destruction massive des services publics, de la solidarité nationale, et de la démocratie républicaine.