En Macronie, on réforme les retraites pour améliorer la vie de personnes qui n’existent pas

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Pour démontrer les potentiels impacts positifs sur la vie des futurs retraités de sa réforme, la majorité présidentielle donne des exemples concrets de profils de Français… introuvables dans la vraie vie.

« Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Une fourmi parlant français,
Parlant latin et javanais,
Ça n’existe pas, ça n’existe pas.
Eh ! Pourquoi pas ? »

La Fourmi, Robert Desnos

 

Déjà bien en peine pour justifier la raison économique de la réforme des retraites, la Macronie rame pour effectuer le service après-vente. Au point que tout ceci prend de plus en plus des allures de campagne de désinformations.

 

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Au parti Renaissance (ex-La République en marche), on a trouvé plein de cas concrets pour faire la démonstration que la réforme du gouvernement est « une réforme de progrès ! » Tenez, prenez l’exemple de Delphine :

Bon. Toute cette « grande réforme » pour partir trois mois plus tôt à la retraite, c’est pas fou. C’est même presque louche, d’autant qu’il s’agit d’une réforme ayant pour cœur de projet l’allongement de l’âge de départ à la retraite…

Le hic de cette Delphine, c’est qu’elle n’existe pas. Non, ça n’existe pas des Delphine qui sont nées en 1975, qui ont commencé leur carrière à quinze ans et neuf mois, après quatre trimestres d’apprentissage payés et reconnus et qui, avant la réforme, pouvaient prendre leur retraite à 60 ans et qui vont gagner trois mois de retraite avec la réforme. Et pas seulement parce qu’avant la réforme elles pouvaient prendre leur retraite à 58 ans, mais parce qu’à la génération née en 1975, comme l’explique Patrick Aubert (graphique ci-dessous à l’appui), « les débuts à 16 ans deviennent rarissimes ».

Peut-être aurons-nous plus de chance avec Hélène alors :

Alors… des Hélène qui font une carrière complète de 42 ans intégralement payée au Smic, c’est pratiquement introuvable. Dans son rapport annuel de 2018, le très officiel groupe d’experts sur le Smic a été regarder de plus près les trajectoires salariales au voisinage du Smic entre 1995 et 2015 : sur 2,5 millions de personnes observées, « seules 48 ont passé les 21 années d’observation avec une rémunération inférieure à 1,1 fois le salaire minimum ». Ça fait pas beaucoup d’Hélène…

Pis, car Hélène est née le 1er septembre 1961. Donc, « après la réforme », elle devra retarder de trois mois sa retraite (ce que les Macronistes ont « oublié » de mentionner). Et si elle prolonge jusqu’à 63 ans, avant la réforme, elle aurait perçu un bonus et, après la reforme, elle ne le percevra plus. Si bien que sa retraite sera inférieure à ce qu’elle aurait été. Et pour les Hélène née un an plus tard, la retraite sera retardée de six mois. Comment pourrait-on résumer tout ça ? Travailler plus pour gagner moins ?

En fait, si le parti présidentiel présente un tel cas de « progrès » avec la réforme, c’est parce que Hélène percevrait une retraite inférieure à 1200 euros avant la réforme et qu’elle bénéficiera du dispositif retraite minimum à 1200 euros du projet gouvernemental. Mine de rien, quel aveu sur l’arnaque de ce dispositif :

  • 1. C’est du brut et pas du net. Hélène ne touchera pas 1200 euros mais 1193.
  • 2. Il s’agit d’une augmentation maximal de 100 euros du minimum contributif, pas d’une retraite minimum garantie à 1200 euros.
  • 3. Pour en bénéficier, il faudra avoir une carrière complète de 42, puis 43 annuités de cotisations.
  • 4. Et il faudra avoir continuellement cotisé autour du Smic – et pas à temps partiel ou pas du tout – pendant une période plus ou moins longue : 48 cas sur 2,5 millions !

Envoie d’un autre exemple ? Voici Didier :

Avant la réforme, Didier est supposé partir à la retraite à 62 ans. Il a cotisé 39 ans et il a une décote de 3,75%. S’il travaille jusqu’à 63 ans, la décote sera de 2,5%.

Après la réforme, il ne peut plus partir à 62 ans. Il va devoir partir au minimum à 63 ans. Il va cotiser un an de plus. Mais comme la carrière complète sera allongée de deux trimestre pour les personnes nées, comme lui, en 1964, sa décote ne diminuera que de 3,1%.

À situation de départ équivalente, il perd 0,6% de pouvoir d’achat sur sa retraite, contrairement à ce que disent les députés Renaissance. Et là on se dit qu’« ils nous prennent vraiment pour des cons, vraiment, ils nous méprisent ! » Regardez donc Myriam :

Les Marcheurs sont fiers de la rendre éligible au dispositif « carrière longue », Myriam, mais bon, elle part quand même à la retraite à 62 ans. Ça doit lui faire une belle jambe, à Myriam… enfin, si elle existe.

 

Bernard Marx

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