La paix selon Donald Trump : déstabiliser pour dominer
Donald Trump n’est pas un homme de paix. Il dessine un projet de nettoyage ethnique et de déstabilisation de la région.
Un danger gigantesque point.
On commence à comprendre ce qu’est la paix selon Donald Trump. Certes elle ne passe pas par une d’intervention militaire américaine. Mais au proche Orient, il ne s’agit nullement de rétablir un ordre basé sur un accord entre les parties et le respect des droits des peuples. Pour Donald Trump, la paix entre Palestiniens et Israéliens ne relève ni d’un moyen ni d’un objectif pour le retour à une vie conjointe des deux peuples. Le président américain a tordu le bras au pouvoir Israélien pour que le cessez-le-feu soit signé. Mais il ne s’agit que d’une étape dans une autre perspective : celle d’une nouvelle dispersion du peuple Palestinien, de l’ampleur de celle de 1967. Il emploie le mot ordurier de « nettoyage » au sujet de la bande de Gaza. Donald Trump a évoqué samedi l’idée d’un plan visant à « faire le ménage », disant vouloir envoyer les Palestiniens de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie.
Le Hamas et l’Autorité palestinienne ont évidemment rejeté et condamné ce projet. Mahmoud Abas déclare « le peuple palestinien ne renoncera pas à sa terre et à ses lieux saints. Nous ne permettrons pas que se répètent les catastrophes qui ont frappé notre peuple en 1948 et en 1967, (…) notre peuple ne partira pas ».
Dès dimanche, l’Égypte a refusé tout déplacement forcé des Palestiniens et a rejeté « toute atteinte à ces droits inaliénables, qu’il s’agisse de colonisation, d’annexion de terres, de dépeuplement de ces terres par déplacement, d’encouragement au transfert ou de déracinement des Palestiniens de leur territoire, que ce soit de manière temporaire ou permanente ». De son côté, la Jordanie qui accueille près de 3 millions de Palestiniens déplacés (plus de 25% du nombre d’habitants de la Jordanie, réfugiés avec de très faibles droits sociaux et sans droits politiques), a réaffirmé la position de son pays, celle d’une solution à deux États pour parvenir à la paix et son « rejet du déplacement forcé ». La Jordanie se fait pressante : « la résolution de la question palestinienne est une solution palestinienne : la Jordanie pour les Jordaniens et la Palestine pour les Palestiniens ». Le royaume de Jordanie pointe un enjeux qui apparait chaque jour de plus en plus central, celui de la redéfinition des frontières au Proche-Orient. Sont concernés : le Liban, la Jordanie, la Syrie et l’Égypte au travers du désert du Sinaï.
Donald Trump entend destiner Gaza à de mirifiques projets immobiliers en bord de méditerranée. Il veut affaiblir encore et encore les Palestiniens en les divisant physiquement, en rendant impossible leur capacité politique. Il veut les couper d’une mémoire ancrée dans les paysages, les villes et les maisons, leur mémoire matérielle, celle qui donne forme aux cultures. La Ligue arabe a raison de parler d’un projet de « nettoyage ethnique ».
L’enjeu est bien sur celui du devenir des Palestiniens en tant que peuple. Mais c’est aussi celui d’une région que Trump promet au dessein de Netanyahou. Ne vient-il pas de livrer les lourdes bombes demandées par le pouvoir d’extrême-droite israélien et retenues jusqu’alors par Biden? Il apporte dès son arrivée son soutien aux suprématistes et nomme un ambassadeur de cette eau ?
Pour s’assurer qu’il n’y aura aucune résistance des pays arabes, il tord le bras à son meilleur allié, l’Arabie Saoudite et exige d’elle une baisse des cours du pétrole et qu’elle investisse 1000 milliards aux Etats-Unis comme il vient de le déclarer à Davos.
Trump ne veut pas la paix. Il veut inquiéter tout le monde pour le dominer.