LA LETTRE DU 3 JANVIER
En 2025, Georges Ibrahim Abdallah doit retourner vivre libre au Liban !
par Elsa Faucillon
Après 40 ans de détention, la justice vient d’autoriser la libération de Georges Ibrahim Abdallah. Mais le parquet a fait appel et les États-Unis ont demandé qu’il reste en prison. La députée communiste Elsa Faucillon renouvelle le vœu de sa libération.
Mon vœu n’est pas qu’un souhait personnel – d’autres que moi le partagent ; il est avant tout un voeu de justice face au déshonneur qu’est pour la France son maintient en prison depuis 40 ans.
Depuis sa cellule, Georges rêve du Liban, de son pays, de la terre sur laquelle il veut finir sa vie. Il rêve aussi de Palestine, d’une Palestine libre. De sa voix chaleureuse, il prend souvent le premier des nouvelles de son interlocuteur pour ensuite lancer « il faut être en bonne santé pour lutter ! »
Georges est un militant, il n’a jamais cessé de l’être et c’est ce qui le fait tenir debout.
Communiste libanais, engagé aux côtés des peuples palestinien et libanais contre les invasions du Liban par l’armée israélienne en 1978 et 1982 et co-fondateur des Fractions Armées Révolutionnaires Libanaises (FARL), George Ibrahim Abdallah est arrêté à Lyon en 1984. Lors d’un procès dont les irrégularités et les ingérences américaines sont largement connues aujourd’hui, Georges est condamné à la perpétuité pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, l’un américain et l’autre israélien, à Paris.
Libérable depuis 1999, il en est aujourd’hui à son onzième demande de libération.
En 2013, sa huitième demande est acceptée, elle est conditionnée à la signature d’un arrêté d’expulsion vers le Liban. Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, refuse. Il dira : « je le fais par conviction ».
Le 15 novembre 2024, alors que les soutiens de Georges Ibrahim Abdallah étaient plutôt pessimistes au regard de l’actualité au Proche Orient, le tribunal d’application des peines a finalement accepté la demande de libération conditionnelle.
Le Parquet national antiterroriste a fait appel, le verdict sera connu en février.
D’ici là, il est à parier qu’à nouveau, George Ibrahim Abdallah sera dépeint comme un terroriste qu’il n’est pas.
Il a depuis longtemps été démontré que le ministre de l’intérieur, Charles Pasqua, et le ministre délégué chargé de la sécurité Robert Pandraud, ont accusé à tort Georges et ses frères d’être à l’origine de six attentats perpétués en 1986. La presse de l’époque avait largement contribué à faire des frères Abdallah les coupables parfaits.
Georges a quand lui toujours défendu la lutte armée dans le cadre de la résistance à l’occupation.
Parler de terrorisme dans cette affaire est une façon de contourner nos principes de justice, manière aussi de justifier sa relégation définitive et absolue du fait de la situation géopolitique.
Trop peu de voix encore aujourd’hui expriment leur refus de voir notre pays appliquer « la mort lente » pour George Ibrahim Abdallah, car on ne remplace pas un supplice par un autre. Il n’est pas trop tard. La justice peut l’emporter.
Elsa Faucillon
FEMINICIDE DU JOUR
La lutte contre les violences faites aux femmes est encore hélas loin d’être un combat du passé.
La nuit du réveillon, à 3h du matin, a eu lieu le premier féminicide de l’année 2025. Elle s’appelait Isabelle, avait 51 ans et était mère de 2 enfants. Elle a été battue à mort par son compagnon qui a ensuite appelé les urgences pour signaler qu’il avait « fait une bêtise » après une dispute sur fond d’accusation d’adultère. Pour rappel, le nombre de féminicides en 2024 a été de 133 selon l’association NousToutes.
P.P.-V.
ON VOUS RECOMMANDE
Ca date un peu mais ça fait toujours du bien – surtout que le sujet risque de nous occuper une partie de la rentrée : l’excellent (comme toujours) sketch de Waly Dia pour Mediapart : « A coté de Bayrou, Penelope Fillon, c’est une bosseuse ».
Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !