La censure qui vient

La lettre du 13 octobre 📨
par Catherine Tricot et Pablo Pillaud-Vivien
Les motions sont déjà déposées. Les socialistes ont peur : une dissolution pourrait conduire le RN au pouvoir. Ils ont raison d’avoir peur, mais de là à rester en PLS…
Sébastien Lecornu a donc composé, en moins d’une semaine, son deuxième gouvernement. On y découvre des nouvelles têtes de la « société civile » tandis que les poids lourds politiques restent à la porte, à l’exception des remarquables Gérald Darmanin et Rachida Dati : on a les cadors qu’on mérite. Les ministres sont appelés à faire passer les arbitrages présidentiels auprès des députés.
Le PS redoute qu’une dissolution ne conduise le RN au pouvoir, seul ou avec une partie des LR en alliés. La peur évacue-t-elle le danger ? Pourtant les socialistes hésitent et semblent vouloir gagner du temps : attendre le discours de politique générale de mardi. Aujourd’hui, ils ne parlent plus que de « suspension de la réforme des retraites » comme condition de leur abstention. Ils s’éloignent de leurs exigences initiales : abrogation de la réforme des retraites, imposition des plus riches, abandon du 49.3, revalorisation du SMIC et des petits salaires. Ce faisant ils suscitent incompréhension ; ils s’isolent de leurs partenaires de gauche qui tous ont annoncé leur intention de censurer. Et se coupent d’une bonne partie de la rue de gauche.
Alors que la prolongation du gouvernement Macron-Lecornu ne tient qu’à leur décision, en ne votant pas la censure qui vient, le PS abîmerait toute crédibilité à porter une alternative au marcronisme. Ce faisant, il retournerait à la case départ, celle d’un fort doute sur son appartenance à la gauche. Avec, en 2022, un résultat mémorable : 1,74%.
Des motions de censure sont d’ores et déjà déposées. Soit Sébastien Lecornu ne lâche rien sur les retraites… et les socialistes censurent. Soit il met sur pause et le plus probable est que la censure sera quand même votée au bénéfice des désaccords parmi les LR et chez Horizons pour qui la réforme des retraites est un marqueur identitaire. Le groupe LIOT ne sera pas, cette fois encore, homogène. Le gouvernement pourrait donc tomber quelque soit la décision du PS ! Si le parti à la rose s’abstenait, ce serait alors les plumes et le goudron.
Viendrait une loi spéciale sur le budget puis une dissolution et des élections législatives express. Comme la peur n’évacue pas le danger, c’est à cette perspective que la gauche dans son ensemble doit se préparer. Sans perdre un instant.
Catherine Tricot et Pablo Pillaud-Vivien
🔴 NOBEL DU JOUR
Glucksmann félicite l’extrême droite vénézuélienne

La politique, c’est un monde de nuances. On peut légitimement contester le pouvoir autocratique de Nicolas Maduro, on ne peut pas porter aux nues l’extrême droite trumpiste comme alternative. C’est pourtant ce que vient de faire Raphaël Glucksmann, dans un tweet : « Bravo à Maria Corina Machado ! Et vive l’inlassable combat des démocrates vénézuéliens contre la dictature de Maduro ! » Lorsqu’elle a reçu son Nobel de la paix, elle s’est empressée d’adresser ses vœux à Donald Trump, ce dernier rapportant ses propos : « Je l’accepte en votre honneur, car vous le méritez vraiment ». Raphaël Glucksmann espère donc rassembler la gauche en jouant à fond la carte anti-Mélenchon, quitte à soutenir l’impérialisme prédateur américain – les menaces des États-Unis à l’encontre du Venezuela sont de l’ordre de l’invasion… Il y a deux jours encore, le Venezuela appelait l’Onu à agir contre une possible intervention armée.
L.L.C.
ON VOUS RECOMMANDE…

« Après la reconnaissance de la Palestine, quelles voies pour la paix ? » Nos confrères de Politis organisent, ce lundi soir au Petit Bain (Paris 13ème), une soirée débat/concert autour de la Palestine. Les invités du jour : la députée européenne Rima Hassan, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri et Céline Martelet, journaliste spécialiste du Moyen-Orient. La question qui anime ce moment est la suivante : alors que la France reconnaît désormais officiellement l’État de Palestine, la solution à deux États est-elle toujours une voie possible et crédible pour une paix durable ? Pour réserver vos places, suivez le lien !
C’EST CADEAU 🎁🎁🎁
Mesdames et messieurs, voilà ce que disait le nouveau ministre de l’éducation nationale lorsqu’il était directeur général de l’enseignement scolaire, en 2022 :
ÇA SE PASSE SUR REGARDS.FR

La dyssolution Macron — par tOad
Pour recevoir cette newsletter quotidiennement (et gratuitement) dans votre boîte mail, suivez le lien : regards.fr/newsletter !
Bonjour,
Oui, ce qui est en train de se passer ne fait que confirmer, s’il en état encore, besoin, que les socialistes gardent au fond d’eux-mêmes cette vieille tare de l’après 1ère guerre mondiale de « sociaux traitres ».
La période « congrès d’epinay « , union de la gauche « , « programme commun » et les 2 premières années de Mitterrand,soit, en tout, de 71 à 83, 12 ans, n’aura été qu’une parenthèse.
LFI a des relents de PC années 50-60 : c’est nous ou rien. Melenchon a des intonations de Marchais dans ses mauvais jours.
Le PC qui essaie de survivre. Les écologistes qui essaient de se faire un place.
Bref, on est encore et toujours mal barré.