LA LETTRE DU 11 AVRIL

macronhorror

Souviens-toi la loi Travail

Emmanuel Macron finira bien par entrer dans les livres d’Histoire, à condition qu’il achève son « projet » : détruire l’État social français.

Emmanuel tient à accomplir son grand œuvre. Entamé alors qu’il était ministre de l’Économie de François Hollande, il veut faire sauter les « rigidités » qui bloquent la création de richesse. Pour le locataire de l’Élysée, les statuts des salariés, les droits et protections qui s’y attachent, sont parmi les premiers obstacles à la compétitivité de la start-up nation. Depuis la première loi Travail en 2016, la liste s’allonge et l’œuvre va toujours dans le sens de l’amoindrissement des protections sociales. Emmanuel Macron n’a même pas tenu ses promesses d’accorder des droits aux auto-entrepreneurs et aux démissionnaires. Tout au contraire.

Ce dernier mois, cette approche macronienne a pu s’épanouir à trois reprises : assurance-chômage, protections des travailleurs détachés et statut de la fonction publique. Après avoir hésité sur l’argument, le Président a sifflé la fin de la « foire à la saucisse » et appelé chaque ministre à justifier la prochaine réforme de l’assurance-chômage pour ce qu’elle est : il ne s’agit pas de remplir les caisses de l’État mais bien d’établir de nouvelles contraintes pour forcer les chômeurs à accepter n’importe quel travail. Jusqu’alors, refuser de perdre en salaire était considéré comme un refus légitime. Cela ne sera plus.

Seule des 27 États-membres de l’UE, la France s’est opposée à la directive européenne reconnaissant la présomption de statut salarié aux travailleurs des plateformes. On sait les liens de Macron avec Uber. Mais l’affaire va plus loin. Il s’agit de permettre l’extension de ce type de travail au-delà des chauffeurs VTC et des livreurs qui ne bénéficie d’aucune couverture sociale. Pourquoi pas une caissière, un homme de ménage, un baby-sitter recruté via une plateforme ? Les emplois plus qualifiés ne sont pas préservés. Une étude thermique, un site Internet pourrait être réalisé par des personnes elles aussi sous ce nouveau type de rémunération.

Enfin, au lendemain même de sa rencontre avec les syndicats, sans l’avoir évoqué avec eux, le ministre de la Fonction publique annonce vouloir remettre en cause le « tabou du licenciement ». Outre que ce tabou n’existe pas – on peut déjà licencié un fonctionnaire –, il s’agit là encore d’introduire l’idée que la perte d’efficacité d’un agent pourrait se résoudre par son licenciement. Rappelons que la fonction publique reste le lieu de plus forte formation et promotion interne, seule véritable solution pour conserver un engagement dans le travail. 

La philosophie générale d’Emmanuel Macron reste celle d’un travail « coûteux » qu’il faut réduire, aucunement celle de travailleurs « ressources ». Ce faisant, au-delà de la dureté sociale, Emmanuel Macron sape les bases de l’attachement à son travail, d’une exigence de travail bien fait et qui a un sens. C’est ce qu’on appelle une démolition générale.

Catherine Tricot

On s’en fout des intermédiaires

Pour faire sauter les protections sociales, Emmanuel macron et son gouvernement s’en prennent aux syndicats et au paritarisme. Les syndicats ne sont consultés que sur la forme et ils apprennent par voie de presse les intentions du gouvernement. Les syndicats de médecins comme ceux des fonctionnaires viennent de vivre cette douloureuse expérience cette semaine.

Quant au paritarisme, il est réduit à peu : les lettres de cadrage définissent strictement les périmètres de négociations, fixent les orientations et imposent un calendrier improbable. Le paritarisme est également attaqué sur son fondement : les protections sociales seront de plus en plus liées à du financement par l’impôt et non par la cotisation, laissant aux majorités politiques le soin d’en décider des volumes et des attributions. On sort du système assurantiel pour entrer dans un système de secours. La charité d’antan.

C.T.

TACLE DU JOUR

Le Maire, trop vieux pour Macron

Recordman français du déficit, meilleur fossoyeur d’argent public au profit des entreprises, seul présent avec Darmanin depuis le premier jour du règne d’Emmanuel, Bruno Le Maire pourrait cocher toutes les cases du bon macroniste. Hélas, il vient de subir un camouflet de la part du roi en personne, de la pire des manières en donnant à son ministre l’argument suivant : « Nous n’avons pas un problème de dépenses excessives mais un problème de moindres recettes ». C’est que le ministre de l’Économie vient du « vieux monde ». Il pense déficit public, règle des 3% et projet de loi de finances rectificatives comme Balladur ou Mendès France. Alors oui, Macron est, tout comme son chouchou Attal, un vieux con. Mais pas du genre à se préoccuper de l’histoire. L’État, c’est lui, et après lui, le déluge.

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