Européennes, présidentielle : la réalité se regarde en face
Il n’y a pas de fatalité en politique, surtout au cœur d’une crise profonde qui rend toute situation instable, pour le meilleur et pour le pire. Dans l’immédiat, le curseur n’est pas du meilleur côté. Pour inverser la tendance, mieux vaut partir du réel tel qu’il se présente.
Quel est l’état des lieux ? Pour l’instant, en France comme dans de nombreux pays d’Europe, la vie politique se déporte vers la droite. Les sondages indiquent la possibilité d’une extrême droite européenne s’approchant des 200 sièges dans le prochain Parlement (en cumulant le groupe Identité et Démocratie, celui des Conservateurs et réformistes européens et une partie des non inscrits). La voie pourrait alors s’ouvrir à une coalition majoritaire de droite, pour la première fois depuis que le Parlement européen est élu au suffrage universel.
La France connait un mouvement très proche. Entre 2017 et 2022, la droite classique (macronistes et Républicains) s’est effondrée ; mais la gauche n’en a bénéficié que pour une faible part, alors que l’extrême droite s’est envolée. Aux législatives de juin 2022, au premier tour, la droite a perdu 15%, la gauche a progressé de 2% et l’extrême droite a bondi de 11%.
Des classes populaires politiquement éclatées
Dans les années 1960-1970, les classes populaires ont connu un surcroît de participation et elles votaient majoritairement à gauche. Après 1978, leur propension au vote s’est à nouveau tassée et, après 1988, elles ont commencé à se détourner de la gauche. Désormais, elles s’abstiennent massivement et, quand elles votent, elles se portent davantage vers l’extrême droite que vers la gauche. À la présidentielle, un tiers des employés qui ont voté s’est porté à gauche contre 42% à l’extrême droite ; chez les ouvriers, 30% ont voté à gauche et 40% en faveur de l’extrême droite. Au total, sept ouvriers votants sur dix ont choisi la droite ou l’extrême droite.
Si l’on observe le vote des circonscriptions législatives, on constate que le choix du RN est d’autant plus soutenu que le niveau de formation dans la commune est faible, que l’on est ouvrier ou employé, que l’on ne vit pas dans un centre métropolitain et que l’on est propriétaire. On a en revanche d’autant plus de chance de voter Nupes que l’on est locataire, au cœur de la France métropolitaine, que l’on est de revenu modeste mais de formation relativement élevée.
Au-delà de ces données économiques et sociales (qui ne sont pas le seul déterminant du vote), cette évolution renvoie à une dégradation des représentations idéologiques. Par un travail patient et habile, l’extrême droite s’est installée dans un climat d’incertitude, de sentiment d’insécurité et de déclin ; sur cette base, elle a imposé ses thématiques de « l’identité » et de « l’assistanat ». Elle s’appuie sur une cohérence forte qui relie l’inquiétude, le désir de protection, le fantasme de la clôture et l’acceptation de l’exclusion. La Macronie valorise la confiance, le marché et l’ordre ; le RN relie l’inquiétude, la frontière et le mur ; d’un côté la concurrence, de l’autre l’exclusion. En sens inverse, le projet d’égalité et d’émancipation qui soudait et dynamisait le vote de gauche n’a plus la cohérence et la légitimité qui lui appartenaient.
Désormais, l’extrême droite et les leaders du Rassemblement national sont jugés plus performants et moins inquiétants que leurs homologues de La France insoumise, y compris sur les questions de démocratie !
Du coup, le mouvement populaire est fragilisé, par la déconnexion qui s’opère entre la colère sociale (gilets jaunes, manifestations contre la réforme des retraites, révoltes urbaines, paysans) et l’alternative politique. Si la gauche résiste mieux qu’en Italie, ses bases restent étroites. Entre 2012 et 2017, le hollandisme a précipité le social-libéralisme dans la crise et a rompu l’hégémonie de la gauche socialiste sur la gauche, qui a été totale de 1981 à 2012. Le flanc gauche de la gauche a retrouvé des couleurs avec le vote Mélenchon. Mais la gauche dans son ensemble est dans ses niveaux les plus bas : plus à gauche que dans les décennies antérieures, mais très minoritaire…
On peut certes souligner que le vote en faveur d’Emmanuel Macron a été un des plus « bourgeois » de l’histoire politique française, que la gauche a obtenu des résultats encourageants dans les communes pauvres des aires métropolitaines et que la lutte des classes n’a pas disparu de la scène publique. Malgré tout cela, la représentation populaire ne se fixe pas d’abord sur la gauche. S’il existe un « bloc populaire », il se porte plutôt vers la part la plus à droite de l’éventail politique. Cela n’a rien de fatal, mais c’est un fait…
Regard (prudent) sur les sondages
Où en est-on, moins de deux ans après les scrutins décisifs de 2022 ? Si on observe avec prudence la batterie des sondages disponibles, la gauche aurait tort de se rassurer. Contrairement à ce qui s’est produit à d’autres périodes, la colère sociale et l’enlisement au sommet de l’État ne semblent pas lui profiter, pour l’instant.
Sondages sur la présidentielle 2027 | |||
IFOP (moyennes) | GAUCHE | DROITE | EXT DROITE |
févr-24 | 25,5 | 30,0 | 44,5 |
déc-23 | 27,4 | 32,8 | 39,9 |
Résultats 2022 | 31,9 | 35,8 | 32,3 |
Hypothèse de législatives anticipées | |||||
Sondeur | Date | GAUCHE | DROITE | EXT. DROITE | |
Ifop | déc-23 | avec NUPES | 31,5 | 34 | 34,5 |
sans NUPES | 34 | 32 | 34 | ||
Elabe | avr-23 | avec Nupes | 29,5 | 35,5 | 35 |
Résultats de 2022 | 30,6 | 41,8 | 27,7 |
Européennes 2024 | |||
GAUCHE | DROITE | EXT. DROITE | |
Moyenne février 2024 | 31,6 | 27,5 | 36,5 |
Moyenne janv-24 | 30,5 | 27,7 | 38,1 |
Moyenne déc-23 | 30,6 | 27,7 | 39,4 |
Résultats 2019 | 29,3 | 30,9 | 26,8 |
Les sondages portant sur les prochaines élections européennes et sur d’éventuelles législatives anticipées montrent une gauche qui serait en position de se maintenir ou même de progresser sur son niveau (modeste) de départ. Tous laissent entrevoir néanmoins une amplification du déplacement de la droite vers son pôle extrême. L’hypothèse présidentielle est, elle, franchement préoccupante, compte tenu du caractère structurant de ce scrutin. En l’état, la gauche ne retrouverait pas ses niveaux antérieurs de 2017 et de 2022, la droite classique reculerait à nouveau et l’extrême droite accentuerait sa percée.
Pour la première fois, des configurations possibles de second tour ont été testées. Elles doivent être considérées avec prudence : on ne connait pas même les candidats de premier tour. Cette réserve étant faite, les champions présumés de la droite classique (Édouard Philippe et Gabriel Attal) seraient au coude-à-coude avec Marine Le Pen, qui continue de faire la course en tête au premier tour. En revanche, Jean-Luc Mélenchon – qui continue d’écraser la concurrence à gauche – subirait un sérieux revers : il passerait de 14% à 36% entre les deux tours, quand la candidate du Rassemblement national progresserait de 36% à 64% !
La « dédiabolisation » du Rassemblement national se confirme et ne manque pas d’effets sur l’orientation des votes.
Évolution des traits d’image négatifs associés au Rassemblement national
En sens inverse, la formation d’extrême droite voit s’améliorer la perception de sa compétence supposée, y compris sur les dossiers dits « régaliens », sur lesquels elle était jusqu’alors largement discréditée.
Évolution des traits d’image positifs associés au Rassemblement national
Source : Antoine Bristelle, « Les conséquences électorales de la dédiabolisation de Marine Le Pen », note de la Fondation Jean Jaurès, 8 février 2024
Désormais, l’extrême droite et les leaders du Rassemblement national sont jugés plus performants et moins inquiétants que leurs homologues de La France insoumise, y compris sur les questions de démocratie ! Il est vrai que le mouvement de « dédiabolisation » n’est pas total. Dans l’ensemble, l’effet de répulsion suscité par Marine Le Pen reste plus élevé que celui de ses concurrents de droite, ce qui rend toujours incertain le résultat d’un hypothétique duel au second tour d’une présidentielle. Mais l’héritière du clan Le Pen a pour elle d’avoir sur sa droite une composante plus radicale (le couple Zemmour-Maréchal) qui atténue son image « d’extrême ». Du coup, la charge répulsive de l’extrême s’éloigne d’elle, alors qu’elle continue de peser sur son concurrent principal à gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Trois fausses bonnes idées…
Pour inverser la tendance négative, mieux vaut ne pas s’enfermer dans les convictions rassurantes, qui peuvent se révéler des miroirs aux alouettes.
1. L’idée d’une bénéfice politique naturel de la « radicalisation » peut en être un. Toute crise nourrit de la radicalité conflictuelle, mais pour en mesurer la profondeur et en imaginer les effets, gardons-nous de simplifier. Ce qui domine aujourd’hui, c’est l’incertitude et l’inquiétude sur l’avenir. Cela n’implique pas la désespérance et n’étouffe pas les colères. Cela n’empêche pas que se multiplient les pratiques inventives comme autant de points d’appui possibles. Mais la contradiction est toujours là. Chez les individus, la colère et la rage coexistent avec le rêve d’une société réconciliée, la tentation de la violence côtoie l’aspiration à l’ordre, la montée générale de la tolérance se heurte au confort de la clôture, le désir de liberté est percuté par l’obsession de la sécurité, la volonté de décider par soi-même est bridée par la crainte de ne pas savoir le faire ou de devoir passer trop de temps à la faire. On peut redouter les effets destructeurs de la mondialisation et rêver d’être soi-même auto-entrepreneur… La mise en mouvement populaire est spectaculaire ; à ce jour, elle n’est pas stimulée pour autant par un horizon de partage et d’émancipation.
À cause des butoirs et des échecs du XXème siècle, la gauche hésite à remettre sur le métier le grand récit de la liberté, de la citoyenneté, de la solidarité et désormais de la sobriété. Or, c’est ce grand récit d’émancipation, celui de la « Sociale », qui, aujourd’hui comme hier, peut fonder le peuple politique.
2. Cibler les abstentionnistes ? Cela semble évident et pourtant… Le PC des années 1980, qui a été la première victime à gauche du reflux de la participation électorale populaire, a cru qu’il pouvait se relancer en se tournant vers « ses » abstentionnistes. Il n’y est jamais parvenu et, au-delà de lui, nul n’a su contrecarrer la tendance à la défiance et au retrait civique. En fait, l’abstention est un phénomène complexe, qui relie des désengagements permanents et des retraits conjoncturels. Les abstentionnistes ne sont pas un bloc (ceux qui s’abstiennent en permanence sont estimés à 10% des inscrits). Ce qui joue plus ou moins selon les élections, c’est l’absence de confiance, le sentiment du déclin, le moindre attachement à la démocratie, l’érosion des idéaux démocratiques, les doutes sur la transparence des élections…
La clé de la reconquête n’est pas dans le ciblage aléatoire des non-votants d’hier. À tout moment, le plus décisif n’est pas de segmenter la « clientèle » électorale, mais d’apparaître politiquement utile pour la société tout entière et non pour tel ou tel de ses fragments. Ce n’est pas parce que le PCF s’adressait aux ouvriers qu’il attirait leur vote, mais parce qu’il leur paraissait fonctionnellement et globalement utile. Ce n’est pas parce que Mélenchon s’adressait spécifiquement aux banlieues qu’il y a réalisé ses meilleurs scores depuis 2012, mais parce que, dans des territoires historiquement labourés par la gauche, il est apparu comme le candidat le plus à gauche et le plus crédible.
Ajoutons que toutes les études disponibles suggèrent que, s’ils avaient voté, les choix des abstentionnistes n’auraient pas été bien différents ni « meilleurs » que ceux retenus par les votants effectifs. Une étude copieuse d’OpinionWay, menée après les législatives de 2022, suggérait que 33% des abstentionnistes du premier tour avaient envisagé de voter pour un candidat RN, contre 25% pour une candidature Nupes et 23% pour la majorité présidentielle… Quant au récent sondage présidentiel de l’Ifop, il est tout aussi suggestif : parmi celles et ceux qui se disent « sans sympathie partisane », 15% déclarent qu’ils voteraient à gauche au premier tour, contre 33% à droite et 52% à l’extrême droite ; pour le second tour, 23% envisageraient un vote Mélenchon contre 77% un vote Le Pen !
3. Se tourner vers le « bloc populaire » ? Mais où voit-on un bloc de nos jours ? L’enjeu politique est précisément de chercher à rassembler ce qui est aujourd’hui désuni, à savoir le peuple sociologique existant (les catégories populaires) et un peuple politique possible (la gauche) ? Les XIXème et XXème siècles ont été marqués par une unification relative des catégories populaires. Elle s’est construite en conjuguant deux phénomènes. Le premier fut l’existence d’un groupe central (les ouvriers) en expansion et lui-même unifié tendanciellement par l’existence d’un mouvement ouvrier (syndicats, associations, partis) qui le dotait d’une conscience. Le second fut l’existence en longue durée de l’idéal d’une société d’égalité (la république démocratique et sociale) qui permettait de raccorder le refus de l’existant et l’utopie de l’avenir. La rencontre d’un mouvement social composite et d’un grand référent symbolique a fait fonction de coagulant.
Cette situation s’est inversée, de façon accélérée à partir des années 1980. La financiarisation et l’érosion de l’État providence ont déstructuré la classe et parcellisé le monde populaire. Quant à l’espoir de la société d’égalité, il s’est heurté à l’échec des voies qui cherchaient une émancipation globale : soviétisme, tiers-mondisme, État de bien-être. Le communisme politique (avec sa belle galaxie d’organisations dites « de masse ») s’est atrophié, tandis que les cohabitations et les balanciers des pouvoirs oscillant de la droite à la gauche ont épuisé l’idée d’alternative. Le clivage gauche-droite continue d’orienter le choix des votes, mais on croit moins qu’autrefois à sa pertinence, puisque droite et gauche font à peu près la même chose quand elles exercent le pouvoir. Faute d’espérance, la colère a pour seul horizon le ressentiment. Là est le cœur de nos problèmes… et le foyer de nos solutions.
… mais de vrais besoins
Il faut stimuler le désir de ne pas s’enfermer dans les logiques économiques, sociales, politiques ou morales qui brident le mouvement d’émancipation humaine. Cela signifie que doit se nourrir le sentiment que l’insupportable est aussi l’inacceptable, qu’il faut s’insurger contre lui s’il le faut et qu’en tout état de cause lutter est une valeur, individuellement et collectivement. Mais si l’on s’en tient à l’appel incantatoire à l’engagement ou à la grève, les effets politiques seront limités… surtout, si l’on ne dit pas en même temps ce vers quoi la lutte peut conduire.
À gauche, on ne devrait pas espérer gagner en passant son temps à délégitimer tout autre que soi-même, mais en affirmant son originalité et son utilité, celle d’une histoire comme celle d’un projet.
Dans une société inquiète, il importe de désigner les horizons qui rassurent, les constructions collectives qui redonnent confiance, les valeurs et les pratiques qui rapprochent au lieu de séparer. En bref, avancer d’autres cohérences que celles négatives de la droite et de l’extrême droite. À cause des butoirs et des échecs du XXème siècle, la gauche hésite à remettre sur le métier le grand récit de la liberté, de la citoyenneté, de la solidarité et désormais de la sobriété. Or, c’est ce grand récit d’émancipation, celui de la « Sociale », qui, aujourd’hui comme hier, peut fonder le peuple politique.
Le refus de l’ultralibéralisme est une porte d’entrée possible ; il n’est pas en lui-même un projet. Même le programme, si nécessaire qu’il soit, n’est rien sans le projet qui lui donne son souffle. Or, le projet, c’est à la fois le récit de la société possible et la construction politique qui peut l’inscrire dans la durée. Ce n’est pas celui qui parle le plus haut qui convainc : Marine Le Pen en fait la redoutable démonstration.
Il n’y a pas d’avancée, globale ou partielle, sans dynamique à vocation majoritaire pour la mener. La gauche a su être majoritaire à la charnière des années 1970 et 1980, et elle peut le redevenir. Elle doit pour cela maîtriser une réalité : elle est elle-même diverse et polarisée. Il n’y a certes pas « deux gauches » séparées par on ne sait quelle muraille de Chine. Il y a bien une gauche au singulier, rassemblée dans la longue durée par le désir populaire d’égalité et de liberté. Mais cette singularité ne se déploie pas sans la polarité qui la distingue et qui la fait vivre en se transformant : un pôle de négociation avec le système et un pôle de rupture systémique. Ces deux pôles se disputent, à tout moment, l’orientation générale de toute la gauche. Dès l’instant où leur controverse se mène à coup d’arguments et de prospective, sans chercher l’élimination de l’autre, leur dualité est une force.
Dans les années 1960-1970, le pôle de rupture dominait. Mais, à partir des années 1980, le PCF s’est érodé puis effondré ; pendant près de trois décennies, il n’y a plus eu de contrepoids au pôle « réaliste » qui s’est ainsi déporté de plus en plus vers sa droite (le social-libéralisme). En 2017 et 2022, dans la foulée de la dynamique « antilibérale », autour de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon, c’est la gauche de gauche qui a repris l’ascendant… avec un effondrement de l’autre pôle. La dynamique générale en a pâti : la gauche a retrouvé des couleurs, mais elle peine à atteindre le tiers des suffrages. Comment, dès lors, contredire l’inflexion générale vers la droite ?
Sortir de l’impasse
Que faire ? Les réponses doivent se trouver ici et maintenant. Elles ne sont pas dans le passé, ni dans l’ancienne utopie, ni dans Lénine, ni dans Gramsci, ni dans les sages préceptes de la vieille social-démocratie, ni dans les avatars du péronisme ou du bolivarisme.
- Pour gagner, deux conditions doivent être réunies : attirer le plus de forces possible et repousser le moins possible. En est-on là ? Les sondages suggèrent que la gauche en est loin.
- Ajoutons que, pour gagner, les enjeux de long terme ne doivent pas être sacrifiés au profit du temps court des calendriers électoraux. Le long terme, c’est le peaufinage du projet, le retissage des liens distendus du social et du politique. C’est aussi le dépassement, non de l’organisation politique en général, mais de la forme-parti hiérarchique, calquée sur l’État, qui a été sa forme dominante au XXème siècle.
- Il ne s’agit pas de gagner pour gagner, mais pour changer en profondeur l’état des choses. Pour cela, la condition minimale est que la gauche de gauche ne perde pas son souffle. Tout retour vers le bourbier du social-libéralisme serait lourd de désillusions et de nouvelles débâcles. Mais pour être dynamique de façon durable, cette gauche de gauche devrait se débarrasser de certaines habitudes qui pèsent sur elle. Elle se gardera ainsi d’identifier la lutte politique et la guerre, la rupture et la guerre civile, l’influence majoritaire et l’hégémonie. Elle évitera les discours incertains du dégagisme, les tentations du clivage permanent au sein du mouvement social et de la gauche, les injonctions permanentes sur ce que l’on doit faire et ne pas faire.
La gauche est certes polarisée et, quand elle n’est pas rassemblée, ce n’est pas seulement ni même d’abord par la mauvaise volonté des uns ou des autres. On peut donc et on doit même vouloir faire de l’unité un impératif, sans pour autant dramatiser les divisions conjoncturelles. Il n’en reste pas moins que la gauche doit se rassembler dans toute sa diversité pour gagner une majorité, en ne laissant personne sur le bord du chemin. Les chemins de l’avancée peuvent être tortueux, mais à l’arrivée, pas de majorité sans Mélenchon… et sans Cazeneuve.
- Ce constat raisonnable à une conséquence : prendre acte des différences n’implique pas de cultiver systématiquement les clivages à l’intérieur de la gauche. La tentation est forte de faire de la différence le moyen de l’identification politique. C’est une facilité, en même temps qu’une impasse. En bref, si la gauche d’alternative doit se méfier de l’eau tiède, elle doit tout autant se garder de la culture du « camp contre camp », du « eux » et du « nous », de la « vraie gauche » et de la « gôche qui trahit ». À gauche, on ne devrait pas espérer gagner en passant son temps à délégitimer tout autre que soi-même, mais en affirmant son originalité et son utilité, celle d’une histoire comme celle d’un projet.
S’il faut suggérer une formule pour désigner l’objectif, en voici une : pour contrer la dérive à droite de la vie politique, le plus efficace se trouve du côté d’un rassemblement populaire à gauche, le plus souvent possible, le plus à gauche possible, le plus largement possible. Au débat politique à gauche, ferme et serein, de déterminer le périmètre le plus pertinent de ces trois « possibles ».
Heu…
Ca ne s’appelle pas enfoncer des portes ouvertes, cet article ?
Aucun changement de politique en France n’est possible sans la mobilisation et le rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui ne veulent ni le Rassemblement National, ni la droite conservatrice, ni le centre macroniste dont chacun connaît aujourd’hui les méfaits.
Il faut du courage politique, regarder dans la même direction et arrêter de se chamailler.
Regardons la réalité en face : la droite, c’est ce qui n’est pas à gauche, le centre n’existe pas, la droite va de Macron aux fachos sans parti officiel.
Et j’y inclus Hollande, Caseneuve et associés qui ont fait les lois de transitions (travail et police, en particulier) entre Sarkozi et Macron.
Faire l’union avec certaines personnes dites de gauche, abandonner son intégrité politique, ce n’est pas avoir du courage politique ni arrêter de se chamailler, c’est encore et toujours plier l’échine sous le joug du capitalisme.
C’est au travers d’une union claire sur un programme défini anti capitaliste en écartant toute dérive social démocrate , cette dernière à été la cause de déception, de désillusion et d’abstention sur c’est basés là l’espoir peut renaître.
Regardons la réalité en face : l’union claire n’existe pas. Le programme est juste la partie visible pour la population, chaque composante montre qu’elle a fait entendre sa voix, qu’elle n’a pas céder sur ses grands principes. Le reste est totalement caché, en particulier les tractations pour les élections.
L’union n’existera que le jour où, sur le terrain et en grand nombre, les militants diront à leurs dirigeants politiques « on vous emmerdent, nous ont FAIT l’union ».
Quant à la dérive social-démocrate, elle existera obligatoirement, sans la mise en place de comités citoyens de contrôle des activités des dirigeants politique.
Absolument d’accord avec Roger Martelli.
Absolument en désaccord avec Martelli, faire croire que Cazeneuve (ou ses copain Valls, Hollande, Macron) sont de goche est déjà une trahison.
A juste titre, le peuple ne veut plus en attendre parler !!!
sinon comment expliquer le score d’Hidalgo ?
Un ancien de la rue Toussaint à Marseille
Mettre en avant la priorité du rassemblement de la gauche pour gagner des élections cela n’a de sens que si il y derrière un projet de société en rupture avec le système capitaliste dont on constate depuis longtemps qu’il va à l’encontre d’un progrès social et humain. Un projet en rupture oui , mais crédible , qui permette une prise de conscience d’une majorité de français, mais aussi au niveau européen et même mondial.
Pour cela, cela passe obligatoirement par un développement inédit de la démocratie à tous les niveaux de nos sociétés.
Ce n’est pas il me semble la principale préoccupation des partis de gauche rien qu’à voir leurs fonctionnent internes. Ce texte aborde l’importance d’un projet sans donner des pistes .
Le RN a un avantage déterminant vis-à-vis de LFI.
Tous les médias d’extrême droite soutiennent le RN
LFI, c’est l’inverse voir Regards !!
Exactement comme les merdias mainstream qui font la courte échelle au RN.
Pour me contredire, c’est très facile : vous me montrez des articles disant autre chose que des ordures sur LFI…
Allez hop un article de Regards disant du bien sur celui qui a fait 22% aux présidentielles sur un programme anti-libéral ?
je parle de médias importants pas de Bella Cio ou LSV, des gens sincères y compris dans leurs désaccords.
N’ayez pas peur les insoumises et les insoumis vont s’en sortir !!
D’ailleurs quel est le mouvement politique de gauche que le peuple préfére dans ses votes ?
Ni EELV, ni le PCF, ni le PS ni la Fase, ni Ensemble……
Bonjour, voilà ce que je voudrais dire à propos de la Gauche.
J’ai écrit à certains leaders de la Gauche :
Bonjour,
J’ai déjà écrit à chacun d’entre vous. Sans jamais avoir de réponse de quiconque.
Alors je vous le dis à nouveau et vous pose une question :
Ce qu’il se passe à gauche est un honte.
La gauche dite radicale est divisée en multiples petites chapelles. Chacun appelant à l’union, mais sous sa bannière et chacun jouant de son ego en disant que c’est lui, ou elle, qui est le, ou la, meilleur(e). Je vous cite nommément :
– Fabien Roussel pour le PCF
– Clémentine Autain pour la gauche eco socialiste- LFI
– François Ruffin pour LFI
Sandrine Rousseau pour les Verts
Sur la question fondamentale de la transformation de la société ultra libérale actuelle, vos positions sont assez proches globalement les unes des autres.
Moi, perso, je me retrouve sur beaucoup de sujets émis par chacun d’entre vous.
Alors, si vos egos respectifs vous amènent vous présenter tous et toutes aux prochaines élections présidentielles de 2027, quelqu’un comme moi vote pour qui ?
Mon seul souci est le suivant :
– Fabien Roussel : j’aime bien le personnage mais je ne comprends plus où est le communisme dans ce qu’il dit. Le problème du PCF est le suivant : il se définit communiste mais on on ne sait plus ce que ce mot veut dire aujourd’hui.
– Clémentine Autain : j’aime bien ce qu’elle dit. Mais son projet, L’eco socialisme ? Mais que veut dire socialisme dans sa bouche. ? Pour ma part, son eco socialisme s’approcherait plus du communisme. Ce qu’elle dit est très proche de ce que disent les communistes.
Mais pourquoi ne pas le dire ? Sinon, quelle en serait la différence ?
– François Ruffin : c’est bien ce qu’il dit. Mais il se définit comme social-démocrate. Où est la social-démocratie dans ce qu’il dit ? Ou alors,il nous enfle : il dit des choses choses bien, qui font très peuple pour, ensuite, au pouvoir faire de la social-démocratie, ce qui n’est pas le peuple.
– enfin, Sandrine Rousseau : c’est bien que vous dites, mais on ne sait pas où vous voulez aller : quel projet de société avez-vous ?
Marc Lesauvage
https://melenchon2022.fr/wp-content/uploads/2022/04/LAvenir-en-commun-le-programme-en-version-abregee.pdf
Le rassemblement de la gauche n’a de sens que s’il y’a un projet commun de société comme il est dit dans cet article ,en rupture avec le système capitaliste qui va à l’encontre du progrès social , humain et du cadre de vie et qui nous mêne au pire. Un projet qui soit crédible qui puisse permettre au plus grand nombre une prise de conscience au niveau de la France mais aussi de l’Europe et même du monde. Vaste programme.
Cela passe par plus de démocratie à tous les niveaux à commencer par les partis de gauche eux même dans leurs façons de fonctionner.
Quand aux programmes ils sont aussi indispensables pour améliorer les choses du quotidien car c’est en luttant pour des revendications que l’on prend mieux conscience des choses
Le PCF s’est effondré car le paradis sur terre (URSS) a disparu. De ce fait il est devenu un super syndicat qui n’offre pas de perspective de rupture économique, politique et sociétale.
Le PS, libéré du concurrent communiste, a versé sans complexe vers des solutions de plus en plus à droite, ce qui explique le rejet.
Les Verts ont pour eux la vérité sur l’avenir sombre du monde, mais vivent une instabilité chronique interne qui les empêchent d’être pris au sérieux et les paralysent.
La seule solution réside dans la mise en commun du social et de l’écologie, de la gestion et de la rupture.
Mais cela voudrait dire que les Verts sortent de leur amour immodéré pour l’Europe et qu’il aient une vision plus réaliste de ce qu’elle est réellement.
Cela voudrait dire que le PS retrouve la notion de lutte de classe qu’il a abandonné au profit de « gestion loyale du capitalisme ».
Cela voudrait dire que le PC se transforme en un parti moderne qui annonce clairement qu’il n’est plus communiste, car nul ne sait plus ce que cela veut dire après ce qu’ont vécu et ce que vivent les peuples sous le joug de parti uniques transformés en machines à broyer les pensées.
Cela voudrait dire que LFI conjugue la sage gestion rassurante de la politique quotidienne et la rupture non pas seulement pour la VI° république mais pour un monde de l’autogestion contrôlée et vers la disparition à long terme de l’Etat. Il faut donc en finir avec les éructations de certains d’entre eux.
Bref, cela fait beaucoup et pendant ce temps là, le RN caracole.
Edgar Malausséna. Maire Honoraire de Villars sur Var (Maire de 1999 à 2020). Ex conseiller Régional Vice Président en PACA (1998/2010).
Je ne ferai pas le reproche du fait que l’article est tourné surtout sur les constats identifiés depuis longtemps. le problème à résoudre relève de la culture politique largement défaillante dans les milieux populaires. Cela fait que ceux qui ont intérêt à de profonds changements se détournent des combats utiles.
A mon vis , nous ne ferons pas l’économie d’une véritable éducation populaire de la transformation sociale et politique. inutile de rechercher des raccourcis pour gagner des élections. Je rappelle que la gauche ( ou la goche, comme on veut..) a gagné 3 présidentielles en 1981, 1988 et 2012. On peut ajouter la législative surprise de 1997. Cela relativise beaucoup l’efficacité des démarches électorales (ou électoralistes avec un grand sauveur).
Alors que faire ? A mon avis, il faut structurer les mouvements sociaux et politiques, approfondir les discussions pour rendre plus forts et plus confiants.
Les temps électoraux sont des moments importants de débats. Mais il faut les relativiser. Personnellement, je souhaite aussi mettre de la convivialité dans nos lieux de rencontre.
Et dans la passé, pourquoi était-il plus facile d’avoir une conscience de classe ?
Merci!
pas « douce » à regarder, en effet, la vérité en face..
N’est ce pas : « a une conséquence » plutôt que « Ce constat raisonnable à une conséquence : prendre acte des différences n’implique pas de cultiver systématiquement les clivages « ? (ou alors je n’ai pas compris le sens de cette phrase?..)
Beaucoup de choses contestables (et même des contradictions) dans cet article qui prétend faire dans la sociologie politique mais qui ne fait qu’exprimer les convictions personnelles de son auteur. Tout d’abord, selon Roger Martelli, qui enfourche là un de ses dadas : la radicalité ne serait pas payante. Ah bon ? Qu’est-ce qui a permis à LFI de prendre le pas sur un PS qui a trahi les valeurs du socialisme ? Et qu’est-ce qu’a gagné le parti communiste avec tous les thèmes mis en avant par Roussel qui font tant plaisir à la droite la plus rance (le virilisme des amateurs de bonne viande, l’anti écologie, le soutien aux flics factieux…) Voir ici : https://www.frustrationmagazine.fr/roussel/
Selon Martelli, pour rassembler, la gauche doit s’unir d’un bord à l’autre, depuis Mélenchon jusqu’à, tenez-vous bien, Cazeneuve. Et pourquoi pas Valls, tant qu’on y est ? Et pourquoi pas essayer de faire revenir Macron et Attal ?
Ce n’est pas sérieux. S’unir avec la gauche qui a engendré Macron et qui ne l’a regretté à aucun moment, pour quoi faire ? Quelle politique peut-on imaginer en tirant à hue et à dia ?
Martelli nous dit ça après avoir dit qu’on croyait moins qu’autrefois à la pertinence du clivage gauche-droite « puisque droite et gauche font à peu près la même chose quand elles exercent le pouvoir ».
C’est un aveu que l’électoralisme est le seul soucis de Roger Martelli. Peu importe le programme qui sera mis en œuvre (ça ne coûte pas cher à Martelli de nous dire qu’il le souhaite le plus à gauche possible), l’essentiel est de gagner les élections.
La meilleure illustration en est que Martelli, tout en nous disant de nous méfier des sondages, ose nous proposer, à l’instar des médias mainstream, adeptes des courses de petits chevaux électoraux, un sondage sur la présidentielle de 2027. Un sondage qui n’a aucun sens 3 ans à l’avance.
« C’est un aveu que l’électoralisme est le seul soucis de Roger Martelli. »
§Bravo d’accord avec vous !
C’est ça la veille politique dont le Peuple ne VEUT PLUS !!!
La question a se poser par rapport à la logique de Martelli
Quel est la but d’une telle démarche?
PAs pour la prise de pouvoir, on sait que c’est complétement inefficace !!
Mais pour avoir un minimum de PLACES pour toucher des indemnités, là oui, ça marche !!
C’est cette logique qui a mené Melloni au pouvoir en Italie.
Par ailleurs » la radicalité ne serait pas payante. » d’après Martelli, mais alors il faisait quoi le MArtelli au PCF et il faisait quoi le PCF dans les années 70 et 80 quand Martelli était à la direction du PCF?
Simple, ils faisaient de la communication pour avoir des places….
Et aujourd’hui, on éborgne les gilets jaunes et on massacre à Gaza….