Désistements : les bons et les mauvais comptes de l’Histoire

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Pour empêcher le RN d’avoir une majorité, il n’y a qu’une solution : que les candidats les moins bien placés se désistent.

Ce soir, à 18 heures, seront déposées officiellement les candidatures pour le second tour – il faut, pour en avoir la possibilité, avoir obtenu plus de 12,5% des inscrits au premier tour. 77 députés ont été élus au premier tour – dont 39 RN, 32 NFP (20 LFI, 4 PS, 4 EELV, 2 PCF, 1 Génération.s et 1 divers gauche) et 7 divers. Il reste donc 499 circonscriptions à pourvoir.

Selon les décomptes du Monde, il y aurait 311 triangulaires ou quadrangulaires possibles. À la suite des appels au désistement pour empêcher l’élection d‘un député RN – appel unanime des forces du Nouveau Front Populaire, bien plus alambiqué du côté de la Macronie –, 190 candidats se sont retirés. Reste donc, ce mardi matin, 115 triangulaires, si rien ne bouge, et 385 duels.

Selon nos calculs, qui évolueront dans la journée en fonction d’éventuels nouveaux retraits, sur les 501 second tour, il y aura 275 candidats NFP : 124 LFI, 104 PS, 48 EELV, 19 PCF et 26 DIV gauche – dont Générations, NPA, Ruffin et « les purgés de LFI »… La mobilisation des électeurs, les dynamiques de report, dessineront donc la future Assemblée. 

Rappelons que la majorité absolue est de 289 députés. Si le NFP faisait élire tous ses candidats, elle aurait 305 députés (30 au premier tour + 275 au second). L’hypothèse d’une majorité absolue pour le NFP est donc hautement improbable. C’est cet argument que retient Emmanuel Macron pour appeler au désistement. Nouvelle illustration de la hauteur de vue de notre Président !

La gauche n’a pas fait ces calculs médiocres. Elle appelle à ne pas élire de députés RN, quitte à faire élire des adversaires honnis, comme madame Elisabeth Borne.

La Macronie et la droite LR canal historique, réunis, ne sont pas non plus en mesure de constituer une majorité à l’Assemblée nationale. Seul le LR Philippe Juvin et le macroniste Pierre Cazeneuve, dans les Hauts-de-Seine, sont élus au premier tour, bénéficiant de l’accord LR/Renaissance dans ce département. On annonce la perte de plus de 100 députés macronistes sortants.

Devant cette sanction de leur grave échec politique, et parce qu’ils pensent que le RN n’est pas un parti de gouvernement, toutes les nuances de droite et de macronistes s’agitent autour de cette question : et maintenant, comment continuer notre œuvre bienfaitrice, bien qu’incomprise ? Une grande « coalition des raisonnables » est leur horizon. D’où cette insistance honteuse devant l’histoire à diaboliser LFI pour la séparer du reste de la gauche. Ils ne désespèrent pas de faire revenir socialistes et écologistes dans le lit du libéralisme autoritaire mis en œuvre par François Hollande et aggravé par Emmanuel Macron. Cela ne doit pas advenir. La gauche a retrouvé de l’allant en redevenant de gauche. Pour le futur, l’enjeu est de poursuivre ce chemin ensemble. C’est essentiel. Il ne faut pas que la gauche se fracture devant les épreuves qui s’annoncent. Il s’agit d’une question décisive que mettent en danger les provocations incessantes. Demain, ce chemin devra prendre de l’ampleur dans des débats approfondis qui ne sont pas seulement l’expression des rapports de force. 

P.S. : les purgés de LFI gagnent 3 des 4 duels absurdes imposés par Mélenchon. Pourtant, LFI maintient ses candidatures face à Alexis Corbière et Danielle Simonnet, arrivés en tête. Gageons que, comme au premier tour, on verra de nombreux députés LFI venir faire campagne contre eux, plutôt que là où un enjeu RN existe, pour faire battre ces deux figures emblématiques du mouvement…. Ils seront à leur tour avalés par l’ogre-appareil, quand il leur échappera une parole un peu critique. Ce genre de machine infernale est sans fin.

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1 commentaire

  1. Frédéric Normand le 2 juillet 2024 à 14:45

    Chercher le monstre, tel semble être le but des concurrents engagés dans la course à la majorité. S’il n’y en a pas, on en invente un, plusieurs pour s’assurer de l’avantage, il n’y a pas de limites à l’imagination politique. Au besoin on calomnie des hommes de bien reconnu dont on a appris une faute afin de les donner pour fondamentalement vicieux.

    Du calme, un peu de patience, murmurent face à ce vacarme les électeurs en regardant passer les premiers et seconds couteaux qui agitent leurs épouvantails respectifs. Ils savent qu’ils auront le dernier mot. Le seul qui compte.

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