Désistements : les bons et les mauvais comptes de l’Histoire

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Pour empêcher le RN d’avoir une majorité, il n’y a qu’une solution : que les candidats les moins bien placés se désistent.

Ce soir, à 18 heures, seront déposées officiellement les candidatures pour le second tour – il faut, pour en avoir la possibilité, avoir obtenu plus de 12,5% des inscrits au premier tour. 78 députés ont été élus au premier tour – dont 39 RN, 32 NFP (20 LFI, 4 PS, 4 EELV, 2 PCF, 1 Génération.s et 1 divers gauche) et 7 divers. Il reste donc 499 circonscriptions à pourvoir.

Selon les décomptes du Monde, il y aurait 308 triangulaires ou quadrangulaires possibles. À la suite des appels au désistement pour empêcher l’élection d‘un député RN – appel unanime des forces du Nouveau Front Populaire, bien plus alambiqué du côté de la Macronie –, 216 candidats se sont retirés.

Selon nos calculs, qui évolueront dans la journée en fonction d’éventuels nouveaux retraits, sur les 499 second tour, il y aura 275 candidats NFP : 124 LFI, 104 PS, 48 EELV, 19 PCF et 26 DIV gauche – dont Générations, NPA, Ruffin et « les purgés de LFI »… La mobilisation des électeurs, les dynamiques de report, dessineront donc la future Assemblée. 

Rappelons que la majorité absolue est de 289 députés. Si le NFP faisait élire tous ses candidats, elle aurait 307 députés (32 au premier tour + 275 au second). L’hypothèse d’une majorité absolue pour le NFP est donc hautement improbable. C’est cet argument que retient Emmanuel Macron pour appeler au désistement. Nouvelle illustration de la hauteur de vue de notre Président !

La gauche n’a pas fait ces calculs médiocres. Elle appelle à ne pas élire de députés RN, quitte à faire élire des adversaires honnis, comme madame Elisabeth Borne.

La Macronie et la droite LR canal historique, réunis, ne sont pas non plus en mesure de constituer une majorité à l’Assemblée nationale. Seul le LR Philippe Juvin et le macroniste Pierre Cazeneuve, dans les Hauts-de-Seine, sont élus au premier tour, bénéficiant de l’accord LR/Renaissance dans ce département. On annonce la perte de plus de 100 députés macronistes sortants.

Devant cette sanction de leur grave échec politique, et parce qu’ils pensent que le RN n’est pas un parti de gouvernement, toutes les nuances de droite et de macronistes s’agitent autour de cette question : et maintenant, comment continuer notre œuvre bienfaitrice, bien qu’incomprise ? Une grande « coalition des raisonnables » est leur horizon. D’où cette insistance honteuse devant l’histoire à diaboliser LFI pour la séparer du reste de la gauche. Ils ne désespèrent pas de faire revenir socialistes et écologistes dans le lit du libéralisme autoritaire mis en œuvre par François Hollande et aggravé par Emmanuel Macron. Cela ne doit pas advenir. La gauche a retrouvé de l’allant en redevenant de gauche. Pour le futur, l’enjeu est de poursuivre ce chemin ensemble. C’est essentiel. Il ne faut pas que la gauche se fracture devant les épreuves qui s’annoncent. Il s’agit d’une question décisive que mettent en danger les provocations incessantes. Demain, ce chemin devra prendre de l’ampleur dans des débats approfondis qui ne sont pas seulement l’expression des rapports de force. 

P.S. : les purgés de LFI gagnent 3 des 4 duels absurdes imposés par Mélenchon. Pourtant, LFI maintient ses candidatures face à Alexis Corbière et Danielle Simonnet, arrivés en tête. Gageons que, comme au premier tour, on verra de nombreux députés LFI venir faire campagne contre eux, plutôt que là où un enjeu RN existe, pour faire battre ces deux figures emblématiques du mouvement…. Ils seront à leur tour avalés par l’ogre-appareil, quand il leur échappera une parole un peu critique. Ce genre de machine infernale est sans fin.

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6 commentaires

  1. Frédéric Normand le 2 juillet 2024 à 14:45

    Chercher le monstre, tel semble être le but des concurrents engagés dans la course à la majorité. S’il n’y en a pas, on en invente un, plusieurs pour s’assurer de l’avantage, il n’y a pas de limites à l’imagination politique. Au besoin on calomnie des hommes de bien reconnu dont on a appris une faute afin de les donner pour fondamentalement vicieux.

    Du calme, un peu de patience, murmurent face à ce vacarme les électeurs en regardant passer les premiers et seconds couteaux qui agitent leurs épouvantails respectifs. Ils savent qu’ils auront le dernier mot. Le seul qui compte.

  2. Magnus le 2 juillet 2024 à 17:59

    « La gauche a retrouvé de l’allant en redevenant de gauche. »

    Apparemment regards a oublié ce qui s’est passé avec Jospin et ses privatisations…😔

    Cette gauche à la Jospin que prône regards : il est clair que la rédaction de regards doit boycotter le monde diplomatique, parce que dans son dernier numéro ce journal montre très bien la montée du rn, en passant par Mitterrand, Jospin, …

    Désolé regards : c’est un peu ringard penser qu’une « gauche » à la Jospin, une « gauche » soumise à l’UE et les États-Unis, serait suffisamment à gauche pour inverser cette tendance sur beaucoup d’années du rn.

    Ça y est, c’est clair : regards ne vit pas en 2024… Dans une certaine bulle parisienne peut-être, mais pas dans la France 2024…

  3. Carlos_H le 2 juillet 2024 à 18:47

    Lol j’adore le P.S. (vous avez dit « P.S. »?! »)…

  4. Lucien Matron le 3 juillet 2024 à 14:48

    Faire le lit du RN et de ses associés est une lourde faute politique. Par ailleurs, les calculs politiciens les plus sordides pour alimenter le discours du ni-ni, du jeu du bloc central des « raisonnables » contre les extrêmes ne permettront pas à leurs créateurs et promoteurs d’avoir à en répondre devant les électeurs et devant l’histoire du pays. La macronie est d’ores et déjà défaite et ne se remettra pas d’un tel galvaudage.

    Macron dénommé le  » Mozart » de la finance à son arrivée a mis, avec ce jean-foutre de Le Maire, les comptes de la nation dans le pire état qu’ils n’ont jamais été. Imaginez un seul instant, les discours de la droite, de l’extrême droite, du centre, du Medef et de quelques experts économiques habitués des plateaux télé, si un ministre du budget issu de la gauche avait cumulé 1000 milliards de dette ! Et ces gens là, tous issus de la grande bourgeoisie et soutenue par elle, osent encore nous faire des leçons de morale politique et d’économie.

    Au moment ou des enjeux géopolitiques et écologiques importants attendent la France, l’Europe et le Monde, confier le pouvoir à un tandem Le Pen- Bardella, totalement inexpérimenté sur une gestion politique quelconque, ni à un niveau local, ni à un niveau régional et encore moins à un niveau international est tout simplement absurde. Coincés intellectuellement par leurs obsessions identitaires, leur volonté de séparer ceux qui seraient des bons citoyens et des mauvais citoyens, enfoncer un peu plus les services publics déjà mis à mal par les gestions politiques précédentes, le Rassemblement National ne sera jamais la solution aux problématiques du quotidien des Français.

    • Magnus le 3 juillet 2024 à 17:29

      « confier le pouvoir à un tandem Le Pen- Bardella, totalement inexpérimenté sur une gestion politique quelconque, ni à un niveau local, ni à un niveau régional et encore moins à un niveau international est tout simplement absurde. »

      Alors la question se pose : pourquoi de plus en plus de monde sont attirés par l’absurdité ? Je crois justement que c’est parce que non vivons dans un monde absurde.

      C’était pareil avec l’arrivée de Hitler et les nazis en Allemagne : ils se nourrissaient du dégout de la pseudo-démocratie.

      De nouveau on a un pseudo-démocratie où « gauche » et « droite » se sont succédés sans véritable changement. Car la soumission à la politique de droite de l’UE et les Etats-Unis n’est pas démocratique ni de gauche, mais élitiste et snob.

      Du coup c’est en partie comme une affirmation en quelque sorte : ok, vous vous en fichez de nous, dites des phrases creuses et laissez les inégalités s’envoler ? Ben, nous on laisse tout s’écrouler.

      Voilà, nous y sommes, encore.

  5. Dimitri le 4 juillet 2024 à 08:43

    Voilà la grande affaire et le drame de la sphère politico-mediatique française : faire battre le RN à coups de tripatouillages électoraux et d’alliances contre nature.
    Et une fois mandats et postes récupérés, ne pas résoudre les problèmes posés par les électeurs qui ne vivent pas comme eux, dans les centres-villes des grandes agglomérations.
    Ces problèmes seraient indignes, l’expression de réactionnaires incultes, non-éduqués, égoïstes et qui n’ont pas compris la hauteur des enjeux de notre monde. Des « sentiments d’insécurité », un manque de générosité envers les migrants, des agriculteurs qui détruisent la terre et les paysages, des automobilistes qui polluent notre air, des irresponsables qui refusent nos éoliennes, etc.
    Il serait grand temps d’ecouter les gens et leur proposer non pas le bréviaire du bobo parisien, mais une réponse responsable et moderne à leurs problèmes.
    Mais peut-être que la présence d’un RN fort arrange tout ce petit monde.

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