Pour la première fois, 120 acteurs des quartiers populaires s’unissent derrière un candidat à la présidentielle
C’est inédit ! Face à la menace grandissante de l’extrême droite, face à la radicalisation d’une grande partie de la classe politique en ce sens, les acteurs des luttes de l’immigration et des quartiers populaires prennent position : « Nous avons décidé de nous engager dans la campagne présidentielle en appelant à voter pour Jean-Luc Mélenchon ». On en a causé avec un des initiateurs, Salah Amokrane.
Salah Amokrane est un des initiateurs et porte-paroles de l’appel « Présidentielle 2022 : on s’en mêle ».
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Regards. Le 17 mars, vous avez lancé un appel à voter Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle. « Vous », ces « 120 acteurs des quartiers populaires », qui êtes-vous ?
Salah Amokrane. Nous sommes avant tout des militants, issus de différents mouvements des quartiers et de l’immigration depuis les années 80. Notre collectif représente différentes histoires de luttes des quartiers : depuis les marches pour l’égalité de 83, le MIB jusqu’au Comité Adama. Des gens des luttes d’hier et d’aujourd’hui, des hommes et des femmes, venus de toute la France. On s’était déjà retrouvé ces dernières années, autour du forum social des quartiers populaires – créé après les révoltes de 2005, un moment important pour tenter de fédérer un mouvement national.
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Comment vous est venue l’idée de cette initiative ? Et pourquoi en avoir ressenti le besoin ?
Tout vient du climat de la campagne. Pour en avoir connu un certain nombre, c’est une des campagnes où le racisme décomplexé ne s’est jamais autant exprimé, où le poids de l’extrême droite est très important. J’ai rarement constaté une telle agressivité à l’égard de nos compatriotes de confession musulmane. On a ressenti que le candidat qui répondait le plus, qui se dressait le plus contre ces discours, qui exprimait clairement l’idée d’une digue, c’était Jean-Luc Mélenchon. De plus, cette question des quartiers populaires est relativement absente – ou n’a pas la place qu’elle devrait avoir – en général dans la campagne et particulièrement dans les programmes des candidats de gauche. Ce choix-là a été assez rapide. On s’est dit qu’il fallait qu’on soit présent dans la campagne, sur nos bases, nos préoccupations. Que l’on se rassemble pour peser sur une campagne présidentielle, c’est inédit. Ce qui nous paraît important, c’est qu’on puisse lancer cet appel depuis notre place, notre histoire : l’histoire politique des quartiers – sans s’opposer aux autres, aux territoires ruraux, on veut faire avec les autres habitants du pays ! La situation des quartiers, sur le plan social ou écologique, est dramatique.
« On a ressenti que le candidat qui se dressait le plus contre ces discours d’extrême droite, qui exprimait clairement l’idée d’une digue, c’était Jean-Luc Mélenchon. »
En quoi la candidature de Jean-Luc Mélenchon vous paraît-elle plus pertinente – notamment au sujet des quartiers populaires – que celles des autres candidats de gauche ?
La candidate socialiste n’a que peu d’intérêt sur ce sujet-là. Le candidat communiste porte un discours un peu ambigu. Quant au candidat écolo, il y a très peu d’expressions de sa part. Les quartiers populaires n’ont pas d’intérêt particulier pour eux et on a du mal à percevoir que c’est une de leurs priorités. À croire qu’ils n’ont pas la volonté de s’adresser aux habitants des quartiers. Le seul qui l’a fait, c’est Jean-Luc Mélenchon. On se saisit de cette opportunité pour faire « campagne dans la campagne ». Ce week-end, samedi 26 et dimanche 27 mars, on organise des rencontres, des débats, à Montpellier, dans le quartier du Petit Bard. C’est un quartier emblématique des luttes des quartiers, que ce soit au sujet des problématiques de ségrégation scolaire ou de rénovation urbaine – on ne se limite pas à la question des violences policières ou de la lutte contre l’islamophobie. Ce week-end, il y aura une rencontre avec une délégation de l’Union populaire. Et dimanche, l’objectif de la journée sera de se projeter sur l’après, afin de retenter de redynamiser un mouvement national.
Ça se passe à Montpellier, programme et adresse ci-dessous.
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Propos recueillis par Loïc Le Clerc