Mélenchon au second tour ? Une idée qui met mal à l’aise la droite… et la gauche

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Jean-Luc Mélenchon n’a jamais été aussi haut dans les sondages. De quoi autoriser certains à y croire. Mais un duel Macron-Mélenchon ne fait pas rêver tout le monde, même à gauche.

Pour la première fois dans cette campagne, Jean-Luc Mélenchon passe la barre des 13% dans un sondage Elabe autre que ceux du contesté Cluster 17. Voilà le candidat de La France insoumise juste derrière Marine Le Pen (15%). Emmanuel Macron, lui, culmine à 33,5%. Le genre d’information qui suffit largement pour que, à gauche, certains mettent le champagne au frais.

Autant dire que la perspective de se voir « voler » son second tour par Jean-Luc Mélenchon ne plaît pas du tout à Marine Le Pen, elle qui attend de pied ferme son match-retour. Invitée de France 2 ce mercredi matin, la candidate du RN déplore la candidature d’Éric Zemmour tout comme le soutien de Marion Maréchal – qui « affaiblissent le camp national » – et appelle les Français « à se reporter sur ma candidature et ne pas attendre le second tour parce que je voudrais pas que les Français se retrouvent avec une mauvaise surprise : que le camp national puisse ne pas être présent au second tour. »

Un duel Macron-Mélenchon, Marine Le Pen y pense…

Plusieurs personnalités s’étaient déjà prêtées au jeu du « Tu votes pour qui en cas d’un second tour Mélenchon-Le Pen ? » Ainsi, les macronistes Christophe Castaner, Stanislas Guerini ou Marlène Schiappa ont tous assuré qu’ils choisiraient « sans scrupules » le candidat de la gauche de gauche pour faire barrage à l’extrême droite. Histoire de ne pas insulter l’avenir et de préparer le vote en faveur de Macron des électeurs de Mélenchon au cas où il ne serait pas qualifié… Pour voir fleurir les ambiguïtés et les lâchetés, il faut regarder plus du côté des Raphaël Enthoven et autre Brice Couturier, pour lesquels, dans ce cas de figure, le front républicain, c’est voter Le Pen ou fuir le pays. Dire que ces deux-là se pensent « francs tireurs » comme les résistants en 40 !

 

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Cette gauche qui préfère la défaite pour tous

Avec six candidats sur la ligne de départ, la gauche est bien fragmentée. Chaque chapelle aura son champion. Dans cette situation, l’argument de l’insoumis, c’est qu’il n’y aura que deux options : « Je demande aux gens qui tendent les relations à gauche de réfléchir. Face à Emmanuel Macron au second tour, c’est moi ou l’extrême droite. ». Car personne ne semble en mesure de disputer à Jean-Luc Mélenchon la place de « meilleur de la gauche » – une médaille en chocolat, ça reste une médaille.

Ainsi, lorsqu’on interroge les uns et les autres sur l’hypothèse d’un second tour en présence du député LFI, ça grince.

Anne Hidalgo, auto-persuadée d’être la candidate d’une « gauche de gouvernement » – elle est créditée de 1,5% des intentions de vote dans ce même sondage Elabe – est convaincue que « Jean-Luc Mélenchon ne sera pas au second tour de la présidentielle ». Mais si on lui demande ce qu’elle ferait en cas de duel Macron-Mélenchon, là voilà bien embêtée : « Je compte bien que ce ne soit pas cette configuration-là. Pour l’instant, je ne vous dirai pas pour qui j’appellerai à voter puisque je compte bien être au deuxième tour. » Quand c’est flou… Toujours au Parti socialiste, c’est François Hollande qui s’en prend à Jean-Luc Mélenchon, sous-entendant qu’il préfèrerait des alliances avec le Venezuela ou la Corée du Nord plutôt qu’avec les membres de l’OTAN.

A contrario, lorsque la question est posée à l’écologiste Sandra Regol, voici ce qu’elle rétorque : « Je ne voterai pas Emmanuel Macron. Il est probable que j’aille plutôt vers un vote Mélenchon. »

Du côté du Parti communiste, Ian Brossat, directeur de campagne du candidat Roussel, relativise donc entérine l’absence de la gauche au second tour :

« Le vote utile, ça n’est pas être présent au deuxième tour, c’est gagner au deuxième tour. Or, quand vous regardez toutes les enquêtes d’opinion, quel que soit le candidat en face de Jean-Luc Mélenchon au deuxième tour, y compris Marine Le Pen, il est aujourd’hui battu, et battu dans les grandes largeurs. […] Si, au final, le scénario, c’est de dire aux électeurs de gauche « Allez tous voter pour Jean-Luc Mélenchon », qu’on se retrouve au deuxième tour avec Jean-Luc Mélenchon-Marine Le Pen et que c’est Marine Le Pen qui est élue : la belle affaire. Qu’est-ce qu’on aura gagné ? En quoi ça aura été utile ? […] Il faut arrêter de culpabiliser les électeurs, leur permettre de voter librement, sincèrement, avec leur cœur et leur tête. Le vote sincère – le vote pour Fabien Roussel – est beaucoup plus utile au final que ce qu’on nous présente comme le vote utile. »

Ian Brossat explicite ce que tous les candidats de gauche – hors bien sûr Jean-Luc Mélenchon – ont en tête : déjouer le désir profond et fort, chez certains, d’avoir un candidat de gauche au second tour. Ils savent que cette aspiration pourrait leur coûter quelques points sur la ligne d’arrivée alors que les étiages sont déjà très faibles.

Le directeur de la campagne communiste n’y va pas par quatre chemin : il brandit la menace d’une victoire de Marine Le Pen face à Jean-Luc Mélenchon… Mais enfin, l’hypothèse d’une absence d’Emmanuel Macron au second tour est quand même des moins probables. Même s’il est vrai que, toujours selon les sondages, en cas d’un second tour entre le Président sortant et le candidat insoumis, il n’y aurait pas match : 68,5% pour Macron contre 31,5 pour Mélenchon – hors dynamique électoral contextuelle. Mais là est peut-être le drame principal de cette élection : à ce jour, personne ne semble en mesure d’inquiéter Emmanuel Macron.

 

Loïc Le Clerc

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