Si la présidentielle se jouait à la télé, on aurait au deuxième tour…
La sur-médiatisation des uns, la sous-médiatisation des autres, c’est comme les sondages, on peut en tirer tout et son contraire. Prêtons-nous au jeu. Si la démocratie n’était qu’une question d’audiences, qu’est-ce que ça donnerait ?
Des mois – des années ! – que, sondage après sondage, on nous prédit un second tour 2022 entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Si l’on prend un autre indicateur, comme le « temps de parole » – c’est-à-dire les « relevés des temps de parole des candidats et de leurs soutiens ainsi que des temps d’antenne » fourni par l’Arcom (ex-CSA) –, alors nous aurions un duel entre Valérie Pécresse et Emmanuel Macron. Mais qu’en serait-il si l’on s’en tenait à la présence médiatique des candidats eux-mêmes ?
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En publiant notre testostéromètre pour l’année 2021, la surmédiatisation de certains prétendants à l’Élysée pour la présidentielle 2022 nous a… interloquée. Alors nous avons voulu en avoir le cœur net. Ni une ni deux, nous avons demandé les données de politiquemedia.com, pour les six mois précédant le premier tour[[Passages médias depuis le 10 octobre 2021, source : politiquemedia.com. Emmanuel Macron n’a pas fait une seule émission politique, pour l’heure. Comme pour le testostéromètre, nous prenons ici en compte les invités des grandes émissions politiques télés et radios. Vous trouverez la liste ici.]]. Voici donc ce que donnerait la « démocratie télévisée » :
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Et les candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle sont…
Qu’en aurait-il été pour 2017 ?
Comment étaient médiatisés les onze candidats, six mois avant le scrutin de 2017 ? Voilà le résultat, comparé à leurs scores au premier tour :[cliquez sur le graphique pour l’agrandir]
Bien sûr, ces choses-là peuvent s’expliquer, ou du moins se nuancer. Ainsi Nicolas Dupont-Aignan était quasiment le seul à représenter son parti Debout la France – de même que Benoît Hamon, lâché par les siens à l’époque –, d’où son grand nombre d’invitations dans les médias. À l’inverse, Jean-Luc Mélenchon, Emmanuel Macron ou encore François Fillon « pesaient » nettement moins dans la médiatisation de leur mouvement respectif et disposaient d’une armada de lieutenants pour porter leurs idées. L’on pourrait conclure qu’il ne suffit pas qu’un candidat passe beaucoup dans le poste pour que son score à la présidentielle s’en ressente. L’appareil partisan, les troupes, les faveurs des médias sont d’une toute autre importance. In fine, ce n’est pas tant la médiatisation des candidats eux-mêmes qui semble compter, mais le commentaire de campagne que font les médias, s’appuyant sur la parole des candidats et sur le commentaire qu’en font leurs soutiens. Le commentaire du commentaire du commentaire… Parler peu, faire parler beaucoup, est-ce donc ça le secret d’une campagne réussie ?