Corbyn, Simonnet et El Aaraje sont dans un bateau : qui tombe à l’eau ?

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Les campagnes électorales ont toujours leur lot d’outrances, de contre-vérités, d’exagérations, de volonté d’en découdre et de nuire. C’est vrai dans les familles politiques qui s’opposent sur un axe traditionnel droite/gauche. C’est vrai aussi au sein des mêmes familles politiques. Et c’est ce qui arrive dans la campagne législative de la 15ème circonscription de Paris : une guerre des gauches qui voit s’affronter la candidate investie par la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale (NUPES), Danielle Simonnet, et la candidate socialiste dissidente, Lamia El Aaraje : « Les masques tombent : inviter et afficher le soutien de Jeremy Corbyn, écarté du Labour Party et du groupe pour complaisance avec l’antisémitisme en Angleterre, après 1000 plaintes enregistrées par ce parti, est une honte dont est fière Danielle Simonnet », a-t-elle tweeté.

 

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Corbyn, la gauche et l’antisémitisme

 

Depuis quelques jours, Lamia El Aaraje n’a pas de mots assez durs pour dénoncer la venue à Paris de l’ancien chef du parti travailliste pour soutenir plusieurs candidates de la NUPES – dont Danielle Simonnet. Qu’est-il reproché à Jeremy Corbyn ? Notamment d’avoir minimisé ou ignoré des plaintes de travaillistes juifs. Parfois d’avoir agit maladroitement et s’en excusant toujours comme lorsqu’il y a dix ans dans un commentaire Facebook. Il avait alors assuré ne pas avoir vu les symboles antisémites sur une photo. Mais si le parti travailliste a suspendu un temps son ex leader à la suite d’un rapport sur l’antisémitisme dans les rangs du parti, il a fini par le réintégrer.

C’est un fait : comme le rappelle Laura Raim dans un papier pour Regards intitulé « Corbyn, la gauche et l’antisémitisme », prouver son « non-antisémitisme » serait presque devenu un passage obligé pour les représentants de la gauche radicale. Mélenchon en a d’ailleurs fait les frais. Le socialiste Gérard Filoche aussi. Tout comme l’intellectuel Edgar Morin. Pour eux, pas de doute, ces procès relèvent d’une stratégie de discrédit. D’une calomnie. D’abord parce qu’ils incarnent une gauche qui a fait de l’antiracisme – et donc de l’antisémitisme – leur combat de toujours. Mais surtout parce que les détracteurs de Corbyn ne veulent pas entendre que l’antisionisme ne mène pas nécessairement à l’antisémitisme. Et c’est bien de cela dont il est question dans cette guerre des gauches : celle que mène El Aaraje contre Simonnet.

Simonnet assume la critique contre l’État d’Israël. Elle dénonce les violations des droits humains sur les Palestiniens par l’État d’Israël. C’est aussi le combat de toujours de Corbyn le « pro-palestinien ». Comme Simonnet. Pro-palestinienne. Pro-palestinien serait-il synonyme d’antisémite ? Un pas que semble franchir Lamia El Aaraje dans les accusations qu’elle formule à l’endroit de sa principale concurrente. Pourtant, il n’est question que de politique dans les propos de Simonnet. De la politique d’Israël, d’une politique profondément raciste. D’ailleurs, un rapport de l’ONU publié il y a deux jours accuse Israël d’être la cause principale du conflit dénonçant notamment l’occupation des territoires palestiniens et les discriminations envers ses populations.

El Aaraje taxera-t-elle le rapport de l’ONU d’antisémite ? Serions-nous fondés de l’accuser de complaisance à l’égard de la politique raciste d’Israël ? La politique mérite un autre débat. La gauche aussi. Et on se serait bien passé de ces basses manœuvres. Corbyn, Simonnet et El Aaraje sont dans un bateau : qui tombe à l’eau ? Réponse dimanche prochain.

 

Pierre Jacquemain

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