Au gouvernement, on trouve « dommage » de ne pas pouvoir travailler avec un soutien d’Éric Zemmour
Au ministère de l’Intérieur, on aurait bien aimé que la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté recrute un conseiller sans que cela ne fasse de vagues. Mais que voulez-vous, elle a opté pour un mec d’extrême droite…
Comment ça, vous n’avez jamais entendu parlé de Sonia Backès ? Mais enfin !? Il s’agit de la secrétaire d’État chargée de la Citoyenneté. Elle est, en quelque sorte, la successeuse de Marlène Schiappa au gouvernement – cette dernière ayant été placardisée, sous Borne, à l’Économie sociale et solidaire et la Vie associative.
Mais revenons à Sonia Backès. Ce 7 septembre, elle faisait couler de l’encre. On apprenait via franceinfo que Brieuc Frogier avait été nommé conseiller spécial au cabinet de la secrétaire d’État. Le problème, c’est que le bougre est connu pour avoir été un soutien d’Éric Zemmour lors de la dernière élection présidentielle… Il se targuait même à l’époque de « ne pas se reconnaître du tout dans la politique menée par Emmanuel Macron ». Bref, un homme loyal comme la Macronie les aime.
Évidemment, la nouvelle de ce recrutement a fait jaser, notamment dans les rangs de la gauche. Le patron des socialistes, Olivier Faure, trouve ainsi « affolant de voir à quel point le parti présidentiel qui a fait sa fortune sur le front républicain multiplie les mains tendues à l’extrême droite depuis le mois de juin ».
Ce 7 septembre va être une longue journée au ministère de l’Intérieur – ministère auquel est rattachée la secrétaire d’État. On va tenter de justifier l’injustifiable. Voici ce que l’on a pu lire dans Libé : « Contacté, en milieu de journée par Libération l’entourage de Sonia Backès assumait pourtant sans vergogne. « La ministre a dans son cabinet des personnes venant de sensibilités différentes. Nous avons des socialistes ou des anciens socialistes, des gens plus à droite, expliquait un proche de la secrétaire d’État. Ce qui est logique lorsque l’on est en charge de la citoyenneté, nous sommes là pour représenter tous les Français et pas uniquement ceux qui ont voté pour nous. » Il y aurait toutefois, selon le ministère, une limite. « La ministre n’accueillera jamais sous son toit des personnes ayant des pensées contraires à la République », poursuivait la même source. »
C’est pas des fachos, c’est des copains
N’est-ce pas fantastique ? N’est-il pas loin le temps où les Français étaient appelés solennellement à se rendre aux urnes pour « faire barrage » à l’extrême droite ? Le voilà donc le barrage : on peut avoir été un soutien plein et entier d’Éric Zemmour et, quelques mois plus tard, ne pas être considéré comme « ayant des pensées contraires à la République ».
Mais en fin de journée, patatras… Brieuc Frogier quitte déjà son poste au ministère. Comme quoi sa présence n’était pas si défendable que cela… Mais les réactions choquées et déçues continuent de fuser en provenance de la place Beauvau : « C’est extrêmement dommage que quelqu’un qu’on a récupéré des extrêmes parte alors qu’il revenait vers nous » ; ou encore : « Dommage d’avoir des gens qui ont été en dehors de l’arc républicain et qui reviennent être marqués au fer rouge », réagit l’entourage de Sonia Backès auprès de BFMTV. À deux doigts de dénoncer la censure des wokes et d’aller dire sur tous les plateaux de télé qu’« on ne peux plus rien dire ».
Le jour même, la présidente du groupe LREM à l’Assemblée, la députée Aurore Bergé, se vantait dans un discours de ne pas être dans la « compromission » : « Ni extrême droite, ni extrême gauche […] On ne reprend pas les mots de nos adversaires, on ne s’assoit pas à leur table, on les combat sur le terrain politique. » Reste à savoir où commence l’extrême droite pour ce gouvernement et sa majorité parlementaire.
Pour info, au début de sa carrière politique, Sonia Backès avait été collaboratrice du député Pierre Frogier, le père du-dit Brieuc Frogier. Ce ne sont pas des compromissions, c’est du copinage.