Après le Front populaire, le Front républicain ?

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Ils se sont désistés et puis après ? Si le barrage au RN peut permettre d’éviter à l’extrême droite d’obtenir une majorité, quelle alternative ? Qui pour gouverner la France ?

Le 8 juillet (lundi prochain !), les chances de voir une majorité absolue à l’Assemblée nationale sont minces. Après les désistements, la tripartition de la vie politique française semble atteindre, selon les nouvelles projections des sondeurs, son apogée : l’extrême droite, la gauche et le centre-droit se partagent entre 130 et 200 députés chacun.

La question est donc la suivante : comment gouverner ce bourbier ? Rappelons qu’à l’Assemblée, il faut 289 députés pour obtenir une majorité absolue et imaginons les scénarios à partir des projections actuelles.

On passe sur l’hypothèse d’un gouvernement d’extrême droite, car c’est bien là ce qu’il faut éviter – notons qu’un axe qui irait de l’extrême droite aux LR canal historique n’obtient pas la majorité absolue dans les projections actuelles (237 députés).

Anticipant cette situation, chaque camp fourbit ses armes. Le second tour des législatives est déjà enjambé. Et il n’y a pas 36 alternatives.

Première hypothèse : la Macronie pactise avec Les Républicains

Politiquement la plus simple et cohérente, mais on serait donc autour des 191 députés. Ingouvernable.

Deuxième hypothèse : le Front populaire gouverne seul

Avec 181 députés, ça ne marche évidemment pas plus. Il faut donc… élargir ?

Troisième hypothèse : le Front populaire s’allie avec la Macronie

La question est alors de savoir où sont les bornes d’une telle alliance. De LFI à Horizons (sans les LR) ? On obtient alors 326 députés. Mais la probabilité est quasi nulle. D’autant que Horizons (Edouard Philippe) bloquerait tout si LFI est de la partie – et on imagine mal LFI être de la partie. Si l’on enlève les insoumis et les communistes, ce qui serait le plus probable, on tombe à 245. On revient à la situation actuelle où la Macronie dispose d’une majorité relative. Très compliqué dans une France ultra-polarisée.

Pourtant, cette « grande » union des écologistes, des socialistes, des macronistes (au sens large du terme), voilà une idée qui fait son chemin. En allant chercher de-ci de-là les votes des communistes et, surtout, celui des Républicains (on ne parle évidemment plus des Ciottistes), ça résiste à une opposition d’extrême droite.

Cette hypothèse brûle les lèvres de plusieurs dirigeants. Gabriel Attal mentionne une « Assemblée plurielle », François Bayrou souhaite une union des « démocrates » et des « républicains » et même Xavier Bertrand parle d’un « gouvernement de sursaut national », un « gouvernement provisoire de la République ».

Le souci, c’est que tout ceci ne peut exister que « projet par projet », comme l’indique Gabriel Attal.

Que peut la gauche dans tout ça ?

La France insoumise joue jusqu’à dimanche soir la carte du « c’est nous qu’on va gagner ». De fait, Manuel Bompard exclut toute autre hypothèse que celle-ci : « Les insoumis ne gouverneront que pour appliquer leur programme, rien que le programme ». Ils sont opposés fondamentalement à cette alliance des « raisonnables »

François Ruffin, qui lutte toujours dans sa circo pour battre le RN, propose trois réformes à porter en priorité et avec intransigeance : le rétablissement de l’ISF, l’instauration du RIC et l’abrogation de la réforme des retraites. Pas sûr que la Macronie se laisse convaincre par ces trois reniements qui ont marqué la gouvernance Macron. Mais le péril reste le même : ingouvernabilité ou avènement d’un gouvernement d’extrême droite.

Puis il y en a une qui s’avance bien plus : Marine Tondelier. Elle a le vent en poupe ces jours-ci, d’autant que les écologistes vont faire leur meilleur score en nombre de députés. Le refus de Jordan Bardella de débattre avec elle est une nouvelle médaille à son palmarès anti-fasciste. La secrétaire nationale des Écologistes se voit en pièce centrale de cette construction. Elle estime qu’il faudra « sûrement faire des choses que personne n’a jamais faites auparavant dans ce pays ». Sa seule limite est que le Premier ministre ne vienne pas des rangs de la Macronie mais du Nouveau Front populaire.

Les écologistes peuvent mettre en avant le péril écocidaire que représente le RN, en plus du danger raciste. Les socialistes peuvent reprendre du poil de la bête avec le retour au bercail d’une partie de la Hollandie-Macronie.

Reste à savoir ce qu’il y aura de gauche dans une telle hypothèse. Et qu’en feront les insoumis et les communistes, à savoir vont-ils peser à l’Assemblée pour que les propositions de gauche dominent ou faire figuration dans le rôle du critique impuissant ?

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7 commentaires

  1. HLB le 3 juillet 2024 à 13:01

    Rien de nouveau sous le soleil. On en revient toujours au vieux rêve des libéraux « de gauche comme de droite » (donc, de droite): une grande coalition allant d’une partie du PC, frange Roussel/Picquet, jusqu’aux LR non-Ciotti. Une espèce de marais qui « rassurerait les marchés », car c’est ça le plus important. Ce bricolage permettrait au système de se prolonger encore un peu, en donnant une (très vague) impression de nouveauté.
    La FI, dans ce contexte, entamerait une traversée du désert, mais pas forcément longue. Car le magma central aurait vite fait de tomber le masque, révélant un nèo-macronisme, à peine lifté. Et à peine moins violent que depuis 2017.
    Et les vrais anti libéraux et anti capitalistes attireraient à eux celles et ceux qui prendraient conscience, au quotidien, de la supercherie.
    Le RN, là dedans ? Les libéraux craignent que leur avènement entraine, par contrecoup, un réveil social qui pourrait être préjudiciable, à terme, à la survie du système. Ils préfèrent un environnement plus serein et propice à leur business.

  2. Frédéric Normand le 3 juillet 2024 à 14:09

    L’hypothèse écartée est la plus probable : le RN s’approche de la majorité absolue et s’allie pour l’atteindre avec LR revenu de ses préventions. On aurait alors une majorité clairement constituée sur la base du clivage classique gauche / droite. La France est gouvernable. C’est bien taillé, ensuite il faut coudre.

  3. Magnus le 3 juillet 2024 à 17:15

    « François Ruffin, qui lutte toujours dans sa circo pour battre le RN, propose trois réformes à porter en priorité et avec intransigeance : le rétablissement de l’ISF, l’instauration du RIC et l’abrogation de la réforme des retraites. »

    Ben voilà, rien de nouveau au fond, alors que ce qu’il faudrait arrêter pour vraiment renouveler et rompre est la soumission à la politique de droite de l’UE et les Etats-Unis.

    Pareil pour Tondelier et EELV.

    Reste le positionnement d’indépendance vis-à-vis l’UE et les Etats-Unis de JLM et la grande majorité de LFI.

  4. Magnus le 3 juillet 2024 à 17:18

    « qu’en feront les insoumis et les communistes, à savoir vont-ils peser à l’Assemblée pour que les propositions de gauche dominent ou faire figuration dans le rôle du critique impuissant ? »

    C’est du non sens de la part de Le Clerc, car une politique de gauche suppose de rompre avec la politique de droite de l’UE et les Etats-Unis. Ce qui suppose une majorité qui ne sera pas là après ces élections.

    C’est bizarre comment Le Clerc et Regards semblent incapables d’apprendre de l’histoire…

  5. NOUET Jean-Paul le 6 juillet 2024 à 14:57

    Il faudrait peut-être arrêter de faire des plans sur la comète et de vouloir lire dans l’avenir, qui reste plus qu’incertain !
    L’urgence, elle est de « groupir » les forces démocratiques et républicaines : A LA BASE, c’est-à-dire, de COMPTER les citoyens qui vont voter demain, de tous horizons et de toutes opinions, de toutes divergences sur l’avenir aussi, et qui vont – ou non ! – permettre d’éviter le pire, c’est-à-dire une majorité d’extrême droite qui pourrait gouverner à partir du 8 juillet.
    Au-delà, on aura beau faire toutes les extrapolations possibles, sur des « alliances », probables ou improbables, cela ne sert pas à grand chose…
    Quelquesoit le résultat, il faudra peser, au-delà du bulletin de vote mis dans l’urne le 30 juin ou le 7 juillet, pour éviter le pire, bien sûr, mais aussi pour gagner le meilleur !

    Reflexion au passage sur la probabilité forte d’une assemblée, qualifiée d’INGOUVERNABLE, à droite comme à gauche : avec un vote à la PROPORTIONNELLE comme nous le revendiquons depuis longtemps, quel serait le résultat en prenant le vote du 30 juin comme donnée de base (à contrôler par « maître » Martelli !) :
    => un bloc de gauche de l’ordre de 190 députés, dont 162 avec le label « NFP »
    => un bloc du « centre-droit de l’ordre de 190 députés, dont 116 « Ensemble » et 38 « LR »
    => un bloc d’extrême droite de l’ordre de 190 députés, dont 169 « RN » et 23 « ciottistes »
    Cela fait drôlement réfléchir sur le chemin qu’il reste à parcourir pour arriver à une majorité GOUVERNABLE sur le programme du « NFP » !
    Rappel : il a fallu une dizaine d’années pour arriver à obtenir une majorité de votes favorables au « programme commun » (1972-1978-1981)…

    De toutes les façons, LA LUTTE CONTINUE (avec le souhait que les partis de gauche et leurs leaders reviennent à plus de modestie et plus d’écoute et que leurs « militants-supporters » prennent un peu plus de recul et comprennent – enfin ! – qu’il faut être avant tout RASSEMBLEURS et CONVAINCANTS plutôt qu’ABOYEURS !).
    Oui aux débats, non aux tweets !

    Merci.

    Jean-Paul

  6. Michel Davesnes le 6 juillet 2024 à 15:18

    ÇA Y VA, LA CENSURE DES COMMENTAIRES !

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