Fake news : cette autre guerre hybride venue des États-Unis

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Sur les réseaux sociaux, l’ère de #MeToo est révolue, le backlash commence à peine. Exclusivement américains, les GAFAM avancent au rythme de Donald Trump pour influencer le monde.

« Alors nous ça nous fait marrer. Douze millions de vues ! » Ce mardi 16 décembre, alors qu’il est face à des lecteurs du quotidien La Provence, à Marseille, Emmanuel Macron ironise. Il raconte qu’un de ses « collègues africains » lui a envoyé un message pour s’inquiéter du coup d’État en cours en France. Une vidéo tourne sur les réseaux sociaux dans laquelle on voit une journaliste évoquer ce putsch, « dirigé par un colonel ».

Cette vidéo, entièrement générée par intelligence artificielle, n’en est qu’une parmi des millions qui circulent sur internet. Le président français affirme avoir, en personne, demandé à Meta (l’entreprise de Mark Zuckerberg qui possède notamment Facebook, Instagram et Whatsapp) de retirer ladite vidéo. Réponse du géant américain : « Ça ne contrevient pas à nos règles d’utilisation ».

L’anecdote dit tout de l’époque qui vient. Une fois n’est pas coutume, Emmanuel Macron dit juste : « Vous voyez qu’on n’est pas équipés comme il faut. […] Ces gens-là se moquent de nous, ils se foutent de la sérénité des débats publics, ils se moquent de la souveraineté des démocraties et donc ils nous mettent en danger. »

La manipulation de l’information n’est pas un dérapage, elle est le cœur du réacteur des réseaux sociaux. C’est elle qui crée le buzz, qui nourrit l’algorithme. Dans le genre, on pense spontanément à Elon Musk et son X (ex-Twitter), véritable bourbier d’extrême droite. Mais si X est le pire, Meta ou Google sont loin d’être les meilleurs.

Dès l’élection de Donald Trump, les Zuckerberg, Bezos et Musk ont prêté allégeance. Cette guerre ne vient pas, elle est déjà là. Les Américains annoncent ouvertement soutenir les partis « patriotes » en Europe dans leur guerre aux migrants, aux wokes. Derrière les « petites » censures et laisser-faire de Meta, c’est la liberté et la démocratie qui sont en péril.

Il y a quelques jours, le Nouvel Obs publiait une tribune signée par des associations comme le Planning familial, la Fondation des femmes, Nous Toutes, ou encore Amnesty International. Elles y dénoncent « un choix politique » : « L’invisibilisation des associations féministes sur Meta ». Le procédé est fourbe et insidieux : Meta prétend lutter contre la propagande mais aussi censurer les messages de haine, de violence ou à caractère pornographique – et donc tout ce qui pourrait contenir les mots « viol » ou « violences sexuelles » par exemple. Sauf qu’à l’évidence, la « propagande » concerne uniquement le féminisme, les comptes masculinistes se portant très bien.

La presse connaît le même phénomène. Ces dernières années, Google et Facebook ont modifié leurs algorithmes, invisibilisant fortement les médias indépendants et les obligeant à trouver des astuces, des feintes pour exister malgré tout – n’avez-vous pas remarqué le boom des newsletters ?

Nuit et jour, on nous inquiète avec la guerre hybride menée par la Russie, cette grande menace pour la vérité et la démocratie. Cette inquiétude est fondée. Mais il est une autre guerre hybride : celle avec les entreprises américaines protégées par et inféodées à Washington. Dès l’élection de Donald Trump, les Zuckerberg, Bezos et Musk ont prêté allégeance. Cette guerre ne vient pas, elle est déjà là. Les Américains annoncent ouvertement soutenir les partis « patriotes » en Europe dans leur guerre aux migrants, aux wokes, et dans leur projet de société traditionnelle fondée sur des valeurs religieuses où le pilier serait la famille. Derrière les « petites » censures et laisser-faire de Meta, c’est la liberté et la démocratie qui sont en péril.

Que faire alors ? S’équiper comme il faut. Un monde sans les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) est possible. Techniquement, la Chine en est la preuve : 1,4 milliards de personnes vivent sur cette Terre sans les géants du web américains. Évidemment, Pékin n’est absolument pas un contre-exemple. Son internet est un univers de surveillance et de censure. Mais voilà, si les Chinois ont réussi à s’extirper des GAFAM, nous aussi nous le pouvons.

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