Antisémitisme : LFI doit réagir

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Le mouvement de Jean-Luc Mélenchon ne peut plus faire le dos rond : il doit répondre au soupçon d’antisémitisme, devenu un blocage politique majeur.

« Ici, on sait qu’on ne croisera pas d’antisémites. » La phrase, lancée au rassemblement de Bernard Cazeneuve ce dimanche, a traversé l’air comme un projectile. Dans la salle, comme dans les médias, dans ce pays saturé de débats envenimés, tout le monde a compris qui était visé : les insoumis. Pas besoin de sous-texte, pas besoin d’exégèse. L’implicite suffit et tout le monde comprend.


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L’accusation d’antisémitisme n’est pas une étiquette comme une autre : c’est un bannissement symbolique, une forme de mort politique qui, au-delà de la France insoumise, empoisonne toute la gauche.

L’accusation en antisémitisme est une stratégie ancienne ; elle est devenue massive depuis le 7 octobre 2023. Hélas, une partie de la gauche s’y engouffre tristement. Après avoir été l’outil de déstabilisation de Jeremy Corbyn en Angleterre, elle a visé le pape, le secrétaire général de l’ONU, Emmanuel Macron, le sociologue Edgar Morin, le nouveau maire de New York Zohran Mamdani et tant d’autres. LFI fait partie de ce lot. À l’échelle mondiale, toute personne pro-palestinienne ou en faveur du droit international est sous la menace de l’infamante accusation.

Mais ici, il y a davantage. Il est évident que LFI est attaquée parce que trop radicale, trop forte peut-être, trop proche d’accéder au pouvoir. Mais le rappel que LFI n’a jamais fait l’objet de condamnation d’antisémitisme, le fait qu’elle soit en si large compagnie, ne suffit pas à faire reculer le problème politique. Car c’est devenu un problème politique massif qu’un haussement d’épaule ne peut résoudre.

Ce n’est pas capituler que de faire l’inventaire de ce qui a pu nourrir les accusations d’antisémitisme et de les regarder en face. Il faut que LFI produise un acte de rupture majeur et lisible. Elle le doit pour elle-même, pour la gauche et parce que la France n’est pas n’importe quel pays.

LFI ne peut continuer de minimiser l’ampleur que pose cette question. Elle doit l’affronter et régler ce sujet. Elle ne peut l’affronter qu’en revenant sur ses erreurs d’appréciations. On peut comprendre qu’elle n’ait pas voulu manifester avec Marine le Pen lors de la marche contre l’antisémitisme… mais cela a contribué à alimenter le récit ouvert avec le communiqué le lendemain du 7 octobre 2023. Tout comme l’expression « antisémitisme résiduel » ou l’image représentant Cyril Hanouna. Les violences verbales contre Jérôme Guedj aussi. À défaut de déconstruire ces fautes politiques, tous ces épisodes passeront pour une culture. 

Le dogme qui veut qu’on ne s’excuse pas, qu’on ne baisse pas les yeux et qu’on ne recule pas conduit LFI à la paralysie. La persistance des lignes de défense finit par alimenter ce qu’elle prétend rejeter. 

Ceci ne peut plus durer. Ce n’est pas capituler que de faire l’inventaire de ce qui a pu nourrir les accusations d’antisémitisme et de les regarder en face. Il faut que LFI produise un acte de rupture majeur et lisible : une réflexion collective, des conférences, des meeting pédagogiques de Jean-Luc Mélenchon, des ateliers thématiques. Elle le doit pour elle-même, pour la gauche et parce que la France n’est pas n’importe quel pays. La messe en faveur de Pétain témoigne de la persistance d’une histoire dont témoigne la percée du RN avec ses électeurs pétris de poncifs antisémites analysés par de multiples études.

Laisser l’accusation d’antisémitisme flotter sans la dissiper, c’est contribuer à sa propre chute. Et ce faisant, c’est plomber la gauche entière et ses horizons émancipateurs.

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