Faure à gauche toute !

article_pol.png

Chaque jour, retrouvez #LaMinutePolitique de Pierre Jacquemain.

 

L’affiche est improbable. Il y a encore quelques semaines, personne n’y aurait cru. Jean-Luc Mélenchon – l’insoumis – et Olivier Faure – le socialiste – partageaient mercredi soir la même estrade pour un meeting commun sur les terres du Calvados. « Personne n’y aurait cru », disais-je parce qu’il y a quelques semaines encore, la cheffe du groupe de la France insoumise, Mathilde Panot, assurait dans le JDD qu’il n’y aurait pas de discussions avec le PS et que ce refus était « définitif ». À ce moment-là, Mélenchon et Faure étaient des frères ennemis. On sortait d’une présidentielle où la candidate socialiste, Anne Hidalgo, n’avait pas de mots assez durs à l’endroit de Jean-Luc Mélenchon. Pourtant, Olivier Faure l’assure dans un entretien publié hier par Mediapart : « J’ai toujours plaidé pour le rassemblement de la gauche ».

 

LIRE AUSSI SUR REGARDS.FR
>>
Corbyn, Simonnet et El Aaraje sont dans un bateau : qui tombe à l’eau ?

 

Depuis les accords conclus entre LFI, le PCF, EELV, et le PS, Olivier Faure fait le taf. Il défend bec et ongle l’accord de la NUPES, son programme et même son leader, Jean-Luc Mélenchon, quand il est attaqué. Dernier exemple en date : la police. Après le tweet polémique de Mélenchon, Faure a assumé sur Mediapart : « En 15 jours, vous avez le Stade de France, la gare de l’est où on gaze les passagers, vous avez le pont neuf où on a mort d’homme et vous avez les événements de ce week-end, avec le décès d’une passager et un homme entre la vie et la mort. Il y a des gens dans la police qui malheureusement s’estime en dehors de toute contrainte et s’estime peut-être au-dessus de la loi. Il y a un problème et je ne voudrais pas qu’il y ait une forme de sentiment d’impunité qui conduise à ce que désormais pour un simple contrôle routier on finisse six pieds sous terre. Donc il y a un sujet comme il y a un sujet de racisme dans la police », a-t-il assumé.

Olivier Faure a fait sa mue. On a taclé sa mollesse. On l’a suspecté d’avoir été tenté par le macronisme. Moi-même je reconnais volontiers l’avoir trop vite classé un parmi les vallsistes du PS. Mais il a fait l’inventaire des années Hollande. Tardivement, mais il l’a fait. Réglé ses comptes avec Valls. Il s’est fâché avec beaucoup des historiques de sa famille politique. Il a pris des risques. Et il a eu ce courage de ramener le PS sur sa gauche en s’engageant sincèrement dans cette alliance inédite de la gauche et des écologistes – acceptant que le PS ne soit plus la matrice, la colonne vertébrale, la centre de gravité de la gauche. Faure trace l’avenir du parti socialiste avec humilité et lucidité. Aujourd’hui, loin de se cacher derrière son petit doigt, il est devenu l’un des principaux acteurs de la NUPES quand le communiste Fabien Roussel se montre plus réservé, voire n’hésite pas à taper le camarade Mélenchon.

Si Faure reste très critiqué par ses propres amis – qui l’accusent de se soumettre à Mélenchon, il pourrait pourtant bien être celui à qui ils devront leurs propres survies – de militants, de parlementaires et d’élus. Il va sauver son groupe à l’Assemblée nationale. Voire il va l’étoffer. Et il deviendra difficile pour les socialistes de ne pas lui reconnaître l’audace qui aura été la sienne. Faure est premier secrétaire du Parti socialiste depuis le 7 avril 2018. Et il vient tout juste de prendre ses fonctions. « Mitterrand a fait l’accord avec le PCF en 1972 pour le programme commun quand le PS était à 10% et le PCF était à 20% », a-t-il rappellé à Mediapart. Et on aura bien que Faure s’inscrivait plus que jamais dans ses pas…

 

Pierre Jacquemain

Partager cet article

Actus récentes

Abonnez-vous
à notre NEWSLETTER
quotidienne et gratuite

Laissez un commentaire