Emma Rafowicz (PS) : « L’accord permet une clarification : nous sommes de gauche »
Alors que le conseil national du Parti socialiste doit se prononcer sur un éventuel accord avec la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale, Emma Rafowicz, secrétaire nationale du PS et présidente des Jeunes socialistes, est l’invitée de la Midinale.
UNE MIDINALE À VOIR…
ET À LIRE…
Sur la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale
« Ce qui se joue, ce n’est pas que l’avenir du Parti socialiste, c’est aussi l’avenir de la gauche en général. Ce que je vois avec le Mouvement des Jeunes socialistes – que j’ai l’honneur de diriger – est que cet accord, nous l’attendions depuis très longtemps. Sur le terrain, pendant la présidentielle, les gens nous disaient “unissez-vous, vous faites une connerie”, et c’est aussi ce qui a été dit à tous les autres partis. »
« Cet accord je l’accueille à bras ouverts : aux Jeunes socialistes, nous avons voté à l’unanimité une résolution qui appelait à l’union de la gauche. La seule chose que je regrette est que cet accord laisse peu de place au renouvellement. Il ne va pas y avoir beaucoup de candidats jeunes dans ces élections législatives côté Parti socialiste… »
Sur le programme pour les législatives
« La gauche et le socialisme, c’est penser la vie avec radicalité. On croit profondément que la gauche doit proposer une alternative qui change la vie et propose à tous de vivre mieux. »
« On est toujours profondément européens. Nous sommes aussi en train d’essayer de penser la politique pour qu’on arrive à remettre le sujet du social et de la solidarité au coeur. »
« Le PS est ce parti présent dans les collectivités, à l’Assemblée nationale et au Sénat, ce qui nous donne cette crédibilité pour changer la vie des gens. Je pense qu’on a amené aux communistes, aux insoumis et aux écologistes une volonté d’être crédible. »
« Quand on parle de l’Europe, il faut savoir que le PS a participé à la construction européenne. Et maintenant, tout le monde est clair sur le fait qu’on ne sortira pas de l’Europe. »
« On ne veut pas transiger sur la construction européenne et on ne veut pas rentrer dans cette dynamique de désobéissance européenne. On ne sera pas d’accord sur tout, mais on amène tous nos particularités et l’important est que cela se fasse dans le respect de chacun, dans la volonté commune de changer la vie des gens. »
Sur les conflits internes au Parti socialiste
« Cela fait quelque temps qu’on a réussi à proposer un programme radical. Après, il est vrai que nous avons été inaudibles : on souffre du bilan du quinquennat Hollande et d’un certain discrédit. »
« Ce qui nous oblige à rentrer dans l’union de la gauche est que désormais, l’extrême droite peut gagner. Le niveau de l’extrême droite est inédit. Il faut absolument qu’on soit crédible collectivement. La nouvelle génération porte cette envie de responsabilité et on est responsable collectivement en portant cette union de la gauche, dans le respect évidemment des identités de chacun. »
« J’espère que personne ne va partir, que nous allons réussir à convaincre tout le monde. La clarification de cet accord est de dire que nous sommes de gauche. Si cela ne va pas à certains, c’est peut être qu’ils n’ont pas leur place au Parti socialiste. »
« Après, je pense qu’il faut convaincre, et je peux tout à fait entendre qu’à la veille d’un accord inespéré mais aussi impensé depuis des années avec des groupes avec lesquels nous n’échangions plus, je peux comprendre qu’il y ait une fébrilité. Localement, ça peut être compliqué avec les insoumis. Par exemple, je ne supporte pas le sort qui est fait à Lamia El Aaraje : je pense qu’il faut parfois arriver à trouver un point d’équilibre. »
« Je veux que les Jeunes socialistes se disent “je suis dans la bonne maison parce qu’en fait, nous sommes de gauche”. »
Sur le clivage au sein du PS
« Pour moi, [au PS], il y a un clivage qui est incarné de manière générationnelle d’abord parce que la jeunesse de gauche est unanime. »
« Quand on voit les sondages, la jeunesse de gauche nous appelle à la responsabilité et à ce saut vers l’union et l’unité. »
« J’émets des réserves sur la question parisienne où j’estime que l’accord n’est pas juste pour les socialistes et sur la jeunesse parce que l’on n’est pas assez représenté. Et cela m’indigne. »
« Ce qui nous oblige, c’est la construction du futur et de l’avenir. L’avenir, c’est nous, les jeunes, que l’on soit écologistes, socialistes ou communistes, les partis doivent nous faire de la place. »
« Martine Aubry et Lionel Jospin sont nos aînés et ils nous ont précédés dans les responsabilités. Ils nous inspirent. Ce n’est donc pas uniquement une question des anciens contre les modernes. »
« Ce qui m’a fait m’engager au Parti socialiste et chez les Jeunes socialistes, c’est ma volonté de changer la vie. »
« Les 35 heures, la CMU, les congés payés du Front Populaire : c’est ça l’héritage des socialistes. »
« Je ne vais pas dire que tout dans le mandat de François Hollande n’allait pas : il y a des choses à en retenir mais il incarne beaucoup moins que d’autres précédemment cette volonté qu’on vive tous mieux. »
« C’est à nous, les jeunes, de prendre cette responsabilité d’avancer et de faire en sorte que nous qui devons être demain en responsabilités, nous faisions mieux. »
Sur les dissidences
« Il faut regarder chaque situation : comme à Paris, il faut prendre en considération le sentiment d’injustice sur certains territoires par rapport à l’accord. »
« S’il s’agit de problème de fond, c’est-à-dire de problèmes liés à l’idée de rejoindre l’union de la gauche, il faut se poser la question de rester ou partir. »
« L’accord est tellement inédit que forcément, il va créer des remous et je vais essayer de convaincre mes camarades plutôt que des le rejeter d’un bloc. »
Sur la légitimité d’Anne Hidalgo à diriger la municipalité parisienne
« Si je me suis engagée aux municipales en 2020, c’est parce que c’est elle qui incarnait ce qu’on faisait à Paris et notre manière de changer la vie. »
« Pour moi, Anne Hidalgo a toute la légitimé pour continuer à diriger cette ville. »
« Aujourd’hui, quand les socialistes sont majoritaires, notamment dans les villes, c’est nous qui tendons la main à nos partenaires pour diriger ensemble. C’est ce que fait Anne Hidalgo à Paris. Aujourd’hui, les insoumis sont clairement en position de force dans cet accord et dans ce travail d’union de la gauche : c’est aussi à eux de tendre la main à toutes et à tous pour que tout le monde s’y retrouve. »
« Anne Hidalgo est une femme de gauche, une femme écologiste, républicaine qui a toute sa place dans le débat politique, notamment à gauche. »