1er mai, fais ce qu’il te plait – donc lutte
Où en est le mouvement social ? Vaillant mais dans une impasse…
L’année dernière, en pleine mobilisation contre la réforme des retraites, la fête des travailleurs et des travailleuses avait suscité, fait rare, un appel commun de l’intersyndicale (CGT, Solidaires, CFDT, FSU, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa) et mis près de 2,3 millions de personnes dans la rue. Peu de chances que l’on soit autant dans la rue tant la question sociale semble avoir déserté le devant de la scène politico-médiatique.
Pourtant, comme le rappelle la CGT dans son tract d’appel à manifester, les sujets de luttes sont légion : les attaques contre l’assurance-chômage, les salaires qui stagnent, la précarité qui progresse, les riches qui sont toujours plus riches, la politique gouvernementale d’austérité, le dérèglement climatique qui se poursuit sans qu’une transition écologique soit véritablement engagée, les libertés publiques attaquées, les conflits armés ou les massacres en cours, sans parler de la montée inquiétante et qui semble inexorable de l’extrême droite.
Seulement tout cela mis bout-à-bout ne fait pas sens. La codéléguée de Solidaires Murielle Guilbert parle de mobilisation à « géométrie variable ». Celles et ceux qui vont venir vont le faire pour leur combat à elles et eux. Mais surtout, la plupart de celles et ceux qui devraient être là à battre le pavé ne le feront pas parce qu’aucune perspective n’arrive aujourd’hui à émerger. En bref, à de rares exceptions, notre camp social accumule les défaites sans qu’on arrive à envisager la façon de retrouver la route des conquêtes.
Comme dirait l’autre, y’a le feu au lac. Le mouvement social a un genou à terre. Le ressentiment, la lassitude et, finalement, la recherche de boucs-émissaires et la haine de l’autre, sont des dangers qui guettent l’ensemble du monde du travail. Réarticuler les luttes syndicales et politiques n’a jamais été aussi impérieux, sans cantonner les premières à l’organisation et les secondes à la perspective : histoires, pratiques et pensées doivent s’interpénétrer et les forces se coaliser au risque de tout voir disparaître. Mais cela ne veut surtout pas dire que les chefs politiques auto-proclamés doivent usurper la place des leaders syndicaux ! Il ne s’agit pas d’échanger les places mais d’hybrider les réflexions et les expériences. L’engagement social et l’engagement politique ne se confondent pas. Mais l’un comme l’autre ont besoin de davantage de rencontres. La manif du 1er mai est un bel endroit pour cette rencontre. Alors cet après-midi, tous et toutes dans la rue !