Union ou diversité au premier tour ? La campagne présidentielle est lancée

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L’extrême droite réfléchit à une stratégie gagnante pour 2027. La gauche doit aussi arbitrer.

Au fil des années, Marine Le Pen est devenue une pièce maîtresse de la dynamique d’extrême droite. Elle n’en est pas la seule productrice. De fait, alors même que sa culpabilité est largement admise, cela ne provoque pas un reflux du vote en faveur de l’extrême droite. La force d’une inflexion vers la droite est européenne : elle ne renvoie pas à l’habileté d’on ne sait quel démiurge.


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Mais la probable inéligibilité de la locomotive Le Pen place le Rassemblement national devant un dilemme. Il lui faut souder ses rangs et s’assurer que le noyau des électeurs n’est pas déstabilisé. C’est le but du discours victimaire, du refus d’accepter le moindre chef d’accusation et du recours à la mobilisation militante.

Toutefois, cette mobilisation ne suffit pas à faire une majorité, a fortiori si elle contredit les efforts antérieurs : celui de la « dédiabolisation » (et donc le lissage des aspérités du discours fondateur) ; celui de la dénégation du qualificatif d’extrême droite accolée au frontisme depuis ses origines. On ne devient pas majoritaire sans la force propulsive d’un noyau politique solide, mais on n’atteint pas la majorité si l’on est cantonné aux extrêmes.

On ne met pas en mouvement un électorat sans mobiliser un noyau. Mais on ne fait pas gagner la gauche si on laisse s’incruster l’idée qu’une gauche bien à gauche se réduit à ce qu’on appelle bien vite « l’extrême gauche ».

L’exemple américain pourrait certes légitimer l’idée que la radicalité agressive n’est pas incompatible avec la conquête d’une majorité. Et nul ne peut ignorer la profondeur des ressentiments populaires dont se nourrissent partout les crispations, les repliements et les régressions sociales et démocratiques. Mais les États-Unis ne sont pas la France, où Trump n’a pas la cote et où la trace populaire révolutionnaire n’a pas définitivement capitulé. Marine Le Pen elle-même n’a d’ailleurs pas oublié la mésaventure de son débat d’entre-deux-tours avec Emmanuel Macron en 2017 quand, en confondant radicalité et agressivité, elle avait en fait affaibli son projet et précipité sa large défaite. 

Qui, en dehors d’elle, peut rassembler les siens sans rebuter les nécessaires ralliements de second tour ? Au premier tour, faut-il maintenir la diversité des candidatures (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan) qui mobilise toute la palette de l’extrême droite politique ? Ou faut-il au contraire les rassembler dès le premier tour (modèle RN-« ciottistes » des législatives de 2024) ? Manifestement, l’état-major du RN se laisse un peu de temps pour trancher.

La gauche pourrait réfléchir à un dilemme voisin. Elle a en effet deux problèmes à résoudre conjointement. Comment sortir des basses eaux – sous les 30% – qui restent imperturbablement les siennes depuis 2017 ? Et, pour y parvenir, quelle est la configuration à gauche la plus attractive possible ? Sur le papier, la réponse est simple. On ne met pas en mouvement un électorat sans mobiliser un noyau. Il n’y a donc pas de dynamique large à attendre d’un projet qui ne serait pas franchement à gauche et qui, comme ce fut le cas avant 2017, s’accommoderait de l’abandon de ses grands marqueurs. Mais on ne fait pas gagner la gauche si on laisse s’incruster l’idée qu’une gauche bien à gauche se réduit à ce qu’on appelle bien vite « l’extrême gauche ». Un clou ne chasse pas l’autre…

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