Un début de justice pour Nahel

Le 27 juin 2023, Nahel, un adolescent de 17 ans, est tué à bout portant par un policier qui effectue un contrôle de son véhicule. Le parquet de Nanterre vient de requérir un procès pour meurtre.
La colère qui s’était emparée d’une partie de la jeunesse de France, notamment dans les quartiers populaires, en 2023, vient d’obtenir un écho judiciaire. Le parquet de Nanterre, requérant un procès pour le meurtre de Nahel, estime que le policier auteur du tir « ne pouvait ignorer le caractère très probablement mortel de son tir ». Le slogan « Justice pour Nahel » commence à devenir réalité.
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Le traitement discriminatoire, violent et parfois létal des jeunes hommes non-blancs par les forces de police est une souffrance quasi quotidienne pour des milliers de nos concitoyens, parfois mineurs. C’est donc logiquement et heureusement que son refus est devenu l’objet d’une lutte. Celle-ci prend parfois la forme de soulèvements. Elle épouse aussi une demande de justice devant les tribunaux. La requête du parquet de Nanterre est un acte fort en cette direction. Il est un de ces rares actes d’apaisement et de reconnaissance d’un grave problème.
Car depuis l’été 2023, que s’est-il passé du côté de l’État pour apaiser et écouter ces plaintes et ces souffrances ? Rien. Ou pire : la situation s’est aggravée, la droite et l’extrême droite faisant leur beurre de la division du peuple français et la stigmatisation tous azimut des noirs et des arabes, des immigrés, des musulmans, des habitants des quartiers populaires, mis dans un même sac et associés à la violence et à la « décivilisation ». La nomination de Bruno Retailleau et ses propos incendiaires flirtant avec le racisme, remettant en cause l’État de droit, sont ressentis, à raison, comme des menaces.
Depuis 2023, la gauche n’a pas surmonté ses divisions, certains jugeant nécessaire d’assurer leur soutien à la police, quand d’autres dénoncent des pratiques policières qui aggravent la violence, les tensions et les discriminations.
Pour le moment, les recours devant l’institution judiciaire reste un chemin des plus importants pour obtenir justice. Et quand ça fonctionne, il faut le noter et le soutenir. En l’espèce, des vidéos ont permis très rapidement de balayer les explications farfelues voire mensongères de l’avocat du policier mis en cause. L’appel de plusieurs syndicats de policiers à se mobiliser ce mercredi devant les commissariats vise tout à la fois à intimider ceux qui se tournent vers la justice et à porter l’exigence d’une impunité plus grande. Ces manifestations contestent l’État de droit. On rappelle l’article 434-25 du Code pénal : « Le fait de chercher à jeter le discrédit, publiquement par actes, paroles, écrits ou images de toute nature, sur un acte ou une décision juridictionnelle, dans des conditions de nature à porter atteinte à l’autorité de la justice ou à son indépendance est puni de six mois d’emprisonnement et de 7500 euros d’amende. »
Depuis l’été 2023, la gauche n’a pas surmonté ses divisions sur le sujet, certains jugeant nécessaire d’assurer leur soutien à la police en charge de l’ordre et de la tranquillité, quand d’autres dénoncent des pratiques policières qui aggravent la violence, les tensions et les discriminations. Ces derniers, notamment les insoumis et leur leader Jean-Luc Mélenchon, ont parfois heurté par leurs propos (« la police tue »), ils n’ont pas toujours été compris mais ils ont aussi contribué à faire de la police une question incontournable pour la cohésion de notre pays et le bien de la jeunesse. Sa doctrine, ses moyens et ses pratiques doivent être revues. Il s’agit d’un sujet politique de première importance, pour Nahel et pour la société toute entière.