Résolution de soutien à l’Ukraine : la gauche divisée mais surtout inaudible

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Ce mercredi à l’Assemblée nationale a été votée une résolution de soutien à l’Ukraine. Non contraignante, elle enjoint notamment à saisir les avoirs russes gelés et appelle à l’adhésion de Kiev à l’Union européenne. Si la majorité des groupes ont voté pour, le RN s’est abstenu tandis que le PCF et LFI ont voté contre.

Les députés se sont prononcés sur le « renforcement au soutien de l’Ukraine ». Résultats : 288 voix pour, 54 contre. Pour les uns, l’enjeu portait sur le soutien ou le refus de la préparation à la guerre. « Nous ne pouvons pas défendre tout projet de guerre – ou de préparation à celle-ci », a affirmé l’orateur du groupe communiste Jean-Paul Lecoq. Même son de cloche du côté de l’insoumise Sophia Chikirou : la guerre n’alimente que la violence, il n’y a que le multilatéralisme et le travail à la paix qui devraient prévaloir.


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Le RN a tenu à peu près le même langage : conférence internationale pour la paix, refus de l’Ukraine dans l’UE, haro sur les va-t’en-guerre. Il est évident que les motivations et le background des refus ne sont pas du tout les mêmes à gauche et à l’extrême droite. On connait le substrat fasciste qui penche toujours du côté de la réaction, des puissants et des autoritaires qui anime l’idéologie des lepénistes. À l’inverse, LFI et le PCF sont eux attachés au droit international et à l’ONU. On connaît aussi les convictions pacifistes historiques d’une partie de la gauche – même si parfois, on les confond trop vite avec de l’antimilitarisme. Il n’en reste pas moins que les commentateurs, à la télévision, à la radio et dans la presse n’ont pas manqué de mettre tous les « non » dans le même sac. Et c’est suffoquant.

Pour écarter toute confusion, on pouvait mettre en avant que la question centrale n’était pas la guerre, mais le soutien à l’Ukraine. Le rapprochement inattendu de Trump et de Poutine est en train d’effacer la distinction de l’agresseur et de l’agressé. Il laisse entendre que le prix de la paix est l’acceptation de l’amputation par la force d’une partie du territoire ukrainien. Or, ce serait tourner ouvertement le dos au seul rempart contre la guerre : le respect intransigeant du droit international.

Mettre cela au second plan, quelque respectable que soit le souci de la paix, c’est courir le risque de donner un satisfecit de fait à l’agresseur. L’abstention ne permettra pas de lever les confusions. On l’a vu au Parlement européen quand il s’est agi de se prononcer sur le soutien aux prisonniers politiques algériens, dont Boualem Sansal. Certains, comme les insoumis, pensent certes qu’ils peuvent corriger les tirs de barrage médiatiques en s’appuyant sur les réseaux sociaux.

Dans l’immédiat, il s’agit de dire s’il faut abandonner l’Ukraine, la contraindre à capituler devant la force et entériner ainsi un peu plus le déclin du droit international et des régulations onusiennes. On peut donc dire oui au soutien à l’Ukraine et à la volonté de ne pas relâcher l’effort en ce sens.

Or, outre le fait que la majorité de la population est à l’écart de ces réseaux, l’idée qu’il est possible de contredire à court terme les discours bellicistes ne tient pas compte des effets objectifs et subjectifs du revirement américain et du cynisme russe. La course au surarmement, la persistance de l’Otan ou l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne ne sont certes en aucun cas des voies pertinentes pour un règlement durable du conflit. Mais dans l’immédiat, il s’agit de dire s’il faut abandonner l’Ukraine, la contraindre à capituler devant la force et entériner ainsi un peu plus le déclin du droit international et des régulations onusiennes. 

Le monde ne peut pas courir le risque d’une guerre d’anéantissement, mais la légitimation de la force n’est pas la solution pour l’empêcher. Elle risque au contraire d’en nourrir le risque. On peut donc dire oui au soutien à l’Ukraine et à la volonté de ne pas relâcher l’effort en ce sens. Cela légitime d’autant plus le discours qui devrait accompagner ce soutien : la paix ne repose pas sur la guerre, mais sur la mobilisation de toutes les forces, États, sociétés civiles et individus qui veulent à la fois la paix et le respect du droit.

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