Quand les soc-dems préparent leur come-back
Ce week-end, deux « second couteaux » de la politique sont parvenus à rassembler autour d’eux une large partie de leur famille dans leur fief respectif : Gérald Darmanin à Tourcoing et Carole Delga en Occitanie.
Autour de l’ancien sarko-boy, successivement ministre des comptes publics (quel talent !) et ministres de l’intérieur (toute honte bue !) se retrouvaient pour se jauger et s’annuler Édouard Philippe, Élisabeth Borne et Gabriel Attal. Carole Delga réunissait, elle, autour d’un cassoulet Raphaël Glucksmann, François Hollande, Jérôme Guedj, Bernard Cazeneuve et Benoît Hamon.
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Ces deux rencontres en disent long sur les troubles et flottements qui dominent les anciens blocs dits de gouvernement, à gauche (hors LFI et PCF) et à droite (LR compris). La présidente de région comme le député du Nord se rêvent sûrement en solution pour leur camp, capables de doubler les crocodiles de leurs partis. Delga et Darmanin, forts de leur ancrage local, assurent être porteurs de politiques populaires.
Abandonnons provisoirement la droite à ses contradictions : être libéral, pro-business, allié au LR et vouloir reconquérir les jeunes et les catégories populaires ! On reviendra voir dans quelques temps comment l’oxymore a été surmonté (ou pas). Revenons en Occitanie. Bernard Cazeneuve synthétise l’ambition de l’Assemblée : « Refonder la gauche de gouvernement, rassembler les forces de gouvernement avec la nécessité de susciter du rêve et de l’enthousiasme ». Vaste programme. Jérôme Guedj l’assure : « L’union pour l’union n’a pas de sens. L’union n’a de sens que sur des valeurs ». En ligne de mire : Jean-Luc Mélenchon. C’était d’ailleurs le plat principal de cette tablée : comment se débarrasser de La France insoumise et de son leader ? Hollande louvoie. Ne doit-il pas son élection, comme président de la République puis comme député, au rassemblement de tous les électeurs de gauche, LFI compris ?
Pour remplacer Mélenchon, il faut faire mieux. Et franchement, la social-démocratie n’y est pas du tout.
Raphaël Glucksmann, débarrassé de toute contrainte électorale, ne s’embarrasse pas de ces pudeurs de gazelles. Il affirme sans détour dans Libération : « J’ai une conviction : si la gauche veut gouverner, elle doit se libérer de Mélenchon et de ses affidés ». Après avoir affirmé travailler « à une reconstruction de la social-démocratie, une gauche sociale, européenne, humaniste, écologiste et féministe », l’eurodéputé semble prendre la mesure du défi : « Il faut faire ce que Mélenchon a fait : renouveler la doctrine, former des cadres, des militants ».
Premier objectif : déloger « les affidés » supposés de Mélenchon, le groupe dirigeant le PS autour d’Olivier Faure… qui manquait d’ailleurs à l’appel. Le secrétaire du Parti socialiste n’avait pas jugé « les conditions réunies » pour sa participation aux agapes. On le comprend. Depuis 2017, mais surtout depuis 2022, les « Fauristes » ont pris la mesure des dégâts de la politique conduite par Hollande avec Valls et Cazeneuve. Ils veulent réinscrire le PS dans la gauche et lui redonner place dans les manifs et dans les urnes. Ils ont été des artisans de l’union des gauches, donc avec LFI.
Mais l’objectif de « renouveler la doctrine » affiché par Glucksmann pourrait aussi s’appliquer à la direction du PS. Attaché à l’union des gauches, sa direction est tout aussi faible de projet et de propositions.
Ils étaient nombreux ce samedi à Bram à voir le problème posé par le poids de la France insoumise et de sa politique jugée trop clivante sur la forme et trop radicale sur le fond. Mais il ne leur suffira pas de faire ce diagnostic : il faut aussi prendre la mesure de l’attente politique qu’a su remplir LFI et son leader. Pour remplacer Mélenchon, il faut faire mieux. Et franchement, la social-démocratie n’y est pas du tout.
Les sociaux-démocrates et les sociaux-libéraux ne semblent pas avoir compris le message fort envoyé par les Françaises et les Français. Ils veulent plus de pouvoir d’achat, plus de protection sociale, plus de services publics, un meilleur service public d’éducation, un meilleur service public de soins. Pour cela, il faut un changement de cap politique. Or l’assurance de ce changement de cap politique est dans l’union des forces de gauche, de toutes les forces de gauche sans en exclure aucune. Vouloir exclure d’une façon ou d’une autre, les insoumis pour telles raisons, ou les communistes pour d’autres raisons c’est oublier totalement que si la gauche existe encore aujourd’hui elle le doit à l’energie de Mélenchon qui a su réunir des millions de Français….Pire, si c’est exclure les insoumis et les communistes, pour signer une alliance avec tous les Macron-compatibles, alors il faut avoir la force et la lucidité de dire que c’est une lourde erreur politique.
Vivement que la situation se clarifie au PS… C’est le maillon le plus faible (même s’il y en a d’autres) du NFP.