Retraites : le gouvernement et LFI à la peine dans l’opinion

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En attendant le retour des débats parlementaires, le 27 février au Sénat, et la journée de mobilisation du 7 mars, nous sommes en quelque sorte à la pause de ce conflit. Le temps de réaliser un premier bilan, forcément provisoire, sur les stratégies de chacun à la lumière de quelques sondages, en particulier celui d’OpinionWay.

Pour la majorité présidentielle, il n’existe aucun doute, le résultat de plus d’un mois de « pédagogie » a pleinement fonctionné… mais à rebours. L’on pourrait même parler de Bérézina gouvernementale. Seuls 26% des Français approuvent désormais le report de l’âge légal de 62 à 64 ans, ils étaient 32% le 12 janvier.

 

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Le détail de la déroute gouvernementale est résumé par le graphique ci-dessous. Les entourloupes du projet de réforme sur les 1200 euros de pension minimum, sur la prise en compte de la pénibilité ou des carrières longues, sur le sort réservé aux femmes, révélées par le débat parlementaire ou public, ont cheminé dans l’esprit des Français.

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[page 16 du sondage OpinionWay pour Les Échos, cliquez pour agrandir]

 

Un récent sondage Ifop donne à peu de choses près les mêmes indicateurs. La « bonne opinion » vis-à-vis du parti gouvernemental, La République en marche devenue Renaissance, passe ainsi de 43% en octobre 2017, puis 34% en octobre 2022 et seulement 28% en février 2023. Un vrai toboggan.

Ajoutons que selon OpinionWay, dans le débat sur la réforme des retraites, les Français sont 66% à considérer que le gouvernement a eu une attitude dangereuse contre 31% à estimer qu’il a eu une attitude responsable. N’en jetez plus.

Deux Français sur trois sont opposés à la réforme des retraites, assez logiquement deux sur trois trouvent le gouvernement dangereux et seul un peu moins de 30% se retrouve derrière le gouvernement Borne, une base extrêmement rétrécie. Mais qu’en est-il pour la LFI ?

Échec de la stratégie LFI

Le Conseil politique de La France insoumise vient de déclarer que « grâce à l’action de nos députés, le projet d’Emmanuel Macron n’a pas été voté par l’Assemblée nationale ». La formulation est à vrai dire curieuse. LFI, et c’est un choix qui peut se discuter, a souhaité empêcher le vote sur le projet de réforme. Il n’est pas bien sûr que le gouvernement le souhaitait non plus mais, en tout état de cause, les insoumis ont fait le choix de récupérer le mistigri, mieux, de s’en féliciter.

Rappelons que l’ensemble des organisations syndicales étaient opposées à cette tactique ainsi que les trois partenaires de la Nupes : PS, PC et EELV. Au sein même du groupe LFI, la décision de ne pas aller jusqu’au fameux article 7 n’a été acquis que d’une maigre voix. Ainsi, avec 52% des députés LFI (soit un quart de la Nupes), la décision s’est imposée à l’ensemble, les montages de holdings bien ficelés fonctionnent à peu près de la même manière. Et parce qu’il fallait bien pimenter un peu tout ça, le vote à peine connu, Jean-Luc Mélenchon s’en prenait au PCF.

Mais au fait, qu’en pensent les Français, eux qui sont foncièrement opposés à la réforme ? C’est là que le bât blesse. Selon OpinionWay, ils sont 66% à trouver l’attitude de la LFI dangereuse, contre 28% une attitude responsable, soit un résultat équivalent à celui du gouvernement.

Alors certes, selon le sondage Ifop déjà cité, la « bonne opinion » vis-à-vis de LFI est passée de 26 à 30% entre octobre et février – mais elle était de 33% en octobre 2017. Sur la même période, le RN est passé de 25% à 37% entre 2017 et 2022 avant de se tasser à 35% en 2023. Difficile de s’enthousiasmer, encore moins de pavoiser avec un tel résultat.

Emmanuel Macron a déjà perdu la bataille de l’opinion et quoi qu’il arrive le mouvement social laissera des traces pour longtemps dans les consciences. Le Président joue désormais sa survie, d’où son entêtement. Qu’il soit contraint de retirer sa réforme – et il sera condamné à inaugurer les chrysanthèmes –, tout au plus pourra-t-il espérer un bien improbable créneau pour dissoudre l’Assemblée nationale.

L’ampleur de la mobilisation du 7 mars et des jours qui suivront sera donc décisive. Ce n’est pas anodin que l’ensemble des organisations syndicales appellent à mettre le pays à l’arrêt. C’est même du jamais vu. Cette unité fait la force de la mobilisation, aux organisations politiques d’en être le relais efficace.

 

Stéphanie Texier

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