Plus qu’un barrage, un Front populaire

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24 heures après l’annonce de la dissolution, la gauche, toute la gauche, sort de son chapeau un accord électoral.

Ce n’est une surprise que pour la droite : la gauche a réussi lundi soir à se mettre d’accord pour des candidatures uniques de toute la gauche dans les 577 circonscriptions. Il est minuit moins le quart, le péril brun gratte à la porte du pouvoir, il n’était plus temps de tergiverser.

Pourtant, les fractures ont été profondes ces derniers mois : le travail qui aurait dû poursuivre l’accord de la NUPES de 2022 a fracassé cette base commune. La désunion a dominé ces dernières semaines d’autant que la campagne des élections européennes préfigurait pour certains la présidentielle de 2027.

Une question se pose : après avoir dit que les socialistes étaient des traîtres, que les insoumis étaient des antisémites, que tout cela, c’est la faute des Verts ou que sais-je, comment une telle perspective d’alliance a-t-elle été rendue possible ? Force est de constater : souvent, nécessité fait loi.

Prenons le stigmate le plus violent : le sceau d’antisémitisme apposé sur LFI, notamment depuis les massacres du 7 octobre. A gauche, chez certains membres du PS mais pas uniquement, il s’agit d’une ligne rouge. Pourtant, qui peut croire qu’avec le RN au pouvoir, il sera plus aisé de lutter contre l’antisémitisme ? Personne. Si l’on veut traiter cette question de l’antisémitisme à gauche, il vaut mieux ne pas être dans un pays dominé par le fascisme. Et il en va de même pour toutes les questions, des plus importantes aux plus secondaires.

Alors oui, la perspective de front populaire réactivé par une gauche qui ose espérer une victoire est de celle qu’on attend. Reste à savoir si la dynamique d’espoir initiée saura s’inscrire dans la durée – et surtout dépasser la stricte logique de barrage contre l’extrême droite qui a tellement, tellement de plomb dans l’aile… Bref, on a besoin de croire en des lendemains qui chantent.

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2 commentaires

  1. Magnus le 11 juin 2024 à 12:51

    « Reste à savoir si la dynamique d’espoir initiée saura s’inscrire dans la durée – et surtout dépasser la stricte logique de barrage contre l’extrême droite qui a tellement, tellement de plomb dans l’aile… Bref, on a besoin de croire en des lendemains qui chantent. »

    Le réveil nécessaire (aussi par rapport à tous ces jeunes qui gobent les conneries de Zemmour et compagnie) c’est de montrer ce qu’est le RN et l’extrême-droite vraiment. Et ce qui les alimente (Macron, le PS depuis longtemps, même à l’époque de Mitterand, LR, Modem, la liste est longue…).

    Tout est dans l’indépendance. Le RN est collé aux Etats-Unis et l’ordre mondiale actuelle, comme le montre par exemple son positionnement vis-à-vis la Palestine.

    L’extrême-droite ne cherche qu’à renforcer l’ordre mondiale actuelle, cette division entre l’Occident et sa sphère et « les autres » (vu comme sous-êtres), en continuation avec le colonialisme.

    Dans ces conditions, et vu l’inconscience qui règne (aussi au PS et eelv, par rapport à l’UE par exemple, mais aussi les Etats-Unis/l’OTAN, après tout il est plus évident que jamais que l’UE est soumise aux Etats-Unis), une NUPES crédible doit faire preuve d’indépendance vis-à-vis l’UE, l’OTAN et les Etats-Unis.

    Puis après il faut bien sûr aussi être indépendant et pas dans la corruption dans la politique économique aussi, mais tout cela va ensemble, impossible d’être non corrompu et indépendant dans une domaine mais pas dans une autre, tout est lié à tout.

    Sans cette clarté, la NUPES n’arrivera pas à entamer un début de résistance à et combat de l’extrême-droite.

    J’ai l’espoir que JLM et d’autres dans LFI, mais aussi dans le PC, peut-être même quelqu’un comme Sandrine Rousseau à EELV, vont avoir la conscience nécessaire pour se rendre compte de l’enjeu.

    Parce que je me sentirais con de voter pour une NUPES à laquelle je ne crois pas. Arriver au pouvoir juste pour mener une politique qui ne serait qu’un cadeau pour l’extrême-droite, ben, ce n’est pas possible.

    Il faut se rendre compte du moment historique dans lequel nous sommes.

    Le PS pourrait peut-être accepter pour avoir des sièges dans l’assemblée. Après on s’imagine aisément que ceux au PS qui préfèrent un PS enterré qu’un PS acceptant la NUPES qu’il faut, ben ils vont faire comme d’habitude, ça va être tout un cirque comme d’habitude. Mais on s’en fou. Au fond on n’a pas besoin du PS. Au contraire.

  2. François Breton le 12 juin 2024 à 19:03

    J’admire votre enthousiasme pro-LFI de circonstance. (!)
    Moi, je voterai pour la LFI mélenchoniste comme toujours
    mais cette fois avec dégout.

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