On était à la manif de la fonction publique

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Ce mardi 19 mars, la fonction publique était dans la rue. Une unité syndicale pour faire face à l’urgence salariale, aux JO qui se profilent, aux conditions de travail qui se détériorent et à l’austérité promise par la Macronie.

Mounir

« Si les touristes nous apportent plus de travail, l’État qui les accueille doit nous payer en conséquence. » Mounir est syndiqué chez la FTDNEEA et travaille pour la ville de Paris. Avec les Jeux olympiques qui se profilent, lui et ses homologues savent que les touristes vont « amener avec eux plus de déchets, plus de labeur ». Pour Mounir, il n’y a pas de raison que « certains se gavent quand d’autres peinent à boucler les fins de mois ». Les JO sont un événement qui ne sera pas bénéfique aux travailleurs tels que lui, alors il estime que la prime de 1900 euros « leur revient de droit ». L’échec de la forte mobilisation de 2023 à empêcher la réforme des retraites demeure, pour Mounir et pour de nombreux de ses homologues, une raison de plus pour sortir et organiser des manifestations comme celles de ce 19 mars. Il en est convaincu : « La rue reste l’un des meilleurs endroits » où se battre.


Marie-Catherine

Le plus difficile pour Marie-Catherine, institutrice des écoles en fin de carrière, c’est d’aider ses collègues et les membres de l’Éducation nationale qui travaillent dans l’administratif. Elle les observe se « surmener, finir en burn-out ». Pour Marie-Catherine la situation a atteint un point critique : « Chacun devient une bombe à retardement et peu à peu tout explose ici et là ». L’embauche des contractuels « à tour de bras », le manque de candidats au concours, le salaire dérisoire et les conditions de travail délétères, Marie-Catherine continue de manifester parce que « sans cela, ça serait pire encore ». Et c’est ce « pire » là qu’elle cherche à repousser en descendant dans la rue sous les ballons de la CFDT. « Nous sommes le témoignage du jour. Il faut que les gens se rappellent que d’autres ont lutté avant eux et que d’autres le feront après. »


Manu

« On ne croit plus en la politique. On croit en nous, au collectif et aux syndicats. » Malgré ses 28 ans de « loyaux services » en EHPAD et « le poste le plus haut » qu’il puisse atteindre, Manu vit avec seulement 2000 euros par mois. Une situation qu’il juge plus acceptable. « On a perdu plus de choses qu’on a gagné », déplore Manu. Pour autant, il refuse de se résigner et aux côtés de ses camarades fait « continuer la lutte ». S’il est là aujourd’hui, c’est essentiellement pour l’augmentation significative des salaires, mais il n’estime « pas être le seul, tout le monde est un peu là pour ça ». Pour Manu, bien au-delà d’un combat personnel, c’est une lutte nationale.


Nazli

« Je suis là pour participer à la valorisation de la fonction publique territoriale », revendique Nazli. L’agente d’accueil social ne comprend pas comment, en travaillant pour les plus démunis, on peut « se retrouver aussi démunis et indigents qu’eux ». Ce n’est pas seulement une augmentation des salaires et la revalorisation du point d’indice, la précarisation des agents par l’embauche d’employés du privé, qui importe Nazli, mais aussi « l’égalité des trois versants de la fonction publique ». Elle prône un service public qui peut réellement être utile à ceux qui en bénéficient sans déprécier ceux qui le font fonctionner.


Saoudi Erwan

« Si on n’y croit plus, on se radicalise et on devient des émeutiers. C’est ni ce qu’on veut ni ce dont on a besoin. Alors on y croit parce qu’il faut y croire. » Ce dont les surveillants, notamment, nécessitent, c’est une amélioration de leurs conditions de travail et une revalorisation du point d’indice, nous explique Saoudi Erwan. « On a pu observer des collègues à nous peiner à faire des courses pour le mois », raconte le délégué FO. Cette manifestation, comme toutes les actions qu’entreprennent les collectifs, tente de pallier cette précarité grandissante, « encore plus depuis l’inflation ». « C’est factuellement plus difficile. » Le contexte politique et en particulier le scrutin européen revigore l’esprit de combativité et provoque un regain d’optimisme. Pour Saoudi Erwan, les politiques doivent « prendre leurs responsabilités et s’emparer de la question ».

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