Moins de cours, plus d’inégalités

Moins de cours, plus d'inégalités

La mesure du rapport Peillon sur l’école qui prévoit la réduction du temps scolaire au profit de davantage d’activités périscolaires prises en charge par les collectivités locales pose clairement la question des inégalités entre les territoires. Entretien avec Cathy Apourceau, élue PC, en charge des Lycées de la région Nord-Pas-de-Calais.

Regards.fr. Le rapport Peillon sur l’éducation est le résultat d’un travail collectif associant les élus, les parents d’élèves, les personnels de l’éducation et les syndicats. Comment s’est déroulée cette consultation dans la région Nord-Pas-de-Calais ?

Cathy Apourceau. Recourir à la concertation pour l’élaboration de ce rapport était une idée louable. Je regrette cependant que cette consultation ait été faite dans la précipitation. Elle a été lancée le 20 août et bouclée le 20 septembre. C’est court. Certes, je me félicite que l’école soit au cœur des préoccupations affichées de François Hollande, mais eu égard aux délais imposés, je m’interroge sur le respect du dialogue social, et j’espère que toutes les propositions énoncées ont bien été remontées. Dans l’académie du Nord-Pas-de-Calais, toutes les zones administratives ont été consultées. Mais au final, les réunions de travail ont pris la forme de réunions d’information. Par ailleurs, les élus n’ont pas été invités. Pour exemple, en qualité de présidente de la commission Lycées de la Région, je n’ai pas été conviée.

Ce rapport prévoit la réduction du temps scolaire et dans le même temps la mise en œuvre d’activités périscolaires par les collectivités territoriales. Qu’en pensez-vous ?

Je suis pour un grand service public, fort et national, où l’État doit jouer tout son rôle. Or ici, on demande aux collectivités locales de combler la réduction du temps scolaires par la mise en place d’activités périscolaires, ce qui aura immanquablement pour effet de creuser les inégalités entre les territoires. Dans le Nord-Pas-de-Calais, nous disposons de peu de moyens. Les populations sont pauvres, nous comptabilisons 800 licenciements par mois et les budgets des CCAS sont au bord de l’implosion. À la rentrée scolaire 2012, Luc Chatel avait programmé la suppression de 1020 postes, Vincent Peillon nous en a redonné seulement 33. Depuis 2007, ce sont 6000 postes qui ont été supprimés dans notre académie, et dans le département du Nord, il manque 900 postes d’enseignants. Par ailleurs, le taux de scolarisation en maternelle des enfants de 2 ans a chuté de 7 points, or peu de nos municipalités sont en mesure d’offrir des places en crèches à ces enfants. C’est une non prise en compte des difficultés de notre territoire, qui connait une situation catastrophique. Nous devons déjà faire face à un déficit global du service public sur la région, nous comblons l’urgence, nous n’aurons pas les moyens de compenser le désengagement de l’État.

Que comptez-vous faire ?

Nous avons déjà interpellé le ministre Vincent Peillon sur nos difficultés afin qu’il mette en place un plan de rattrapage pour le Nord-Pas-de-Calais. Nous allons nous organiser entre collectivités locales pour faire connaître au gouvernement notre désaccord sur ce nouveau transfert de compétences. Cette question sera évidemment au programme du congrès des élus communistes à Douais ce week-end. Nous allons également solliciter les élus de gauche de notre région, y compris PS – beaucoup de municipalités socialistes situées au cœur du bassin minier connaissent de grandes difficultés- et leur demander faire front avec nous pour obtenir des moyens supplémentaires, mais aussi et surtout, pour exiger que l’État joue son vrai rôle de service public au niveau national, et offre les mêmes conditions à tous les élèves.

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