France Inter, écoutez la différence ?

Dans sa nouvelle grille de rentrée,
France Inter nous propose
le vendredi matin, de 9 heures à
10 heures, « Les femmes, toute une
histoire », « une émission consacrée
aux femmes et à leur histoire,
en France et dans le monde »
.

Parler des femmes, de leurs luttes, de
leurs droits en faisant « des allers-retours
constants entre hier et aujourd’hui »
, c’est
l’ambition affichée de l’émission hebdomadaire
« Les femmes, toute une histoire »
présentée par Stéphanie Duncan sur
France Inter. Créé en 2011, mais initialement
diffusé le dimanche après-midi, ce
programme alléchant n’atteint que partiellement
son objectif. Certes, on y aborde
l’Histoire des femmes et des histoires de
femmes, et il n’est jamais inutile de rappeler
aux auditeurs les inégalités qui subsistent
encore aujourd’hui entre les hommes et les
femmes dans des domaines aussi variés
que ceux du travail, du sport, ou de l’éducation.
Jamais inutile non plus de revenir
sur l’implication des femmes dans les révolutions
ou sur les récits de vie d’Olympe de
Gouges ou de Virginia Woolf.

Cependant, on aurait apprécié une émission
qui rende davantage compte de la
pluralité des féminismes. On pourra nous
objecter qu’Élisabeth Badinter (première
invitée de Stéphanie Duncan) n’est pas
la meilleure amie de Geneviève Fraisse,
pour justifier de la diversité des points
de vue, il n’en demeure pas moins qu’au
fil des émissions se dessine les contours
d’un féminisme plutôt en vogue, dans les
médias comme dans la plupart des partis
politiques. Le féminisme de celles qui
louent le courage des femmes qui luttent
pour leurs droits en Tunisie, mais qui jamais
ne relaient les revendications des mères
voilées exclues des écoles françaises. De
celles qui s’enorgueillissent de l’audace de
leurs aînées, ces conquérantes du droit à
l’avortement ou à la pilule, sans faire plus
de place aux initiatives militantes de collectifs
actuels plus confidentiels, préférant
inscrire leur combat dans la voie institutionnelle.
De celles qui dénoncent la pauvreté
des femmes, leur précarisation, sans pour
autant s’interroger sur les processus économiques
responsables de cette situation.
Car les écarts de salaire entre hommesfemmes
n’expliquent pas tout.

Bref, ça ronronne et on aurait préféré
que ça grince. Et la présence de la chroniqueuse
Valérie Toranian, directrice de
rédaction du magazine Elle, journal emblématique
de ce féminisme à la mode,
enfonce le clou qui rive ce programme au
tableau des émissions médiocres.

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