Mandat d’arrêt contre Netanyahou : ce n’est pas une petite victoire
Novembre 2024, un an après l’attaque du Hamas en Israël, Benyamin Netanyahou tombe sous le coup d’une mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale. Un tournant historique pour cette institution.
Quel est le point commun entre Vladimir Poutine, Bachar el-Assad et Benyamin Netanyahou ? Non, ce n’est pas la légion d’honneur française (le premier ministre israélien ne l’a jamais reçue) mais le fait qu’ils sont tous trois sous le coup d’un mandat d’arrêt international.
TOUS LES JOURS, RETROUVEZ L’ESSENTIEL DE L’ACTU POLITIQUE DANS NOTRE NEWSLETTER
C’est particulièrement celui émis par la Cour pénale internationale (CPI) – à ne pas confondre avec la sommation de la Cour internationale de justice de stopper le massacre face au « risque réel et imminent » de génocide des Palestiniens – contre Benyamin Netanyahou, pour crimes de guerre et contre l’humanité, qui marque un tournant dans la justice internationale. Car, pour la première fois, c’est un allié des Occidentaux et un vainqueur de la guerre qui est visé.
Cette décision des juges de La Haye, prise le 21 novembre 2024, marque le retour sur le devant de la scène d’une justice internationale décriée, accusée de partialité. Elle acte également le poids de « Sud global », bien décidée à mettre l’Occident face à ses responsabilités et en jouant avec ses règles du jeu.
Donc non, il n’y aura pas un « procès de Nuremberg », car c’est une autre page de l’histoire qui s’écrit. Car la question est : y aura-t-il un jour procès ? Les États-Unis, ne reconnaissant pas la CPI, n’arrêteront jamais Benyamin Netanyahou – encore moins avec un Trump à la Maison-Blanche. Même des pays comme l’Allemagne ou la France ont fait montre de leur grand embarras face à cette perspective. Les accusés sont dans un confort tel qu’ils peuvent publiquement s’en prendre aux juges internationaux – on imagine la teneur de ce qui se passe alors en privé, loin des caméras, quans la CPI doit réagir par voie de communiqué pour demander la fin « immédiate » des « tentatives d’entraver, d’intimider ou d’influencer indûment ses responsables ».
La voie de la justice est longue et sinueuse. Les déceptions seront légion. Mais en attendant, le monde des tyrans se rétrécit. Ils ne sont pas les bienvenus où qu’ils aillent. Un mandat d’arrêt international, ce n’est pas la Justice, mais c’est déjà une belle petite victoire en sa direction. « Une goutte de justice dans un conflit marqué par l’impunité généralisée », lit-on sur Mediapart. Mais il faut bien commencer par une goutte pour remplir l’océan.